Élection présidentielle 2022

Les dates de la présidentielle 2022 vont-elles favoriser l'abstention, comme le craint Marine Le Pen ?

Publié le 23 juin 2021 à 14h20
Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National.

Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National.

Source : AFP

CALENDRIER - Alors que l'exécutif envisage d'organiser les deux tours de l'élection présidentielle les 10 et 24 avril 2022, Marine Le Pen l'accuse d'avoir choisi ces dates "pour détourner les Français d’une élection essentielle", faisant une corrélation entre vacances scolaires et abstention. A-t-elle raison ?

Le calendrier électoral, unique explication à l'abstention massive ? Si aussi peu de Français sont allés voter au premier tour des élections régionales et départementales, c'est à cause du choix du gouvernement de les déplacer à la fin du mois de juin, estime le Rassemblement national depuis dimanche dernier. Alors ce mercredi, Marine Le Pen a déjà anticipé une abstention massive l'année prochaine pour l'élection présidentielle, que le gouvernement envisage de fixer les 10 et 24 avril 2022, plutôt que les 17 avril et 1er mai. 

"Ils disent 'le dimanche qui suit, c’est le dimanche 1er mai'. Et alors ? Au contraire, merveilleux ! Le dimanche 1er, les gens ne travaillent pas, ils vont pouvoir aller voter", a-t-elle estimé sur France Inter ce mercredi. "Non, là on met le premier tour le jour où la région PACA et la région Hauts-de-France sont en vacances et, le deuxième dimanche, tout le monde sera en vacances. Est-ce que vous croyez très honnêtement que c’est susceptible de mobiliser les électeurs que de positionner un second tour de l’élection présidentielle au moment où la France entière est en vacances ? Je pense qu’il faut changer ces dates, je pense que ces dates ont été choisies pour détourner les Français d’une élection essentielle", a ajouté la présidente du RN.

Une abstention plus faible lorsque les Français sont en vacances ?

Mais ce lien entre vacances et abstention est-il avéré ? Il est déjà arrivé plusieurs fois dans le passé qu'un ou plusieurs tours de l'élection présidentielle tombent pendant des vacances scolaires. En 1995, les deux tours étaient fixés les 23 avril et 7 mai, le premier tombant pendant les vacances, le second permettant un week-end de trois jours avec le 8 mai. L'abstention fut respectivement de 21,6% et 20,3%. Des taux certes plus élevés qu'en 1988 et 1981, où les scrutins n'interféraient pas pendant les vacances, mais plus faibles qu'en 2002, alors que deux zones seulement étaient en vacances le 21 avril, contre trois le 23 avril 1995. En effet cette année-là, l'abstention atteignit 28,4% au premier tour, et 20,29% au second. 

En 2007, deux zones étaient également en vacances au premier tour. Or, l'abstention fut parmi les plus faibles : 16,23% le 22 avril et 16,03% le 6 mai. Enfin en 2012, le premier tour a eu lieu alors que toutes les zones étaient en congés. Et ce 22 avril 2012, le taux d'abstention fut de 20,52%. Pour rappel, le 23 avril 2017 pour le premier tour de l'élection présidentielle, l'abstention avait été de 22,23%. Là encore, deux zones étaient en vacances scolaires.

Confirmation le 30 juin

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Le choix des dates des élections présidentielles est régi par l'article 7 de la Constitution. Ce dernier précise que "l'élection du nouveau président a lieu vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus avant l'expiration des pouvoirs du président en exercice". Ce qui en 2022 ne laisse que deux options à l'exécutif : les 10 et 24 avril ou le 17 avril et le 1er mai. Or, selon le ministère de l'Intérieur, le second choix "comporte de nombreux inconvénients" puisque "deux zones sont en vacances pour le premier et le second tour", et "le second tour se tiendrait durant un jour férié au cours duquel des manifestations sont traditionnellement organisées". 

Sur BFMTV ce mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a également plaidé en faveur des 10 et 24 avril, estimant que le second tour peut "difficilement être le 1er ou le 8 mai [des jours fériés, ndlr] pour des raisons évidentes". Les dates seront confirmées le 30 juin prochain en Conseil des ministres.


Justine FAURE

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