Marine Le Pen se sert du droit des femmes pour fustiger les politiques migratoires

Publié le 13 janvier 2016 à 23h11
Marine Le Pen se sert du droit des femmes pour fustiger les politiques migratoires

POLITIQUE - Dans une tribune publiée mercredi soir, la présidente du FN Marine Le Pen se fait le défenseur de la cause féminine et accuse la crise migratoire de faire reculer les droits des femmes… Un sujet qui n'a pas toujours été porteur dans son parti, ni dans ses positions personnelles.

Marine Le Pen est féministe. Et oui. Et en ce moment, elle craint que les droits des femmes ne soient bafoués. En cause ? La crise migratoire. C’est le propos que développe la présidente du Front nationale, dans une tribune, publiée ce mercredi soir sur le site L’Opinion.

Marine Le Pen "grandement" préoccupée

Dans ce texte , la présidente du FN s’exprime comme "femme française libre, qui a pu jouir toute sa vie durant des libertés très chères, acquises de haute lutte par nos mères et nos grands-mères", et veut "alerter sur une nouvelle forme de la régression sociale, humaine et morale que nous impose la crise migratoire". Cette "immigration massive", met en garde Marine Le Pen, a des "conséquences sur la situation économique de la France, la cohésion sociale, la sécurité, la laïcité, l’assimilation des nouveaux venus, et plus largement l’identité nationale". Mais la nouvelle crise migratoire a deux nouvelles conséquences "cauchemardesques", pointe la présidente : le risque terroriste, et… la "situation de la Femme".

Pour appuyer son propos, Marine Le Pen cite "des exactions auxquelles se sont livrés des migrants dans les pays qui en ont accueilli un grand nombre, en Allemagne surtout, mais pas seulement" : "À Cologne, ce sont des centaines de femmes qui ont subi des agressions sexuelles", rappelle-t-elle, "indignée", ne trouvant "aucune excuse à ces mâles déchaînés".  "Qu’ils agissent comme des criminels, qu’ils s’affranchissent des règles essentielles de nos sociétés occidentales, et qu’ils méprisent ouvertement les droits des femmes, me préoccupe grandement."

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"La pente est glissante"

Cette "barbarie à l’encontre des femmes" est pour elle, le fait "d’une politique migratoire insensée". Marine Le Pen n’oublie pas de citer Simone de Beauvoir pour appuyer son propos : "N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question".

Craignant ouvertement "la fin" des droits des femmes, elle déroule alors une succession de fléaux qui ne vont pas tarder à découler de tous ces faits : "Atteinte à l’intégrité physique, contrôle social, réduction des libertés et asservissement : on sait que la pente est glissante", prévient-elle. Mais... ce sombre avenir est évitable, avertit-elle. Il suffit que la France, "si elle recouvre sa souveraineté et ses frontières", "jugule cette submersion migratoire". La présidente du Front national demande à François Hollande un référendum sur la question migratoire.

FN et droit des femmes, un amour naissant ou intérêt opportuniste ?

Marine Le Pen, ardente défenseur de la cause féminine ? C’est peut-être sa résolution pour 2016. Car, pour rappel, ni la présidente du FN, ni son parti, ne sont forcément réputés pour leurs positionnements en faveur des droits des femmes, même si la présidente cite à l’envie Simone de Beauvoir, Olympe de Gouges ou encore Simone Veil. Ainsi, en avril 2012, pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen s'était imposé dans le débat le sujet de l’IVG (interruption volontaire de grossesse), en déclarant que, présidente, elle dérembourserait l'avortement en cas de besoins budgétaires, fustigeant notamment les "avortements de confort" . Plus récemment, sa nièce, Marion Maréchal Le Pen avait annoncé vouloir supprimer les subventions aux plannings familiaux , si elle était élue en PACA aux régionales. Sans la soutenir, sa tante, qui aime à parler d'"avortement de confort" n’avait pas non plus condamné ses propos.

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Au Parlement européen non plus, Marine Le Pen ne brille pas pour son acharnement féministe. Elle a, ces dernières années, voté contre deux textes sur l’égalité hommes-femmes le rapport Estrela (décembre 2013) et le rapport Zuber (mars 2014). A l’assemblée nationale, les deux députés d’extrême droite Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard ne sont pas plus ardents : ils ont voté contre plusieurs lois défendant les droits des femmes, dont la loi sur le harcèlement sexuel, la loi pour l’abolition du système prostitutionnel, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui comprend des dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes, ou encore la loi santé qui comporte des mesures pour renforcer le droit d’avorter.

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La rédaction de TF1info

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