Le fléau des punaises de lit

Les punaises de lit, une menace que le gouvernement n'a jamais prise au sérieux ?

Publié le 29 septembre 2023 à 11h52

Source : TF1 Info

La mairie de Paris et des membres de l'opposition enjoignent le gouvernement à agir en urgence pour enrayer la prolifération des punaises de lit.
L'exécutif a publié en 2020 et 2022 des plans de lutte contre ces insectes, mais sans mesures contraignantes ou vraiment efficaces.

La psychose s'installe dans le pays, et le gouvernement est sommé d'agir. Ce vendredi 29 septembre au matin, le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, a réitéré sur LCI son appel à l'État pour bâtir un vrai plan d'action et prendre des mesures concrètes pour aider les plus modestes à se débarrasser de ces nuisibles qui toucheraient aujourd'hui 1 foyer sur 10. Sur Sud Radio, la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, a indiqué que son parti allait déposer "un plan d'urgence actualisé" dans lequel l'État trouvera "peut-être (...) des idées ou sera enfin à la hauteur de la situation". Elle avait déposé en 2019 une résolution pour un plan d’urgence de prévention et de lutte contre les punaises de lit. "On m'a ri au nez et depuis, le gouvernement, qu'a-t-il fait ? Rien", a-t-elle assuré.

Depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, le gouvernement a publié deux plans contre les punaises de lit. Le premier avait été annoncé en février 2020, à l'initiative de Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement de l'époque. Il consistait en une campagne d'information, avec un numéro de téléphone (0.806.706.806) et un site (stop-punaises.gouv.fr). Aujourd'hui ce dernier n'existe plus, il renvoie vers une page dédiée aux punaises de lit sur le site du ministère de la Transition écologique. L'exécutif comptait aussi demander aux professionnels de se structurer, avec un label et une formation à la clé, et évoquait le lancement prochain d'une mission à l'Assemblée nationale.

Un observatoire national qui n'a jamais vu le jour

Un second plan de lutte, cette fois-ci interministériel, a été lancé en mars 2022 pour lutter contre le fléau des punaises de lit. L'objectif annoncé était d'"améliorer et intensifier la sensibilisation pour agir contre ces parasites". Un plan là encore sans mesures contraignantes. Il consistait en des campagnes de sensibilisation à destination du grand public, et les ministères devaient sensibiliser les secteurs à risques, par exemple hébergements, hôtellerie, commerces de seconde main, établissements de santé, cinémas. Certaines professions devaient recevoir des messages d'informations, notamment pour mieux reconnaître les piqûres. Le plan devait aussi créer un observatoire national en septembre 2022 afin de collecter des données sur ce phénomène. Il n'a jamais vu le jour. Enfin, une notice d'information devait clarifier les responsabilités des bailleurs et des locataires confrontés à ce problème.

Depuis ces mesures non contraignantes et pas vraiment adaptées pour lutter contre une prolifération de masse, le gouvernement n'a plus agi pour lutter contre les punaises de lit. Le ministre des Transports Clément Beaune a demandé ce vendredi à la SNCF de fournir un "plan d'information et d'action" dans les jours à venir pour traiter ses trains et éviter l'invasion des insectes dans les rames, mais là encore, la mise en place d'une réponse se fera au bon vouloir de l'entreprise.  

Faire des punaises de lit un problème de santé publique ?

C'est pourquoi ses opposants ou la mairie de Paris réclament aujourd'hui à l'Etat de qualifier les punaises de lit comme un problème de santé publique. "À partir du moment où on reconnaît ça comme un problème de santé publique, ça veut dire que derrière on peut faire agir les différents organismes, les Agences régionales de santé, pour agir sur ce problème collectivement", a estimé Mathilde Panot, évoquant par exemple l'encadrement des tarifs pratiqués par les entreprises de désinfection, souvent très chers et abusifs, ou l'interdiction d'utilisation des produits chimiques pour éradiquer les insectes, inefficaces selon elle. 

La mairie de Paris réclame la même chose, et demande par exemple à l'État de faire "intégrer dans les contrats d'assurance habitation le coût de prise en charge de ce type de nuisibles" ou encore d'acter la prise en charge des soins psychologiques qui peuvent être nécessaires après qu'une personne a été victime d'une infestation. Des mesures que lui seul peut prendre.


Justine FAURE

Tout
TF1 Info