Une policière poignardée à La Chapelle-sur-Erdre

La Chapelle-sur-Erdre : Bardella et Abad réclament "des peines du sûreté", Bayou déplore le manque "d'aumôniers musulmans"

par Vincent KRANEN
Publié le 29 mai 2021 à 12h51, mis à jour le 29 mai 2021 à 20h21
JT Perso

Source : JT 13h WE

DÉTENTION - Après l'agression vendredi au couteau d'une policière municipale par un homme décrit comme "schizophrène" et "radicalisé", plusieurs personnalités politiques réclament l'instauration de peines de sûreté même quand un détenu a purgé sa peine.

Peut-on prolonger l'incarcération d'un détenu qui, pourtant, a purgé sa peine ?Au lendemain de l'attaque d'une policière municipale près de Nantes c'est ce que réclament plusieurs personnalités politiques à droite et à l'extrême-droite. Le numéro deux du Rassemblement National (RN) Jordan Bardella et le président du groupe Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale Damien Abad ont plaidé, samedi, pour rouvrir le débat sur des peines de sûreté pour maintenir en détention des détenus supposés dangereux, y compris après la fin de leurs peines.

"Il faut voir le débat sur la rétention de sûreté" pour que "quand vous avez fini votre peine, on étudie votre dossier médical et les faits pour lesquels vous avez été condamné, et on estime si oui ou non vous présentez un risque pour la société et autrui", a assuré le député européen RN Jordan Bardella, sur CNews. Celui-ci est aussi candidat du RN aux élections régionales en Île-de-France des 20 et 27 juin prochain.

Radicalisation et psychiatrie

"Quand vous êtes fiché pour radicalisation et suivi en tant que schizophrène lourd, votre place n'est pas d'être remis en liberté avec un suivi ponctuel qui ne protège pas le reste de la société", a également dénoncé Jordan Bardella, en faisant allusion au profil du suspect de l'agression de la Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique). L'homme était un schizophrène fiché pour radicalisation, il a grièvement blessé une policière municipale, vendredi à l'arme blanche, et séquestré une jeune femme avant d'être tué par les gendarmes lors de tirs de riposte.

Réaction de Jordan Bardella à la Chapelle-sur-ErdreSource : TF1 Info

Interrogé depuis Meaux ce samedi sur LCI, le candidat Jordan Bardella a ajouté que, selon lui, "dans n'importe quelle démocratie les démissions de Messieurs Darmanin et Dupond-Moretti seraient déjà sur la table". De son côté, le député Les Républicains Damien Abad a estimé, sur France Inter, que "trop de personnes sortent de prison alors qu'elles continuent d'être radicalisées" avec un suivi, estime-t-il, "largement insuffisant"

"Il faut vraiment mettre en place des peines de sûreté" et "envisager des systèmes de bracelets" car "on ne peut pas passer de la prison à la liberté sans aucune étape intermédiaire", a défendu Damien Abad. Pour lui, "il faut éviter de psychiatriser le terrorisme, certainement il y avait des troubles psychiatriques, mais aussi des éléments de radicalisation et c'est aussi et avant tout là-dessus qu'il faut agir".

La "question taboue" du manque "d'aumôniers musulmans" en prison

Le candidat écologiste aux régionales et numéro un d'EELV Julien Bayou a, lui, estimé qu'il y avait une "question un peu taboue": celle du manque "d'aumôniers musulmans" qui "ne sont même pas rémunérés" alors qu'ils "pourraient peut-être corriger la vision absolument dévoyée de l'Islam que certains et certaines détenus peuvent développer". Il a estimé plus largement qu'il y avait "déjà une réponse pénale" qui est "plutôt sévère, disons appropriée" pour les attaques contre les forces de  l'ordre. Et "ça n'est pas en en l'augmentant,en faisant comme aux États-Unis ‘des live sentences’, avec des double ou triple perpétuité que ça va changer quoi que ce soit à la situation de détresse des policiers", a-t-il déclaré sur  France Inter.

Pour lui, "quand les ministres où l'extrême droite parlent réponse pénale, c'est une manière déguisée d'accabler la justice qui est déjà par ailleurs en profond manque de moyens" et "c'est une tromperie, une arnaque" vis-à-vis des policiers qui "manquent cruellement de moyens" aussi. "Les personnes qui parle de démarche sécuritaire depuis des décennies, sont  les mêmes qui ont réduit le nombre de policiers: c'est Nicolas Sarkozy, c'est Valérie Pécresse quand elle était ministre du Budget qui ont entériné cette folie finalement très dogmatique du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux", a-t-il dénoncé.

Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre sur la policière municipale et les gendarmes ainsi que pour séquestration d'une jeune femme, a annoncé vendredi soir Pierre Sennès, le procureur de la République de Nantes lors d'une conférence de presse. Une qualification pénale "en lien avec le terrorisme" pourrait toutefois être retenue au gré de l'avancement de l'enquête, le parquet national antiterroriste ne s'est pas encore saisi de l'affaire.


Vincent KRANEN

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