Accorder l'asile en France à Julien Assange ? Les députés disent non

par Vincent KRANEN
Publié le 5 février 2022 à 10h32
Julian Assange est incarcéré au Royaume-Uni depuis 2019, après avoir passé sept années dans l'ambassade d'Équateur à Londres où il s'était réfugié.
Julian Assange est incarcéré au Royaume-Uni depuis 2019, après avoir passé sept années dans l'ambassade d'Équateur à Londres où il s'était réfugié. - Source : Daniel LEAL / AFP

Le fondateur du site d'information Wikileaks incarcéré au Royaume-Uni risque une extradition aux États-Unis, où il encourt une peine de 175 ans de prison en vertu de lois anti-espionnage.
Wikileaks avait publié de dizaines de milliers de documents confidentiels sur les opérations militaires américaines en Afghanistan et en Irak.

"Inviter le gouvernement" à accorder l’asile politique à Julian Assange. La proposition de résolution d'une ancienne députée La République en Marche n'avait pourtant rien de très contraignant pour l'exécutif, son adoption ne l'obligeant pas à obtempérer. Les députés ont préféré repousser, par 31 voix contre 17, ce texte d'incitation à la protection du lanceur d'alerte australien. Ce texte était débattu vendredi dans le cadre d'une journée consacrée au groupe d'opposition Libertés et Territoires.

Malgré le rejet de sa proposition, la députée, auteure du texte, Jennifer De Temmerman, s'est réjouie : "Aujourd’hui est une victoire. Nous redonnons une voix à celui qui n’en a plus".

Les oppositions dénoncent l'attitude de la majorité et du gouvernement

La proposition de résolution a reçu le soutien de candidats à la présidentielle, dont le communiste Fabien Roussel et le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, de députés écologistes, de centristes de l'UDI, d'une socialiste et d'une poignée d'élus de la majorité. "Julian Assange a dénoncé des agissements barbares et des bavures inqualifiables qu’il fallait rendre public", a salué le député communiste Stéphane Peu.

Côté majorité, le député LaREM Jean-François Mbaye a reconnu que "aucun défenseur des droits de l’homme ne saurait supporter une situation si disproportionnée" mais, même si "l'intention est noble", le député du Val-de-Marne a mis en avant les "points litigieux" de la résolution, d'ordre juridique et diplomatique selon lui.

Les députés de La France insoumise ont particulièrement attaqué l'attitude du gouvernement et de la majorité. "Même si vous jugez les États-Unis d'Amérique comme un pays ami, nous devons leur dire que le sort qu'ils ont réservé à Julian Assange est intolérable !", a estimé le député LFI Alexis Corbière. Son collège de La France insoumise François Ruffin a déploré la "lâcheté" française.

L'examen de cette résolution intervenait quelques jours après l'accord entre l'Assemblée et le Sénat autour d'une proposition de loi du député MoDem Sylvain Waserman en faveur d'une meilleure protection des lanceurs d'alerte en France. Côté gouvernemental, le ministre du Commerce extérieur Franck Riester a également jugé problématique le cadre juridique de la proposition de résolution.

Julian Assange est réclamé par la justice américaine, qui l'a inculpé en vertu des lois anti-espionnage. Il encourt 175 ans de prison pour avoir permis la publication de dizaines de milliers de documents confidentiels sur les opérations américaines en Afghanistan et en Irak.


Vincent KRANEN

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