COMMUNICATION - Emmanuel Macron donne dimanche soir un entretien d'une heure à TF1 et LCI depuis son bureau élyséen. Il s'agira de sa première grande interview télévisée depuis son élection en mai dernier. Pourquoi le chef de l'Etat sort-il de son silence maintenant, alors qu'il avait fait le choix de rester à l'écart des médias et avait évité les entretiens télévisés depuis son élection ?
Le président "jupitérien", qui se tient loin des médias et des journalistes, est-ce bientôt fini ? Ce dimanche 15 octobre à 20h05, le président de la République Emmanuel Macron répondra en direct sur TF1 et LCI aux questions de Gilles Bouleau, Anne-Claire Coudray et David Pujadas. Il s'agit-là de son premier entretien télévisé en tant que président. Car depuis son arrivée à l'Elysée, Emmanuel Macron a pris soin de se tenir à l'écart de la presse, et a évité les interviews télé.
En effet, depuis le 7 mai dernier, Emmanuel Macron verrouille sa communication et s’exprime peu. Pour s’adresser aux Français ou rendre compte de son action, il a souvent évité de passer par les médias traditionnels et préféré l’expression directe sur internet, via ses propres réseaux sociaux. Cet été, le président avait notamment boycotté la traditionnelle interview du 14 Juillet, et donné seulement deux entretiens : l’un à huit journaux français et européens (Le Figaro pour la France), centrée sur ses projets de réforme de l’Europe, l’autre à Ouest-France et aux douze quotidiens allemands du groupe Funke.
Mais le président et son équipe de communication ont décidé de revoir un peu leur stratégie de communication à la fin de l'été, après la lourde chute d'Emmanuel Macron dans les sondages. Il s’exprime davantage, et a accordé fin août une interview fleuve de plus de 20 pages au magazine Le Point. Le 19 septembre, pendant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, il avait aussi accordé un entretien d’une vingtaine de minutes à CNN international.
Ce samedi 14 octobre, à la veille du Grand Entretien sur TF1 et LCI, le président fait la Une du journal allemand Der Spiegel. Il y assume notamment son choix de rester peu bavard dans les médias : "Pour un président, être constamment en train de parler avec des journalistes, être constamment entouré de journalistes, n’a rien à voir avec le fait d’être proche du peuple."
Un moment charnière pour le gouvernement
Pour expliquer la décision du président de s'exprimer sur TF1 et LCI dimanche soir, l'Elysée a expliqué : "Nous considérons que c’est un moment opportun pour expliquer son action devant les Français, car c’est un espace charnière : un chapitre se ferme (ordonnances) et un autre s’ouvre (apprentissage, formation, assurance chômage)." Sur LCI, Christophe Castaner a lui aussi expliqué que le président avait choisi de s'exprimer lors d'un "moment de pédagogie nécessaire". "Nous sommes notamment sur la réforme en profondeur du travail sur une étape charnière : il y a eu les ordonnances qui sont aujourd’hui derrière nous, il y a l’ouverture de grand chantier de la formation, de l’apprentissage, de l’universalité des allocations chômage" a expliqué le porte-parole du gouvernement. "Emmanuel Macron ne s’est jamais rien interdit dans sa communication. Il a juste évité une présidence bavarde, il a voulu une présidence d’action. Il y a des moments où il doit aussi échanger avec les Français dans des formes plus traditionnelles, et celle d’un 20 heures lui a paru la bonne" a ajouté celui qui est également secrétaire d'Etat des Relations avec le Parlement.
Effectivement, dimanche soir, Emmanuel Macron devra faire un gros effort de pédagogie pour expliquer aux Français les réformes passées, dont certaines font encore grincer des dents comme la réforme du Code du travail et la suppression de l'ISF, et expliciter ce qu'il compte faire à l'avenir. Alors que le gouvernement a ouvert ces derniers jours le deuxième grand chantier du quinquennat - la réforme de la formation professionnelle et de l'assurance chômage -, le président cherchera à fédérer les Français autour de ses projets et à s'assurer de leur soutien. Il lui faudra aussi faire oublier ses déclarations polémiques, et éloigner les mots "fainéants" et "bordel" qui ont fait du mal à son image.
Un exercice risqué
Cet exercice de communication n'est pas sans risque pour le président de la République. Selon le spécialiste en communication politique et professeur à Sciences-Po Philippe Moreau Chevrolet, "le risque que court Macron en venant au 20 heures dimanche c’est de se banaliser d’une part, c’est-à-dire qu’on se dise ‘il est comme les autres’ parce que c’est vrai que l’exercice est déjà très connu et un peu éculé. Le deuxième risque, c’est que il ne connecte pas avec les Français."
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