POLITIQUE - Le rapport de Frédéric Thiriez remis ce mardi au Premier ministre propose de remplacer l'ENA par une "École d'administration publique" dédiée à la formation de tous les hauts fonctionnaires.
Le "big bang" attendu n'a pas eu lieu. Si l'ENA (École nationale d'administration) doit bien disparaître comme l'avait annoncé Emmanuel Macron le 25 avril dernier, le principe d'une formation spécifique pour la haute fonction publique est maintenu dans le rapport qu'à remis officiellement Frédéric Thiriez au Premier ministre Edouard Philippe ce mardi. Ce document, commandé en avril 2019 par le chef de l'Etat après la crise des Gilets jaunes et à la sortie du Grand Débat national, propose en effet de remplacer l'ENA par une "École d'administration publique" (EAP) dédiée à la formation de tous les hauts fonctionnaires, avec un tronc commun.
Quant au "système des grands corps" auquel le Président souhaitait mettre fin, il serait modifié mais pas supprimé : les fonctionnaires des inspections seraient nommés pour une durée limitée, mais les grands corps juridictionnels (Conseil d'État et Cour des comptes) sont maintenus, leur indépendance étant inscrite dans la Constitution. Le rapport préconise, en outre, un socle commun de six mois géré par sept écoles (administrateurs civils, magistrats, commissaires, pénitentiaire, santé publique, etc.), avec une préparation militaire de trois semaines, l'encadrement de jeunes du service national universel pendant trois autres semaines et enfin un stage de terrain de quatre mois.
Un "concours spécial Égalité des chances"
Dans le détail, après deux semaines d'enseignements communs, les élèves rejoindraient leurs écoles respectives. Et à la sortie, le classement qui permettait de constituer "la botte" des meilleurs élèves intégrant directement les grands corps comme le Conseil d'État, la Cour des Comptes et l'Inspection générale des finances, serait supprimé. L'entrée dans les grands corps ne se ferait plus immédiatement, mais après deux ans dans l'administration de terrain, puis deux ans dans l'institution choisie, avant une éventuelle titularisation quatre ou cinq ans plus tard.
Le rapport note, du reste, que la formation actuelle souffre d'"une diversité très insuffisante, avec une sur-représentation des classes supérieures, une répartition par sexes profondément déséquilibrée et un quasi-monopole parisien pour la préparation aux différents concours". Pour y remédier, le concours de la future EAP ferait une plus grande place à la mixité sociale : une moitié des places serait réservée aux étudiants, l'autre moitié aux professionnels et un "concours spécial Égalité des chances" serait ouvert pour l'accès des plus modestes aux différentes écoles du service public, à hauteur de 10 à 15 % des effectifs. Une vingtaine de nouvelles classes préparatoires "égalité des chances" accueilleraient ainsi des élèves sur des critères sociaux.