A LA LOUPE - Alors que la grève des transports paralyse la capitale depuis 15 jours, le candidat LREM à la mairie s'engage à mettre en place différentes mesures pour les Parisiens en période de grève. Logement des agents, mise à disposition de chauffeurs, automatisations des lignes de métro... des mesures déjà existantes ou irréalisables, pointent ses opposants.
La mobilisation contre la réforme des retraites ne faiblit pas. Plus qu'ailleurs, les Parisiens, très dépendants des transports en commun, doivent s'adapter. A la grève de la RATP et de la SCNF, s'ajoutent celles des enseignants et des agents de la municipalité et, avec elles, des crèches et des écoles perturbées. Des difficultés que le candidat à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux assure qu'il limitera s'il prend la tête de l'Hôtel de Ville.
"Maire de Paris, je ferais en sorte de rendre la vie des Parisiens plus simple, même en période de grève", affirme le marcheur sur Twitter. Au programme : "Service minimum dans les crèches et les écoles, logement des agents, mise à disposition de chauffeurs (et) automatisation des lignes de métro".
Maire de Paris, je ferais en sorte de rendre la vie des Parisiens plus simple, même en période de grève : 👉 service minimum dans les crèches et les écoles 👉 logement des agents 👉 mise à disposition de chauffeurs 👉 automatisation des lignes de métro https://t.co/wjl2lAUrq5 — Benjamin Griveaux (@BGriveaux) December 16, 2019
Des centres d'hébergement, déjà à disposition des agents
Le candidat a eu l'occasion de développer ces propositions dans une interview donnée au Parisien le 15 décembre dernier. A propos du logement des employés municipaux, il a constaté que "deux tiers des agents de la Ville ne vivent pas à Paris". "Je proposerai aux agents indispensables de les loger de manière temporaire dans la capitale en cas de grève, en passant par exemple un accord avec les hôteliers parisiens, détaille Benjamin Griveaux. Cela permettra d’accueillir les enfants dans les écoles et les crèches, de maintenir la propreté dans les rues, d’assurer l’ordre sur l’espace public."
Une idée qui soulagerait bien des parents si un système équivalent n'existait pas déjà. "La ville loge tous les soirs depuis le début de la grève dans les transports des agents qui en ont besoin, souligne sur Twitter Colombe Brossel, adjointe à la mairie de Paris, de même que nous pouvons assurer leur retour chez eux quand les transports ne le permettent pas."
Par ailleurs la ville loge tous les soirs depuis le début de la grève dans les transports des agents qui en ont besoin, de même que nous pouvons assurer leur retour chez eux quand les transports ne le permettent pas . #guignol — Colombe Brossel (@cbrossel) December 15, 2019
Interrogée par LCI, la mairie de Paris précise que ce dispositif a été mis en place "depuis le 5 décembre au soir dans des centres, sur le modèle des auberges de jeunesse." "Ces centres ont un contrat avec la Ville lui permettant de réserver des chambres. Le coût est donc nul pour la municipalité, ajoute-t-elle. Elles sont destinées aux agents des secteurs prioritaires, tels que la petite enfance, le scolaire et la propreté."
Ce système n'a toutefois pas remporté un franc succès. "Depuis le début de la grève, entre 5 et 15 agents ont souhaité utiliser l’opportunité de dormir dans ces hébergements à Paris", nous indique-t-on ce vendredi. Les employés préfèrent la plupart du temps rejoindre leur famille après le travail, peu importent les difficultés de transport.
250 chauffeurs : une estimation erronée
Autre proposition : "Vous avez (...) 250 chauffeurs employés par la Ville de Paris, utilisés par les élus et quelques fonctionnaires, note Benjamin Griveaux. En période de grève, ils peuvent être mis au service de la population, par exemple pour les personnes âgées ou à mobilité réduite". Un nombre qui en a interpellé plus d'un, à l'instar d'Olivier Truchot, présentateur des Grandes Gueules de RMC.
250 chauffeurs employés par la Ville de Paris ? #checknews https://t.co/MROGrrX7je via @le_Parisien — Olivier Truchot (@Olivier_Truchot) December 16, 2019
"Le chiffre de 250 chauffeurs est faux, dit d'emblée la Mairie. À titre indicatif, en 2001, il y avait 190 chauffeurs et ce chiffre diminue depuis. De 111 chauffeurs en 2014, nous sommes passés à 74 en 2019, dont 34 pour les maires d’arrondissement. Cette diminution a été obtenue par le non remplacement des départs à la retraite, et des possibilités de reconversions internes à la Ville sont proposées à ceux qui le souhaitent."
La Ville indique par ailleurs que les 50 voitures avec chauffeurs qui ne sont pas dédiées aux mairies "constituent un pool qui est utilisé par les élus et les agents en situation de handicap ainsi que par certains agents durant les périodes d’astreinte et pour les événements, le week-end notamment."
Quant à la mise à disposition des citoyens "à mobilité réduite, notamment les personnes âgées, un dispositif d’environ 120 véhicules, soutenu par la Ville et la région Ile de France est déjà en place toute l’année", période de grève ou non, tient à rappeler l'équipe d'Anne Hidalgo. "Il s’agit de conducteurs-accompagnateurs formés à la prise en charge de personnes à mobilité réduite et équipés de véhicules adaptés", avec des rampes pour les fauteuils roulants. Ce service, intitulé PAM 75, reste payant - 8,20€ pour un trajet jusqu'à 15 km en heures pleines - et ne remplace pas "les transports financés par l’Assurance Maladie".
L’automatisation du métro, un projet long et coûteux, qui n'est pas du ressort de la Ville
Enfin l'automatisation des lignes de métro n'est pas du ressort de la municipalité mais de la RATP et d'Ile-de-France Mobilités, l'autorité organisatrice des transports franciliens, gérée par la Région, présidée par Valérie Pécresse. Et pour le moment, elle est loin d'être programmée. "L'automatisation n'a aucun intérêt sur les lignes à faible trafic", indiquait ainsi, le 17 décembre, le porte-parole de la RATP aux Echos.
Surtout, sa mise en place est longue et extrêmement coûteuse. A titre d'exemple, la ligne 14, inaugurée en 1998 et toujours automatique, a coûté près de 7 milliards d'euros pour le seul premier tronçon. Prolongée une première fois en 2003, elle ralliera d'ici 2024 Orly au sud et la mairie de Saint-Ouen au nord. Impensable donc d'imaginer une automatisation d'ici la fin du prochain mandat municipal. Prochaine ligne sur la liste : la ligne 13, aujourd'hui saturée. Une étude a été commandé par IDF Mobilités à la RATP. Elle devrait être remise en 2020.
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