Lampedusa face à un afflux massif de migrants

La France accueillera des "réfugiés" mais pas de "migrants" ? Cette distinction subtile opérée par Darmanin

Publié le 20 septembre 2023 à 14h10, mis à jour le 20 septembre 2023 à 14h18

Source : JT 20h Semaine

Sur le plateau de TF1, le ministre de l'Intérieur a répété ce mardi que la France n'accueillerait "pas de migrants" venus de Lampedusa.
Un discours de fermeté que Gérald Darmanin a nuancé, évoquant l'accueil d'éventuels "réfugiés".
Quelle différence de sens entre les mots "migrant" et "réfugié" ?

Sur le plateau de TF1 ce mardi 19 septembre, Gérald Darmanin a évoqué la vague migratoire qui touche l'île de Lampedusa, aux portes de l'Europe. L'occasion pour le ministre de l'Intérieur de couper court aux critiques venues de la droite et de l'extrême droite, en assénant que "la France n'accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa". Une "position de fermeté", selon sa propre expression.

Crise migratoire : l'interview de Gérald DarmaninSource : JT 20h Semaine

Interrogé dans la foulée sur le cas de "ceux qui sont des demandeurs d'asile dont la demande pourrait être acceptée", la réponse du ministre est tout autre. "Bien sûr, s’il y a des réfugiés politiques, ils seront accueillis", tempère-t-il

Deux termes "aux significations distinctes"

Il existe en effet une différence "importante" entre migrants et réfugiés, comme le relève l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), puisque ces deux termes possèdent "des significations distinctes et différentes".

Concernant les "migrants" qui ne seront "pas accueillis" en France. Ce terme ne possède aujourd'hui pas de définition juridiquement reconnue. Le dictionnaire Larousse évoque le "déplacement volontaire d'individus ou de populations d'un pays dans un autre ou d'une région dans une autre, pour des raisons économiques, politiques ou culturelles". Une définition similaire à celle des Nations Unies, qui le désigne comme "toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant plus d'une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires, du mouvement, et quels que soient les moyens, réguliers ou irréguliers, utilisés pour migrer". En somme, les migrants choisissent de quitter leur pays non pas en raison d'une menace directe de persécution ou de mort, mais surtout afin d'améliorer leur vie. Soit pour trouver du travail, soit pour des motifs d'éducation ou de regroupement familial. 

A contrario, le terme "réfugié" est encadré par une législation internationale. La Convention de Genève relative au statut de réfugié, signée en 1951 et ratifiée par 145 États membres des Nations unies, est non seulement la pierre angulaire de la notion de réfugié, mais aussi le texte juridique qui permet de les protéger. Ce terme s'applique à toute personne qui, "craignant d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays". En somme, les réfugiés "sont des personnes qui fuient des conflits armés ou la persécution", résume le Haut Commissariat aux réfugiés. "Leur situation est périlleuse et intolérable au point qu'ils traversent des frontières nationales afin de trouver la sécurité dans des pays voisins."

En Europe, le système de délivrance est propre à chaque État membre, bien qu'un projet d'harmonisation soit en cours de discussion au Parlement européen pour "supprimer les facteurs d'attraction ainsi que les mouvements secondaires". Pour l'heure, en France, c'est l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui accorde le statut de réfugié. Ce dernier peut également être retiré si la situation dans le pays d'origine a changé. 

En résumé, il est important de faire la distinction entre les deux notions, notamment pour les gouvernements. Car si les États gèrent les réfugiés en vertu des normes internationales, la question des migrants relève "de leurs propres lois et procédures en matière d'immigration", comme le souligne l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. La France accueillera donc bel et bien des migrants de Lampedusa si, parmi eux, certains obtiennent le statut de "réfugié". 


Felicia SIDERIS

Tout
TF1 Info