SOUVERAINETÉ - Le maintien de la date du 12 décembre pour le référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie s'apparente à une "déclaration de guerre contre le peuple kanak", a estimé ce dimanche un parti indépendantiste de l'archipel français.
Le Palika, l'une des deux principales branches du parti indépendantiste FLNKS, réclamait son report en raison du Covid-19 et d'une population kanak plongée dans le deuil – plus de 50% des 272 morts de l'archipel français sont d'origine Kanak, mais l'État persiste et signe. Le troisième et dernier référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie aura bien lieu le 12 décembre, a annoncé vendredi Patrice Faure, le haut-commissaire de la République, mettant en avant "la situation sanitaire maîtrisée".
"Cette décision inique relève de la provocation politique. Elle nous ramène à la case départ d’avant les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) et met à mal toute possibilité de dialogue sur l’avenir du pays", a répondu ce dimanche dans un communiqué Charles Washetine, le porte-parole du Palika, estimant que ce maintien s'apparente à une "déclaration de guerre contre le peuple kanak".
"Pas d'impact juridique"
Dès le 20 octobre, le FLNKS avait prévenu qu'il ne participerait pas à la troisième et dernière consultation sur l'accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, prévue dans le cadre de l'accord de Nouméa (1998), arguant de l'impossibilité de "mener une campagne équitable à cause des nombreux décès et des restrictions sanitaires" et demandait un report à septembre 2022.
Signataire de l'accord de Nouméa et élu territorial, Victor Tutugoro, avait de son côté réaffirmé que le FLNKS "ne reconnaîtra pas le résultat". Tandis que le Palika indique dans son texte qu'il "saisira l'instance internationale de décolonisation de l’ONU pour dénoncer l’absurdité d’une consultation d’autodétermination sans le peuple colonisé".
Cependant, Sébastien Lecornu, le ministre d'Outre-mer, a déclaré ce dimanche sur Cnews et Europe 1 que si "la non-participation est un droit en démocratie", elle n'aura pas d'"impact juridique". "Le fait de ne pas participer n'emportera pas de doute sur la sincérité" du scrutin et cela "n'empêche pas qu'il soit légitime au sens juridique du terme", a-t-il souligné. Reste qu'il faudra "tirer les conclusions politiques" de cette non-participation. Car le 13 décembre au matin, "50% de la population dira 'l'affaire n'est pas terminée, l'autodétermination doit prospérer'", et les loyalistes, l'autre partie de la population,"diront 'nous avons acquis le droit de rester dans la République", a relevé le ministre. Ainsi "l'enjeu va être de trouver un chemin commun", selon lui.
Dans le cadre du processus de décolonisation de l'accord de Nouméa (1998) qui prévoit la tenue de trois référendums, deux ont eu lieu en 2018 et 2020, avec pour résultat un rejet de l'indépendance à une majorité de 56,7% puis 53,3%.
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