ESPIONNAGE- Le logiciel espion Pegasus, dont une enquête internationale a révélé récemment l'usage qu'en font de nombreux États dans le monde, aurait été utilisé par les services marocains pour cibler un des téléphones portables du président de la République française.
C'est une enquête du Monde et de Forbidden Stories qui le révèle ce soir : parmi les milliers de numéros qui ont été soumis au logiciel Pegasus à des fins d'espionnage, figurerait un de ceux du président français. C'est un service dépendant de l'État marocain, friand de ce logiciel pour surveiller journalistes ou opposants, qui aurait introduit le numéro présidentiel dans sa liste de téléphones espionnés.
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Selon ces révélations, c'est en 2019 qu'une série de numéros sont soumis au logiciel : un de ceux du président, un du Premier ministre d'alors Edouard Philippe, ainsi que quatorze appartenant à des membres du gouvernement. Si figurer dans cette liste ne démontre pas que les téléphones correspondants ont effectivement été espionnés, le gouvernement prend l'affaire très au sérieux : "Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves", a ainsi déclaré l'Élysée, assurant que "toute la lumière sera faite".
Portable d' @EmmanuelMacron ciblé? "Si les faits sont avérés c'est très grave" répète l'Elysee. Tout en rappelant qu'on ne sait pas si le téléphone du président a été effectivement piraté ou simplement ciblé. @lci @TF1LeJT — Bastien Augey (@AugeyBastien) July 20, 2021
C'est l'organisation Forbidden Stories et Amnesty International qui ont enquêté sur le logiciel espion Pegasus, développé par la firme israélienne NSO. Ils ont communiqué il y a quelques jours à seize médias une liste de 50.000 numéros, où plusieurs journalistes français ont rapidement reconnu leurs propres numéros. C'est au cours de l'épluchage que celui d'un téléphone d'Emmanuel Macron a été détecté.
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Clients du groupe NSO depuis plusieurs années, les services de sécurité marocains sembleraient être ceux qui ont activé la demande concernant ces numéros du premier cercle du gouvernement français. Déterminer si l'espionnage a été effectif repose sur une procédure complexe qui nécessite de disposer des appareils ciblés.
D'après Laurent Richard, le directeur de Forbidden Stories interviewé sur LCI, "presque à chaque fois qu'on a pu inspecter un téléphone ciblé, quand les personnes n'avaient pas encore changé de téléphone, on a trouvé des traces d'infection qui nous remontent jusqu'à la société Pegasus et nous indiquent aussi d'où vient l'attaque."
D'après un conseiller présidentiel contacté par LCI, les téléphones cellulaires du président sont régulièrement changés selon un protocole auquel, ajoute-t-il sous couvert de l'anonymat, le président se prêterait avec sérieux.