Les sénateurs ont adopté mercredi une disposition contestée du projet de loi Justice du gouvernement, qui prévoit d'allumer les micros et caméras de téléphone à distance, dans le cadre d'affaires de terrorisme, de délinquance ou de crime organisé.La gauche avait pourtant tenté de lui couper la route, alors qu'avocats et associations fustigent une "surenchère sécuritaire".
Les caméras et micros des téléphones pourraient bientôt être déclenchés à distance dans certaines enquêtes. Le Sénat a donné mercredi soir son feu vert à cette disposition controversée du projet de loi Justice, malgré l'opposition de la gauche. L'article 3 du texte du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, examiné en première lecture par les sénateurs, apporte ainsi plusieurs modifications à la procédure pénale actuelle.
L'une d'elles cristallise les inquiétudes de la gauche, d'avocats et d'associations. Elle prévoit d'autoriser le déclenchement à distance des ordinateurs et autres appareils connectés, à l’insu des personnes visées, avec deux finalités différentes. D'une part, la géolocalisation en temps réel pour certaines infractions, et d'autre part, l'activation de micros et caméras pour capter son et images, qui serait elle réservée aux affaires de terrorisme, et de délinquance et criminalité organisées.
Le ministre promet des "garanties importantes"
L'Observatoire des libertés et du numérique (OLN) a dénoncé une "surenchère sécuritaire" permettant de transformer tout objet connecté en potentiel "mouchard". La gauche a tenté sans succès de supprimer totalement ou partiellement des dispositions jugées "disproportionnées". C'est "la porte ouverte à une surveillance généralisée", a affirmé l'écologiste Guy Benarroche.
"Ces techniques sont déjà appliquées", a souligné de son côté le ministre, mais elles nécessitent la pose de balises ou de micros et caméras, ce qui comporte des risques pour les enquêteurs. La disposition est "entourée de garanties importantes", a-t-il par ailleurs assuré. Sa mise en œuvre devra en particulier être approuvée par un juge.
Contre l'avis du ministre toutefois, le Sénat a adopté un amendement du chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau qui prévoit de limiter la possibilité de recourir à la géolocalisation aux infractions punies d'au moins dix ans d'emprisonnement, contre cinq ans dans le texte initial. La gauche aurait souhaité aller plus loin, notamment dans la protection explicite des journalistes, au même titre que le seront avocats, magistrats ou parlementaires.
L'article 3 du projet de loi prévoit par ailleurs, entre autres mesures, d'étendre les perquisitions de nuit pour les crimes les plus graves. Le Sénat a encore adopté un amendement du gouvernement permettant de prolonger, sous certaines conditions, les délais de l'enquête préliminaire.
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