ENTRETIEN - Mis en cause pour ses propos sur la "guerre entre races", l'ancien Premier ministre Manuel Valls s'est longuement expliqué, sur LCI, jeudi matin. Il dénonce ceux qui "instrumentalisent la mémoire de George Floyd à des fins politiques pour créer un affrontement dans notre pays entre couleurs et entre communautés". Verbatim.
Il a refait sa vie en Espagne mais il est à nouveau au cœur d'un virulent débat qui agite la gauche en France. Dans un entretien accordé cette semaine à Valeurs Actuelles, l'ancien Premier ministre Manuel Valls a fustigé des mouvements de contestation au sein desquels "la lutte des classes disparaît au profit de la guerre entre races". Des propos violemment critiqué à gauche, notamment chez ses anciens camarades socialistes où, à l'instar d'Olivier Faure, le patron du PS, on l'accuse de faire siennes les théories de l'extrême droite.
Interpellé sur cette notion de "guerre des races", Manuel Valls s'est longuement expliqué, jeudi matin, dans un entretien accordé à LCI. Il est revenu sur cette polémique, mais également sur les tensions actuelles dans la société, les accusations à l'encontre de Christophe Castaner, le débat mémoriel autour des statues ainsi que l'action d'Emmanuel Macron face à la crise.
"Dire que la France et sa police sont racistes, c'est un scandale"
Sur la "guerre entre races", l'ex-Premier ministre explique qu'il n'a pas utilisé ces mots "pour faire siens ces concepts", mais "pour dénoncer une extrême gauche qui veut un affrontement entre des 'races'". "Ce qui menace nos sociétés, et pas seulement en France, c’est l’affrontement entre des groupes, la désagrégation de la communauté nationale", juge-t-il.
"Il y a un racisme ancré dans la société américaine", estime-t-il au sujet des mouvements qui ont suivi la mort de George Floyd aux Etats-Unis. "Nous, c'est une autre histoire. Dire que la France et sa police sont racistes, c'est un scandale, c'est instrumentaliser la mémoire de George Floyd à des fins politiques et créer un affrontement, dans notre pays, entre couleurs et entre communautés."
En France, le mouvement antiraciste s'est cristallisé autour de la mobilisation de la famille d'Adama Traoré, mort en 2016 lors d'une interpellation. Pour Manuel Valls, face au "drame de la mort d'un frère, d'un fils, il faut comprendre et respecter l'émotion légitime. Il faut ensuite rappeler que c'est à la justice" de faire la lumière. "En utilisant l'assassinat, raciste, de George Floyd, on fait le lien pour démontrer que l'Etat français, la police, sont racistes [...] Derrière les Indigènes de la République, plutôt proches de l'extrême gauche, il y a une récupération politique. Il faut le dire, car sinon on peut se tromper de combat."
Manuel Valls en profite pour régler à nouveau ses comptes avec la gauche, qui a "nié la montée de l’antisémitisme, la mouvance indigéniste, le travail de sape dans les associations de droits de l’homme." "On a cru que faire de l’antisarkozysme pour gagner des voix suffirait pour gouverner", juge-t-il à propos du quinquennat de François Hollande.
Ceux qui attisent la violence "peuvent venir de l'extrême droite ou de l'extrême gauche"
Revenant à nouveau sur ses propos sur la "guerre entre races", Manuel Valls fustige la "mouvance décoloniale" et "l'extrême gauche", l'accusant d'avoir des "liens" avec l'extrême droite. "Le lien avec l'extrême droite, c’est l’antisémitisme, la haine des valeurs républicaines. J’ai eu ces mots pour décrire ces groupes qui ont abandonné l’affrontement social pour l’affrontement identitaire."
"Oui", conclut-il, "il y a de la confrontation, de la violence dans notre société, et ceux qui derrière l’attisent, ils peuvent venir de l’extrême gauche ou de l’extrême droite. Des deux bords, les plus radicaux attisent, sont complices de cette confrontation."
"Le ministre de l'Intérieur est là pour protéger la police"
Alors que l'actuel ministre de l'Intérieur Christophe Castaner est mis en cause par les forces de l'ordre après ses annonces pour lutter contre le racisme et les violences, son prédécesseur refuse de participer à "l'halali général". Manuel Valls estime que le ministre connaît "une situation très difficile depuis deux ans, sous pression et face à des injonctions différentes".
Pour autant, l'ancien Premier ministre se montre critique et juge "qu'un ministre de l'Intérieur, c'est le premier flic de France", et qu'il est "là pour protéger la police et la gendarmerie". "Si les brebis galeuses doivent être écartées, il doit protéger les policiers et les gendarmes, qui ont peut-être eu l'impression ces derniers jours qu'ils n'étaient pas protégés."
"L'émotion ne peut pas être au dessus du droit", ajoute-t-il. "C’est un ministère vertical, l’émotion ne peut pas être dans la bouche d’un ministre [...] sinon on désagrège l’autorité."
Tout en reconnaissant qu'il y avait des "contrôles au faciès" en France, Manuel Valls a contesté à nouveau le principe du récépissé lors des contrôles d'identité, estimant que cette mesure porterait atteinte à la vie privée. "J'ai réformé le code de déontologie, on a mis un numéro d'identification sur les uniformes, j'ai interdit le tutoiement, il faut l'appliquer."
Statues vandalisées : Valls s'en prend à Ayrault
Interrogé à propos des statues vandalisées ou déboulonnées dans le cadre des mouvements antiracistes, Manuel Valls fustige une "bêtise crasse", citant notamment les statues de Churchill et de Gaulle. "Qu'il y ait un débat, c'est normal. Mais là, c'est une entreprise de révisionnisme. Une vision totalitaire qui vise à éliminer notre passé."
Manuel Valls s'en prend au passage à son ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui a suggéré que l'on débaptise symboliquement le bâtiment Colbert à Bercy. "Cela montre bien dans quel folie nous sommes entrés, qu'on perd les repères, qu'on tombe dans l'émotion", accuse-t-il. "Aux historiens, aux intellectuels de faire le travail de contextualisation. Ce n'est pas aux politiques ou aux associations de le dicter."
"Emmanuel Macron est à la hauteur"
Face à la crise sanitaire et économique, "bien sûr qu'Emmanuel Macron est à la hauteur", juge enfin Manuel Valls. "Dans ce moment de dégagisme, de fracturation, nous avons eu la chance en 2017 d'avoir un président jeune, progressiste. Nous aurions pu avoir un populiste, d'ailleurs cela nous guette." Mais "la tâche est immense", il faut dire "comment unir, sur quelles valeurs, sans ambiguïté".
Manuel Valls pourrait-il revenir en France et entrer au gouvernement ? "J'ai fait le choix de m'éloigner, pour des raisons politiques et personnelles, je suis heureux ainsi", indique-t-il, jugeant le sujet "futile". Pour autant, "il ne faut jamais rien exclure par principe". "Même si on le proposait, je ne sais pas quelle serait ma réponse."
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