Législatives : le ton monte entre le RN et Reconquête!, surtout en région Paca

par Maëlane LOAËC
Publié le 31 mai 2022 à 13h57

Source : Le 9h/12h

Marine Le Pen a décliné la proposition d'Eric Zemmour de s'unir en vue des législatives.
L'ancien polémiste reproche au parti de la finaliste à la présidentielle de faire campagne contre Reconquête!.
La région Provence-Alpes-Côtes d'Azur, où il est candidat, concentre les dissensions entre les deux partis.

Après la main tendue, le bras de fer. À peine Marine Le Pen avait-elle échoué au second tour de l'élection présidentielle, avec 41,45% des voix, que son ancien adversaire au scrutin Eric Zemmour lui proposait une "union des droites et des patriotes" en vue des législatives. Une offre refusée par le Rassemblement National, qui maintient ses prétendants à l'Hémicycle face à ceux de Reconquête!. À 13 jours du premier tour de l'élection des parlementaires, le ton se fait de plus en plus offensif entre les deux partis rivaux, une hostilité aussi forte que lors de la campagne présidentielle. 

Jeudi dernier, Marine Le Pen avait enjoint Reconquête! à "accepter son autonomie", accusant Eric Zemmour de lui avoir fait manquer la marche de l'Élysée en se présentant lui-même à la présidentielle, et d'avoir ainsi "affaibli le camp national". Un scénario qu'elle craint de voir se répéter pour les législatives : "Si, dans un certain nombre de circonscriptions, nous n'arrivons pas en tête, ce sera également le fait (des) candidats (de Reconquête!), alors qu'ils savent pertinemment qu'ils n'auront pas d'élus", a jugé celle qui se présente à sa réélection dans le Pas-de-Calais et veut incarner l'opposition à Emmanuel Macron. 

Ces tensions locales entre candidats rivaux se cristallisent en particulier en Provence-Alpes-Côtes d'Azur où la bataille entre les deux partis fait rage. Une région pourtant prometteuse pour le RN, qui a figuré en tête dans 24 de ses 42 circonscriptions au second tour de la présidentielle, même si paradoxalement le parti n'y a remporté qu'un seul siège de député au scrutin majoritaire, celui de Marion Maréchal en 2012. 

"Marine Le Pen n'a qu'un adversaire, c'est Reconquête!"

Vendredi, le président par intérim du RN Jordan Bardella s'est rendu dans le Var pour y soutenir Philippe Liottaux, candidat adversaire à Eric Zemmour dans la 4e circonscription, où l'ancien polémiste a signé un de ses meilleurs scores à l'élection présidentielle (14,7%). Marion Maréchal, vice-présidente exécutive de Reconquête! depuis la présidentielle, n'a pas tardé à accuser sur Twitter le RN de faire délibérément campagne contre des candidats de son parti, plutôt que contre ceux de la majorité. "Nous n’avons décidément pas les mêmes priorités", avait tancé la transfuge du RN.

"On voit que l'adversaire privilégié du Rassemblement national (RN) est bien Reconquête!, au moins les choses sont claires" et ce choix relève d'une "stratégie délibérée", a réagi de son côté Eric Zemmour le lendemain, lors d'une réunion publique dans le Vaucluse pour soutenir son candidat local, Stanislas Rigault, le président de la fraction jeunesse du mouvement, Génération Z, dont Marion Maréchal est la suppléante. 

Taclant aussi au passage les Républicains, il a dit regretter que la droite parte "divisée" aux législatives, malgré la menace de voir selon lui la Nupes emmenée par l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon se hisser au rang de "principale force d'opposition". "Il y a deux stratégies. Celle de Jean-Luc Mélenchon, qui a rassemblé toute la gauche et qui va permettre à la gauche autour de lui, rassemblée à ses conditions, de faire un très bon résultat, d'avoir 150 députés. Et puis, il y a la stratégie de Marine Le Pen. Elle n'a qu'un adversaire, manifestement, c'est Reconquête!", a-t-il encore appuyé lundi sur Europe 1. 

"Eric Zemmour n’est pas Dieu, quand il arrive quelque part, la mer ne s’ouvre pas. Il peut y avoir d’autres personnes", a répondu mardi Jordan Bardella sur France Inter, après des propos déjà martelés en ce sens dimanche. Il a reproché à l'ancien polémiste de "passer l’intégralité de sa campagne électorale à se lamenter, à chouiner", ajoutant que "la stratégie d'Eric Zemmour est une impasse" et que "les candidats de Reconquête! ne passeront le second tour nulle part"

À Nice, des échanges de maillots surprenants

La circonscription à laquelle prétend Eric Zemmour n'est pas le seul point de crispation entre les deux partis en Paca. À Nice, un match déroutant s'est installé et témoigne d'une rapide recomposition du paysage politique local. Philippe Vardon, ex-militant identitaire passé dans les rangs de Reconquête! faute d'investiture RN, affronte dans la troisième circonscription des Alpes-Maritimes Benoît Kandel, ex-colonel de gendarmerie et ancien responsable du parti d'Eric Zemmour finalement investi par le RN. 

"J'ai dit au RN qu'il fallait faire l'union, avec une spécificité des Alpes-Maritimes où Eric Zemmour a réalisé à la présidentielle le double de son résultat national", à savoir 13,99% contre 7,07% à l'échelle nationale, a expliqué à l'AFP Philippe Vardon, conseiller municipal et régional. Mais "en guise de réponse, on m'a écarté". Ces rapides changements de maillots, en l'espace de quelques mois, pourraient-ils dérouter les électeurs et porter préjudice aux deux forces politiques ? "Moi je suis resté à droite, ce sont les partis qui ont changé", s'est défendu de son côté Benoît Kandel.


Maëlane LOAËC

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