Elections présidentielles

Gérald Darmanin met en garde son camp contre une victoire "assez probable" de Marine Le Pen en 2027

par M.L (avec AFP)
Publié le 25 août 2023 à 8h40, mis à jour le 25 août 2023 à 9h30

Source : TF1 Info

Dans un entretien jeudi, le ministre de l'Intérieur alerte sur une victoire possible de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle, si la majorité ne s'empare pas de "la question sociale".
Face à la concurrente du RN, "il ne nous faudra qu'une ou un candidat", a-t-il plaidé, à quelques jours de sa première rentrée politique.
Depuis quelques semaines, Gérald Darmanin ne cache plus ses ambitions pour 2027.

"La marmite sociale bout" : dans un entretien donné jeudi 24 août à La Voix du Nord, Gérald Darmanin estime qu'une victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2027 est "assez probable" si la majorité "laisse filer une majorité des classes populaires et moyennes" chez la leader du RN et finaliste malheureuse de l'élection 2022. 

Cette interview du locataire de la place Beauvau survient quelques jours avant la première rentrée politique du ministre de l'Intérieur, organisée dimanche dans son fief électoral de Tourcoing, dans le Nord, et consacrée aux "classes populaires". Plusieurs ministres, des dizaines de parlementaires et un millier de sympathisants sont annoncés, alors que le patron de la place Beauvau, à nouveau conforté par Emmanuel Macron lors du dernier remaniement, ne cache plus ses ambitions pour la prochaine présidentielle, à laquelle le chef de l'État ne pourra plus se présenter.

"Le fait est que dans cinq ans, une victoire de Madame Le Pen est assez probable. Face à cela, il ne nous faudra qu'une ou un candidat", juge ainsi Gérald Darmanin, dans les colonnes du quotidien régional, laissant entendre qu'il pourrait prendre cette place, sans avancer explicitement son nom. "Et que nous ne nous fondions pas seulement sur les gagnants de la mondialisation et les élus des centres-villes, car ça ne fait pas 51% des voix", préconise-t-il aussi. "Si on laisse filer une majorité des classes populaires et moyennes chez Marine Le Pen, les cadres sup ne nous emmèneront pas au second tour", insiste le ministre.

"La question sociale est essentielle"

"Dimanche, je dirai que la question sociale est essentielle. C'est ça qui ferait élire Marine Le Pen en 2027, pas la question migratoire. En 2007, rappelons-nous, Nicolas Sarkozy n'est pas élu sur l'identité nationale, mais sur la question du travail. Il faut donc que nous nous y attaquions", plaide aussi le ministre. Et de détailler "quelques idées sur ce qu'attendent les classes populaires" : "un retour de l'autorité à l'école et dans la rue, davantage de fermeté de la justice et des forces de l'ordre", mais aussi "pouvoir vivre du fruit de leur travail"

L'ex-dirigeant des Républicains (LR), rallié à Emmanuel Macron dès 2017, "plaide par exemple pour le décalage de la baisse des impôts de production des entreprises", et souhaite qu'"une partie" d'entre elles fasse des "efforts" sur les salaires. Il veut également se "préoccuper d'un prolétariat nouveau constitué par toutes ces familles monoparentales qui ne s'en sortent pas", quitte à critiquer une récente réforme phare de l'exécutif : "ce qui n'allait pas dans la réforme des retraites, c'est qu'on leur demandait en effet de travailler plus dans les conditions actuelles", estime-t-il. 

Le ministre de l'Intérieur s'est dit d'ailleurs "parfois frustré" de ne pouvoir exposer son "avis politique". "Je l'ai dit au président, il faut laisser les sensibilités s’exprimer. Je n'ai pas la même que Bruno Le Maire, ça ne m'empêche pas d'apprécier d’être au gouvernement avec lui", défend-il, assurant toutefois avoir "obtenu du président que je puisse davantage exprimer ma sensibilité dimanche", lors de sa rentrée politique. 

Des ambitions de plus en plus explicites

Ce n'est pas la première fois que le ministre de l'Intérieur veut tracer son cap, lorgnant de plus en plus vers la prochaine présidentielle. Dès la mi-août, il avait déjà lancé la course à la succession d'Emmanuel Macron, en déclarant au Figaro que "ce qui m’inquiète maintenant, c’est ce qui se passera en 2027", et assurant qu'il y aurait "évidemment" une "suite" à sa réunion de Tourcoing ce week-end. 

Si ces aspirations sont soutenues par l'ancien président Nicolas Sarkozy, au sein même de la famille politique des macronistes, certains se montrent bien plus réservés. "2027, c'est bien loin", avait rétorqué mercredi la Première ministre Elisabeth Borne, appelant plutôt à veiller à "la cohésion du gouvernement, l'efficacité de l'action du gouvernement". Stéphane Séjourné, patron du parti présidentiel Renaissance, a aussi voulu calmer les ardeurs de Gérald Darmanin, jugeant jeudi dans les colonnes du Parisien que "les idées doivent passer avant les égos" et que "l'action doit d'abord primer sur les ambitions".


M.L (avec AFP)

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