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Le Japon accueille-t-il seulement une quarantaine de réfugiés par an ?

Publié le 2 avril 2022 à 19h08
Le Japon se montre très ferme en matière d'immigration, et ce depuis de longues années.

Le Japon se montre très ferme en matière d'immigration, et ce depuis de longues années.

Source : Illustration Jezael Melgoza via Unsplash

Eric Zemmour prend plusieurs pays en exemple lorsqu'il évoque les politiques migratoires.
Le Japon l'inspire particulièrement, puisqu'il accueillerait "environ 40 réfugiés" par an.
Ces chiffres surprenants sont bien réels, mais il est difficile de comparer la situation japonaise avec celles observées dans les pays européens.

Partisan d'une immigration zéro en France, Eric Zemmour n'hésite pas dans ses interventions à vanter des mesures prises dans d'autres pays. Outre la politique migratoire du Danemark ou de la Suisse, l'ancien journaliste a évoqué sur RTL l'exemple du Japon, où l'on enregistre "environ une quarantaine" de demandes d'asile acceptées par an. Un chiffre surprenant au premier abord et corroboré par les données des autorités nippones.

Une politique parmi les plus restrictives au monde

D'où qu'ils viennent, les étrangers qui cherchent à se réfugier au Japon et qui demandent l'asile se trouvent le plus souvent face à un mur. Ce statut n'est en effet octroyé qu'avec une grande parcimonie dans l'archipel, comme en témoignent les chiffres publiés par le ministère de la Justice.

On observe que depuis 2010, le demandes d'asile acceptées oscillent entre 6 et 47, les demandes variant elles aussi d'une année à l'autre. Marquée par le Covid-19, 2020 a vu le nombre de demandes être divisé par près de 3. Les procédures complexes n'expliquent pas à elles seules de tels chiffres. Les autorités mettent en effet de longs mois, parfois plusieurs années (notamment en cas d'appel des décisions), des délais compliqués à gérer pour les demandeurs d'asile, qui doivent tenter d'assurer leur subsistance dans l'attente d'un verdict sans bénéficier d'un soutien spécifique de l'État japonais.

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"Bien souvent, les demandeurs d'asile décrivent les conditions dans leurs pays d'origine ou des événements dont ils ont été victimes, mais ces situations sont assez mal connues au Japon", expliquait à la chaîne Al Jazeera Dirk Hebecker, représentant du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) au Japon, une instance dépendant des Nations unies. Il ajoute que des minorités persécutées, à l'instar des Rohingyas, ne font pas l'objet d'une reconnaissance officielle. Dès lors, les autorités estiment illégitimes les demandes de protection émanant de membres de ces communautés.

Alors que le Japon subit une crise démographique et un vieillissement majeur de sa population, le pouvoir japonais se refuse à toute inflexion sur sa politique migratoire. Le sort des personnes en situation irrégulière fait par ailleurs l'objet de critiques, notamment après le décès d'une jeune femme de 33 ans l'été dernier. Placée en détention après l'expiration de son visa, cette Sri Lankaise avait demandé à voir des médecins en raison de son état de santé. Des demandes refusées à plusieurs reprises, jusqu'au jour où elle a été retrouvée morte, seule dans sa cellule. 

Si le New York Times estime que cet épisode tragique "a suscité une réflexion nationale au Japon, pays affiche une longue hostilité historique envers l'immigration", des observateurs font remarquer que l'archipel constitue en parallèle l'un des plus gros contributeurs mondiaux au HCR. Un "humanitarisme de chéquier", commentent les plus critiques. Les autorités, quant à elles, assument leurs positions et rappellent que la situation dans le pays est difficilement comparable avec celle vécu en Europe, en raison notamment de l'insularité. Les migrations massives connues en Europe suite à plusieurs conflits tels que la Syrie ou la Libye n'ont en effet eus que peu d'impact sur les arrivées de réfugiés au Japon.

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Thomas DESZPOT

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