ARGENT - Emmanuel Macron s'est félicité ce mardi d'avoir fait gagner "170 euros de pouvoir d'achat" à tous les plus bas salaires depuis le début de son mandat. Une somme qui concerne en réalité très peu de travailleurs.
On trouve le chiffre dans des tracts, on l'entend sur les plateaux, et maintenant il ressort dans la bouche du président. Depuis le début du quinquennat les plus "bas salaires" auraient bénéficié de "170 euros de pouvoir d'achat en plus". Cette affirmation, assénée par le gouvernement, la majorité et les militants, Emmanuel Macron l'a répétée ce mardi 9 novembre lors de son allocution télévisée. Mais qu'en est-il réellement ?
Un chiffre sous condition
Les détails de ce calcul, on les trouve dans le "rapport économique, social et financier", publié par le Trésor public le 4 octobre dernier. Dans la partie consacrée au "bilan redistributif du quinquennat", on y lit noir sur blanc que "le gain" de pouvoir d'achat à travers les différentes "mesures socio-fiscales" mises en œuvre depuis 2017 "est particulièrement fort pour les actifs dont les revenus sont modestes". Et de prendre un exemple. "Un travailleur célibataire rémunéré au Smic peut désormais gagner 170 euros par mois de plus", trouve-t-on dans cette annexe du projet de loi des finances. Seulement, comme l'illustre l'utilisation du verbe "pouvoir", cette somme est complètement hypothétique. Car pour en bénéficier, il faut avoir rempli une série de conditions. Celles-ci sont précisées en bas de la page 46 et sont très clairement contraignantes.
Le "cas-type" choisi pour cette analyse est en fait un travailleur qui répond à une liste de critères. Il "payait 595 euros par an de taxe d'habitation sur sa résidence principale" avant la réforme de cet impôt local, il a réalisé au cours de l'année "111 heures supplémentaires" - et a donc profité de leur défiscalisation, et enfin, il doit avoir reçu la "prime exceptionnelle de pouvoir d'achat de 600 euros par an".
➡️ En 2021, un travailleur au SMIC gagne 170€ de plus par mois grâce aux baisses de charges et à la prime d’activité #5ansdeplus Ensemble avec Emmanuel #Macron #Macron2022 pic.twitter.com/cmLZEYi9i3 — Ensemble Avec Emmanuel Macron 🇨🇵 #5ansdeplus (@EnsembleEMacron) November 1, 2021
Seulement, rares sont ceux qui réunissent toutes ces conditions. Concernant les fameuses "primes Macron", qui permettent aux employeurs de verser un bonus aux salariés gagnant moins de trois fois le Smic, celles-ci n'ont rien d'automatique. Chaque entreprise est libre ou non d'en verser. Et elles ne sont pas nombreuses à faire ce choix. Selon l'Insee, en 2019 (année de l'instauration de ce mécanisme) seules 18% des entreprises ont donné ce coup de pouce au portefeuille. Pour un montant moyen de 419 euros. Soit très en dessous des 600 euros pour "tous les plus bas salaires".
Deuxième condition, les 111 heures supplémentaires par an. Là aussi, la totalité des travailleurs modestes n'est pas concernée. Seul un salarié au Smic sur deux (48%) effectue des heures supplémentaires d'après le ministère du Travail, pour une moyenne de … 36 heures par an !
Enfin, dernière condition, avoir économisé les 595 euros par an de taxe d'habitation. La somme moyenne économisée par les foyers concernés était bien de 555 euros, d'après les chiffres de la Direction des finances publiques (DGFIP). Mais c'est vite oublier que la plupart des salariés payés au Smic bénéficiaient déjà depuis 2017 d'un plafonnement de cet impôt.
Cette hausse concerne donc un seul profil-type très précis. Et combien de Français ? Le Trésor se garde bien de le préciser.
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