La présidence Macron

La baisse des emplois aidés "votée par le gouvernement précédent" : Castaner a-t-il raison ?

Publié le 1 septembre 2017 à 13h43
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Source : Sujet JT LCI

FACT-CHECKING - Invité de LCI vendredi matin, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, est revenu sur la polémique relative à la baisse des emplois aidés qui impacte les collectivités et les associations en cette rentrée 2017, au point de menacer la rentrée scolaire dans certaines écoles. Le ministre indique que cette baisse était prévue sous le précédent gouvernement. LCI fait le point.

C'est l'une des polémiques de la rentrée. Associations et élus locaux se mobilisent contre la fin brutale de plusieurs dizaines de milliers de contrats de travail aidés, impactant directement la rentrée scolaire 2017. La contestation, qui vise le gouvernement d'Edouard Philippe, comprend des maires de droite, des écologistes qui déposaient vendredi matin un recours au Conseil d'Etat, ainsi que des responsables de l'ancienne majorité de François Hollande. Le Parti socialiste s'est même fendu d'un communiqué accusant l'exécutif d'avoir pris, en ne renouvellant pas ces crédits, "une décision inacceptable et surtout intenable tant elle va dégrader la cohésion nationale". 

Une nouvelle coupe franche imputable au seul gouvernement Philippe ? Pas si sûr. Invité de LCI, vendredi matin, Christophe Castaner a d'ailleurs amorcé, tardivement, la riposte. Voici ce qu'il a expliqué : 

La loi de finances votée par le gouvernement précédent en décembre 2016 prévoyait 280.000 emplois aidés [...] Nous savions tous qu'il y avait moins d'emplois aidés cette année

Christophe Castaner

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Qu'en est-il ?

Christophe Castaner était plutôt bien placé pour commenter ces chiffres, puisqu'il était à l'époque... député PS et rapporteur spécial de la commission des finances. Il s'était même ému, au sein de cette commission, du coup de rabot porté aux emplois aidés dans le secteur marchand. 

La loi de finances pour 2017, votée effectivement par l'ancienne majorité de gauche, avait décidé de "sanctuarisé" un budget de 2.4 milliards d'euros pour les contrats de travail aidés. Cela représentait au total 280.000 nouveaux contrats pour 2017, comprenant les contrats d'accompagnement dans l'emploi (CUI-CAE), les contrats initiative emplois (CIE) et les emplois d'avenir (EAV) instaurés par François Hollande. En réalité, la loi de finances 2017 amorçait déjà, comme l'indique Christophe Castaner, une baisse du nombre de nouveaux emplois aidés. Comme le montre ce rapport du Sénat, la baisse est continue depuis trois ans : on est passé de 351.000 nouveaux emplois pour 2015 à 298.000 pour 2016, puis 280.000 pour 2017.  

2/3 des crédits épuisés avant les élections

Outre cette diminution, les choix du gouvernement de Bernard Cazeneuve dans les mois qui ont précédé les élections laissait nettement anticiper une diminution des emplois en cette fin d'année 2017. Selon une note adressée à l'ex-directeur de cabinet de l'ancienne ministre du Travail Myriam El Khomri, dévoilée en mai par Le Monde, le gouvernement précédent anticipait déjà une chute de 120.000 emplois aidés pour les six derniers mois de 2017, soit l'arrivée de 62.000 personnes à Pôle Emploi. 

Pourquoi ? Parce que l'ex-gouvernement avait en effet déjà consommé près des deux tiers des crédits alloués pour 2017 aux emplois aidés avant les élections... La pratique est classique : en 2012, Nicolas Sarkozy, qui avait eu largement recours aux emplois aidés face à la crise, avait fait budgéter lui aussi deux tiers des crédits dédiés avant les élections

Face à la pénurie programmée, le gouvernement d'Edouard Philippe n'a donc pas sabré dans le budget 2017, mais au contraire, autorisé une rallonge pour en atténuer les effets, notamment lors de cette rentrée scolaire. Pour l'an prochain, en revanche, les choses semblent assez limpides : malgré la vive inquiétude exprimée par les élus locaux, l'exécutif devrait assumer la poursuite de la baisse drastique des emplois aidés. Et cette fois, personne ne pourra accuser l'ancien gouvernement de gauche.


Vincent MICHELON

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