REFORME - Porte-parole du PCF, Ian Brossat s'est élevé contre la réforme de l'assurance chômage, qui va pénaliser selon lui près d'un million de personnes. Une démonstration appuyée par des données officielles, communiquées par l'Unédic.
"Il n'y a pas suffisamment de pauvres dans notre pays ?", s'est interrogé ce samedi Ian Brossat. Le porte-parole du PCF et adjoint à la Maire de Paris en charge du logement a qualifié de "gravissime" la réforme de l'assurance-chômage, qui doit entrer en vigueur à partir du 1er juillet 2021 et aboutira à un nouveau mode de calcul pour les indemnités.
"À partir du 1er juillet, c'est 1 million de chômeurs qui vont voir leur indemnité baisser de 17%" a expliqué l'adjoint d'Anne Hidalgo sur France Info. Il estime que dans le contexte actuel, il s'agit d'une mesure regrettable, susceptible de fragiliser encore davantage des personnes en difficulté. Si Ian Brossat ne décrit pas en détails toutes les implications de la réforme, le chiffre qu'il a fourni est exact, partagé d'ailleurs par l'Unédic dans un rapport officiel.
Réforme de l'assurance-chômage : "C'est quand même gravissime. À partir du 1er juillet c'est 1 million de chômeurs qui vont voir leur indemnité baisser de 17%. Il n'y a pas suffisamment de pauvres dans notre pays ?", s'insurge Ian Brossat pic.twitter.com/778C4s3oWz — franceinfo (@franceinfo) June 5, 2021
Indemniser moins, mais plus longtemps
Retardée par la crise du Covid, la réforme de l'assurance chômage restait sur les rails. Un décret du 30 mars 2021 acte pour le 1er juillet une mesure phare : l'instauration d'un nouveau mode de calcul pour le salaire journalier de référence (SJR). Un élément central puisqu'il sert de base pour fixer le montant de l’allocation chômage des bénéficiaires. "Suite à la publication du décret, l’Unédic a publié une étude d’impact sur les effets estimés" de cette évolution législative, indique le site gouvernemental "Vie Publique".
C'est sur ce document que s'appuie Ian Brossat. L'Unédic écrit dans sa synthèse que "la première année, avec le nouveau mode de calcul du SJR, 1,15 million d'allocataires ouvriront un droit avec une allocation journalière plus faible (de 17 % en moyenne)". À noter : il s'agit de règles qui "s’appliqueront aux nouveaux entrants". Selon les estimations, "dans l'ensemble, 63% des allocataires percevront au total une indemnisation moins élevée et 23% une indemnisation supérieure", résume Vie Publique. Des économies sont à prévoir pour l'État, de l'ordre "de 2,3 milliards d'euros par an".
Si les futurs chômeurs apparaissent lésés par ces évolutions, il faut préciser que le montant des indemnités n'est pas le seul à évoluer au gré de ces changements législatifs. Les nouvelles règles de calcul vont en effet conduire à indemniser moins, mais sur une durée plus longue. Soit 14 mois en moyenne, contre 11 à l'heure actuelle. Notons aussi que les règles fixant l’ouverture des droits, censées être rendue plus difficiles, ont pour l'heure été maintenues à l'identique. La réforme prévoyait initialement un passage de quatre mois minimum travaillés à six, afin de pouvoir prétendre à des indemnités chômage.
Pour expliquer la baisse des montants qui seront perçus par plus d'un million de bénéficiaires, il faut expliquer brièvement le principe le nouveau mode de calcul relatif au CJR, fustigé par Ian Brossat et de nombreux syndicats. Celui-ci "prendra en compte à la fois les jours travaillés et les jours non travaillés durant les 24 mois précédant la dernière fin de contrat de travail", explique l'Unédic. Dès lors, "le salaire journalier de référence reflètera [...] la moyenne des salaires perçus sur la période comprise entre le premier et le dernier jour d’emploi dans les 24 derniers mois."
Vie Publique, en se penchant sur cette évolution, note que les personnes qui ont le plus à perdre "sont principalement des demandeurs d’emploi qui s’inscrivent à la suite de contrats à durée déterminée ou d’intérim". Pour éviter des baisses trop marquées par rapport au mode de calcul actuel, notons enfin qu'un dispositif de "plancher" a été mis en place. La réduction des allocations ne s'élèvera pas à plus de 43% des sommes jusqu'alors perçues. 365.000 personnes sont concernées par l'introduction de ce plancher.
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