Loi Travail - Cinq choses qui peuvent encore ruiner la réforme du gouvernement Valls

Publié le 13 mai 2016 à 11h45
Loi Travail - Cinq choses qui peuvent encore ruiner la réforme du gouvernement Valls

CE N'EST PAS FINI - Le rejet, jeudi, de la motion de censure déposée par la droite ne marque pas la fin de l'affrontement autour de la loi Travail. Manifestations, recours, obstruction du Sénat, nouvelles motions contre le gouvernement, la partie est loin d'être jouée pour Manuel Valls.

Le sac de nœuds de la loi Travail risque de poursuivre François Hollande jusqu'au seuil de l'année électorale. Après le rejet, jeudi 12 mai, de la motion de censure déposée par la droite, et l'adoption en première lecture de la réforme controversée en vertu de l'article 49-3, cette laborieuse séquence législative est loin d'être achevée. Voici ce qui attend le chef de l'Etat et son gouvernement pour les prochaines semaines et les prochains mois.

► La mobilisation dans la rue prend le relais
Alors que la droite et le centre ont échoué, malgré le soutien des voix du Front de gauche, à faire tomber le gouvernement Valls, les manifestants poursuivaient jeudi leur mobilisation dans la rue jusqu'aux pieds de l'Assemblée nationale.

Une façon de rappeler, pour le mouvement Nuit Debout, que la partie n'est pas terminée. D'autres manifestations sont d'ailleurs attendues les 17 et 19 mai et permettront d'évaluer la longévité du mouvement. Une perspective qui réjouissait tout particulièrement André Chassaigne, le patron des députés Front de gauche, jeudi soir. "Cet après-midi, j'étais le seul à porter la parole de ceux qui défilent par centaine de milliers. J'en suis fier", se vantait l'élu communiste, qui a voté la motion de censure de la droite. "Cette mobilisation va s'amplifier, vous le verrez." En clair : la gauche de la gauche mise sur un retrait de la réforme sous la pression des manifestants, comme ce fut le cas pour le Contrat première embauche (CPE), adopté en mars 2006.

L'opinion est désormais très défavorable à la réforme
Depuis la présentation du projet de loi, les sondages font apparaître une opinion de plus en plus hostile à la réforme. Le dernier sondage Elabe pour BFMTV , le 4 mai, montrait que 74% des Français s'y opposaient. Dès le mois de mars, notre sondage OpinionWay-metronews-LCI dévoilait que près de la moitié des Français estimaient nécessaire que le gouvernement revoie sa copie. 

► La droite va s'emparer du texte (et se faire plaisir)
Adopté en première lecture par le biais accéléré du 49.3, le projet de loi Travail est désormais attendu au Sénat, où la droite est majoritaire, le 13 juin. Peu de chance, alors, que l'opposition facilite les choses pour la majorité. Elle devrait au contraire durcir un texte qu'elle juge peu ambitieux. "La démonstration est faite qu'il n'y a plus de majorité", explique François Fillon (LR) dans la salle des Quatre Colonnes. "Nous, nous allons préparer l'alternance." Aucune chance, donc, que députés et sénateurs aboutissent à un compromis. Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, annonce d'ailleurs la couleur :

► Le texte est toujours menacé d'un recours
Le syndicat Force ouvrière a été débouté mercredi par le tribunal administratif de son "référé-liberté" pour "non-respect de concertation préalable avec les partenaires sociaux" et de ne pas leur avoir fourni de "document d'orientation" lors de l'élaboration du projet de loi Travail, en vertu de l'article L1 du Code du travail. Mais au-delà de cette procédure d'urgence, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général du syndicat, n'a pas exclu de saisir le Conseil constitutionnel sur cette question. 

► Et pour finir, de nouvelles motions de censure à l'horizon
Le texte reviendra ensuite en seconde lecture à l'Assemblée, où les députés socialistes vont s'empresser d'annuler les modifications apportées par la droite. Les frondeurs PS ayant déjà prévenu que la bataille n'était pas terminée, on peut s'attendre à un scénario similaire, avec l'emploi du 49.3 par le gouvernement, une motion de censure contre lui et un duel fratricide au sein de la gauche. "Nous allons créer un front du refus de la dérive libérale", ambitionne André Chassaigne (PCF). "Je ne désespère pas de trouver beaucoup plus de soutiens en seconde lecture. Et enfin, avant la fin de ce mandat, nous arriverons à déposer une motion de censure de gauche." On l'aura compris : la bataille autour de la loi Travail est le premier acte de la campagne électorale de 2017.

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Vincent MICHELON

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