Jean-François Carenco a été nommé ministre chargé des Outre-mer sous la tutelle du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.Mais le choix d'élargir l'Intérieur aux Outre-mer n'est pas bien vu par une partie des élus ultramarins, qui regrettent un amalgame entre la question sécuritaire et la gestion du quotidien dans les territoires hors métropole.
C'est une première depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy : le portefeuille de l'Outre-mer est placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. Lundi à l'annonce du gouvernement Borne II, le communiqué de l'Élysée indiquait en effet que Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, était placé sous l'égide de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur. Alors qu'avant lui Yaël Braun-Pivet, l'éphémère ministre des Outre-mer élue à la présidence de l'Assemblée nationale, disposait d'un ministère à part entière. Un mauvais signal pour de nombreux élus ultramarins.
Toutes étiquettes confondues, ils reprochent un amalgame entre la question sécuritaire et la gestion du quotidien des deux millions de Français vivant hors métropole. Pour le député réunionnais (LFI) Perceval Gaillard, "c'est comme si l'on cantonnait la Réunion à des problèmes de sécurité". Ce changement renvoie "un mauvais signal" selon Olivier Serva, député (DVD) de la Réunion, qui voit un message "sécuritaire" dans ce rattachement à Beauvau plutôt qu'à la Première ministre.
Davy Rimane, député guyanais soutenu par la France insoumise, s'est ému dans un tweet du "symbole du mépris, du manque de considération et de cette vision répressive et coloniale de la gestion des dossiers des Outre-mer".
Le placement du ministère sous la délégation de Gérald Darmanin est vécu comme une "punition électorale", selon le tweet de Victorin Lurel, ex-ministre des Outre-mer sous François Hollande (2012-2014) alors que l'Outre-mer a majoritairement placé en tête Jean-Luc Mélenchon puis Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle. "D'abord l'Ordre, le reste, on avisera", a ironisé le sénateur (PS) de la Guadeloupe.
Jean-François Carenco est tout à fait capé pour être ministre des #OM . Mais sa nomination à la tête d’un ministère délégué auprès de l’Intérieur est une régression pour les #OM pr cause de punition électorale. Le message envoyé : d’abord l’Ordre, le reste on avisera. — Victorin LUREL (@VictorinLurel) July 4, 2022
Du "mépris" pour "une France de seconde zone"
Sur fond de crise économique, sanitaire et sociale amplifiée par la défiance envers le vaccin anti-Covid, les élus pointent un "mépris" des Outre-mer de la part du gouvernement. "Les territoires ultramarins méritent tellement mieux que d’être considérés comme une 'France de seconde zone'", regrette auprès de l'AFP la députée (DVD) de la Réunion Nathalie Bassire. Elie Califer, député de la 4e circonscription de Guadeloupe a estimé dans un communiqué qu'il s'agissait d'une "erreur d'appréciation politique grave".
Alors que Gérald Darmanin et Jean-François Carenco se rendront en Nouvelle-Calédonie le 26 juillet pour relancer le dialogue à l'heure des négociations sur le futur statut de l'archipel océanien, les élus locaux sont apparus partagés, les indépendantistes y voyant une "mise sous tutelle", les loyalistes de l'attentisme.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- InternationalHaut-Karabakh : l'enclave au centre des tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique