Les députés adoptent une proposition de loi réprimant les discriminations fondées sur l'accent

Justine Faure, avec AFP
Publié le 26 novembre 2020 à 18h22
Les députés adoptent une proposition de loi réprimant les discriminations fondées sur l'accent

Source : Bertrand Guay / AFP

GLOTTOPHOBIE - La proposition de loi d'un député de l'Hérault visant à réprimer les discriminations fondées sur l'accent a été adoptée ce jeudi à l'Assemblée nationale.

L'accent, une discrimination comme une autre ? Les députés ont voté pour, ce jeudi 26 novembre. Ils ont largement adopté une proposition de loi réprimant les discriminations fondées sur l'accent, avec le soutien du gouvernement. Le texte adopté en première lecture vise à inscrire l'accent comme une des causes de discriminations réprimées par la loi, au même titre que la race, le sexe ou le handicap.

La proposition portée par le député de l'Hérault Christophe Euzet était étudiée dans le cadre de la niche parlementaire du groupe Agir ensemble, allié de la majorité. Elle entend promouvoir "la diversité de prononciation de la langue française", en "prohibant les 'discriminations par l'accent' que l'on constate factuellement dans les fonctions impliquant, tout particulièrement, une expression publique", selon son exposé des motifs.

"Il s’agit de lutter essentiellement contre la discrimination à l’embauche et dans la promotion dans le travail, et non pas comme j’ai pu le lire d’interdire l’humour", a indiqué Christophe Euzet à la tribune. "À l'heure où les minorités 'visibles' bénéficient de la préoccupation légitime des pouvoirs publics, les minorités 'audibles' sont les grandes oubliées du contrat social fondé sur l’égalité", a-t-il également plaidé.

Un manque de représentation dans les médias

Patricia Mirallès (LaREM), fille de rapatriés d'Afrique du Nord, a exprimé le souvenir douloureux des "moqueries" envers l'accent pied-noir, qu'elle a brièvement repris dans son intervention. D'autres élus ont dénoncé le fait que des journalistes au fort accent soient relégués "à la chronique rugbystique ou au bulletin météo".

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti s'est dit "archi-convaincu" par le texte. "Protéger les uns et les autres ce n’est pas demander la charité. La République se doit de protéger les uns et les autres. Ce  n’est sans doute pas une révolution, mais sur le terrain du principe, il me semble important que personne ne soit discriminé à raison de son accent", a-t-il déclaré. 

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En revanche, le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle a refusé de "demander la charité". "Oui je pense qu’il peut y avoir des obstacles à surmonter. Mais ce dont nous sommes porteur ne mérite-t-il pas qu’on assume ce que nous sommes, que nous portions haut les couleurs ?", a-t-il questionné. "Ce projet de loi est porteur de bonnes intentions parce que tout le monde n’a pas eu la chance que j’ai, je le comprends. Mais je ne demanderai jamais la protection de la République française parce que je suis ce que je suis."

Quant à la députée de l'Hérault Emmanuelle Ménard, elle a jugé "inconvenant" de placer l'accent au même titre que le handicap au titre des motifs de discrimination.


Justine Faure, avec AFP

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