Meeting d'Éric Zemmour dimanche : comment la place du Trocadéro est devenue un symbole à droite

Publié le 27 mars 2022 à 8h50, mis à jour le 27 mars 2022 à 10h58

Au fil des campagnes présidentielles, la place du Trocadéro, où Eric Zemmour s'installe ce dimanche à 16h, s'est imposée comme un passage obligé pour les candidats de droite.
Avant lui, Nicolas Sarkozy et François Fillon y ont tenu des meetings respectivement en 2012 et 2017.
Quelle image véhicule-t-elle dans cet électorat ? Pourquoi est-elle si symbolique ?

Une large place surplombant la Seine et offrant un point de vue unique sur la Tour Eiffel ; une dalle blanche et lisse entourée par le palais de Chaillot. La place du Trocadéro, située dans le riche et chic 16e arrondissement de Paris, offre un cadre propice aux images de foule, devant le monument le plus connu du pays. Depuis 2012 et un meeting de Nicolas Sarkozy, elle est devenue un lieu emblématique pour la droite française, qui l'a souvent choisie pour organiser de grands événements, en raison de sa photogénie, sa situation géographique et sa capacité à accueillir des dizaines de milliers de personnes.

Ce dimanche aux alentours de 16h, Eric Zemmour a pour ambition d'y réunir plus de 50.000 personnes pour une "démonstration de force" ressemblant à une dernière chance alors qu'il est à la peine dans les sondages. Mais le choix du lieu n'est pas anodin. C'est sur cette place que le 1er mai 2012, Nicolas Sarkozy en difficulté dans les sondages, avait organisé un meeting avant le second tour perdu contre François Hollande. Surtout, c'est là que, le 5 mars 2017, François Fillon avait rassemblé des dizaines de milliers de partisans et exclu de se retirer de la course à la présidentielle, malgré les accusations d'emploi fictif de son épouse qui paralysaient sa campagne.

Depuis que la Manif pour tous, opposée au mariage homosexuel en 2012 et 2013, a parfois investi la place à la fin de ses défilés ; et depuis que François Fillon a fait appel à Sens commun (émanation de La Manif pour tous) pour gonfler les effectifs de son meeting en 2017, la place du Trocadéro est devenue le symbole d'une certaine franche de la droite, conservatrice et catholique. Cette dernière est même désignée par l'expression "droite du Trocadéro", cette même droite que cherche à séduire Eric Zemmour.

Un argument pour l'opposition

Dès novembre 2017, le maire ex-LR de Nice Christian Estrosi avait regretté que son parti soit "devenu un peu le parti du Trocadéro". "Ce qui m'inquiète profondément aujourd'hui, c'est que Les Républicains sont un peu sortis de cette ligne de conduite qui a été cette ligne fondatrice voulue par Jacques Chirac", avait-il expliqué, assurant qu'"un grand nombre d'électeurs de droite et de centre-droit" ne se reconnaissait plus "dans la posture" du parti depuis la présidentielle. 

Lors des élections européennes de 2019, le Premier ministre Edouard Philippe, ex-LR, avait taclé les Républicains réunis derrière la tête de liste François-Xavier Bellamy, y voyant la "reconstruction" de "la droite du Trocadéro". "Je le constate depuis que je suis à Matignon, elle n'a que des postures politiciennes à opposer à ceux qui font des choix courageux", avait-il déclaré. Plus tard, il avait précisé qu'il s'agissait d'"une droite qui se paie de mots" : "Je ne sais pas si c'est la droite du Trocadéro, mais c'est souvent la droite des mots, qui aime manier des symboles, qui aime manier des icônes, qui aime manier des grands engagements, mais qui, lorsqu'elle est confrontée au choix, est nettement moins là".


Justine FAURE

Tout
TF1 Info