EN CAMPAGNE - Emmanuel Macron a donné mardi soir le premier meeting de son mouvement En Marche devant près de 3.000 personnes réunies à la Mutualité, à Paris. Même sans annonce concrète, le ministre, qui fait cavalier seul, s'attire les foudres de la gauche. Dernier en date : Manuel Valls, qui s'en prend violemment à son rival du ministère de l'Economie.
Emmanuel Macron est officiellement "En Marche". Mais vers quoi ? A l'occasion de son premier grand meeting, mardi soir à la Mutualité, à Paris, le ministre de l’Economie s'est livré à un véritable discours de campagne sans pour autant annoncer quoi que ce soit : ni démission du gouvernement, ni candidature à la présidentielle de 2017.
Le jeune ministre qui doit tant à François Hollande - ce dernier le lui a clairement rappelé récemment - a consciencieusement évité d'attaquer de front son mentor, et tout juste égratigné son premier rival, Manuel Valls, qui estimait pourtant quelques heures plus tôt qu'il était temps "que cela s'arrête".
Un pays "usé des promesses non tenues"
"A partir de ce soir, nous devons être ce que nous sommes, c'est-à-dire le mouvement de l'espoir", a-t-il lancé devant ses soutiens, prenant soin au passage de "remercier" François Hollande de l'avoir nommé. "Ce mouvement, nous le porterons ensemble jusqu'à 2017 et jusqu'à la victoire." Seules piques au gouvernement : une critique contrôlée à propos d'un pays "usé des promesses non tenues", et une nouvelle prise de distance vis-à-vis de Manuel Valls au sujet du port du voile à l'université.
Malgré des déclarations globalement consensuelles et sans objectif clairement affiché, Emmanuel Macron a le don, comme souvent, d'agacer ses collègues . Notamment lorsqu'il se présente comme une personnalité "hors système". Et c'est une véritable tornade qui est tombée mercredi matin sur l'ancien protégé de François Hollande.
Valls l'accuse de "populisme"
Dernier en date : Manuel Valls lui-même, qui a lâché ses coups mercredi devant les députés socialistes. "On ne peut pas dénoncer un prétendu système en cédant aux sirènes du populisme quand, circonstance aggravante, on est soi-même le produit le plus méritant de l’élite de la République", a déclaré le Premier ministre, selon le texte de son discours transmis par Matignon à la presse. Le chef du gouvernement n'a pas oublié de rappeler que le ministre de l’Economie était passé par l'ENA.
La ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, avait été la première à lancer les hostilités dans la matinée :
"Par respect pour les autres ministres, il faut que Macron travaille" estime @AnnickGirardin #BourdinDirect pic.twitter.com/DFAYaL4Lz3 — Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 13 juillet 2016
Attaque plus radicale encore de la ministre écologiste du Logement, Emmanuel Cosse, qui jugeait sur France Info "un peu facile les critiques anti-système, quand on est totalement né du système". Ambiance garantie mercredi matin au Conseil des ministres...
"Je regrette les critiques anti-système lorsque l'on est né du système" #FranceInfo — Emmanuelle Cosse (@emmacosse) 13 juillet 2016
Au PS, les réactions se multipliaient mercredi à propos du meeting controversé. A noter, cette critique de Francis Chouat, le maire socialiste d'Evry... et proche de Manuel Valls.
A part surfer sur la décomposition à droite comme à gauche je cherche ce que veut faire @EmmanuelMacron à part faire le lièvre. De qui? — Francis Chouat (@fchouat) 13 juillet 2016
Autre pique glaciale, lancée sur France Inter par la maire de Paris, Anne Hidalgo, opposée de longue date au jeune ministre, notamment dans le cadre du débat sur l'extension du travail dominical. "Je n'ai pas entendu le début d'une idée. Il est la caricature du système de reproduction des élites", "un ministre de l'Economie qui ne s'occupe pas de l'économie".
Quant à l'opposition, de la gauche radicale à la droite, elle s'est allègrement moquée d'un meeting jugé "creux" et sans annonce concrète, à l'instar de plusieurs comptes rendus dans les médias.
Emmanuel #Macron est en réalité un ministre hors-sol qui n'a jamais eu de mandat et qui ne connaît pas le quotidien des Français. — N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 12 juillet 2016 Franchement, dans la vraie vie, qui s'est intéressé à la réunion d'actionnaires proprets à la Mutu ? #Macron ou comment rater la marche — Eric Coquerel (@ericcoquerel) 12 juillet 2016 Tenir un discours de droite,en étant Ministre d'un Gvt de gauche auquel il s'accroche: le double jeu de #Macron est d'une totale hypocrisie! — Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 13 juillet 2016 " #Macron , ça fait 4 ans qu'il est dans le système. Quel est son bilan ? Les cars. Les français attendent plus d'un ministre..." @LCI — Benoist Apparu (@benoistapparu) 13 juillet 2016
Les observateurs en concluent que le premier meeting du jeune ministre, à défaut de faire avancer le débat ou la campagne de 2017, va créer encore un peu plus de tensions au sein de l'actuelle majorité déjà déchirée par la loi Travail .
Ça risque d'être chaud au conseil des ministres ce matin, après tout ce que #Macron a balancé hier sur ses amis ! pic.twitter.com/tZ4e5QizsG — Alain Houpert (@alainhoupert) 13 juillet 2016
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