ENTRETIEN - Invitée de LCI, Marlène Schiappa a exprimé ce dimanche son soutien aux personnes qui déclarent avoir été victimes d'inceste. Elle défend les propositions de la députée Alexandra Louis, qui propose de nouvelles infractions spécifiques en matière de violences sexuelles sur mineurs.
La France doit-elle durcir son arsenal juridique face à la question de l'inceste ? C'est le débat posé par la multiplication des témoignages, ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, sous le mot-clé #MetooInceste. Un mouvement massif suscité par la publication de La Familia Grande, où l'auteure, Camille Kouchner, évoque le tabou de l'inceste au sein de sa propre famille.
Interrogée à ce sujet dimanche, sur LCI, Marlène Schiappa a adressé son soutien aux personnes qui témoignent ainsi par milliers sur les réseaux sociaux. "Je les crois, je les soutiens", a-t-elle assuré, encourageant les potentielles victimes à déposer plainte auprès des services de police et de gendarmerie, "même s'il y a prescription, car celle-ci s'apprécie au moment du procès".
"On peut s'exprimer sur des faits prescrits, cela aide d'autres personnes qui ont pu être victimes de prédateurs", a-t-elle insisté, rappelant aussi que "l'inceste ne fait pas qu'un victime, mais des victimes collatérales, dans la famille".
Interdire tout acte sexuel avec un mineur de moins de 15 ans
Sur le sujet, non plus de l'inceste, mais des violences sexuelles sur mineurs de la part d'un majeur, la ministre déléguée à la Citoyenneté a en outre plaidé pour un durcissement de l'arsenal juridique à l'encontre des auteurs. Faut-il interdire tout acte sexuel sur un mineur de moins de 15 ans de la part d'un majeur, comme le suggérait en décembre la députée LaREM Alexandra Louis, auteure d'un rapport sur le sujet ? "Oui, on peut aller plus loin. Les propositions d'Alexandra Louis sont solides juridiquement. Je soutiendrai sa proposition de loi pour durcir la loi sur l'inceste", a-t-elle indiqué, précisant que c'était une position "personnelle".
"Il y a un calendrier parlementaire. Les travaux d'Alexandra Louis méritent qu'on s'y penche", a ajouté Marlène Schiappa. Début décembre, Alexandra Louis avait remis un rapport proposant, notamment, de "poser le principe" de l'interdiction des rapports sexuels entre un mineur de moins de 15 ans et un majeur, tout en prévoyant des exceptions, dans le cadre des couples de jeunes adolescents dont l'un deviendrait majeur.
Débat sur la prescription
Le débat sur les violences sexuelles et l'inceste pose également la question de la prescription que certaines associations veulent voir intégralement levée. La députée Alexandra Louis avait plaidé auprès de LCI en faveur d'une interruption de ce délai de prescription en cas de récidive d'un crime sur mineur. Elle avait aussi défendu l'idée de faire de l'inceste "une réelle circonstance aggravante, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en droit français".
Marlène Schiappa, auteure d'une loi en 2018 qui avait été jugée insuffisante par certaines associations, a estimé qu'Emmanuel Macron est "le premier président à être allé aussi loin sur les questions de prescription", avec l'allongement à 30 ans pour les faits de viols sur mineurs. Mais selon elle, l'idée de rendre un crime imprescriptible - c'est-à-dire sans délai de prescription - relève du législateur. "En France, le seul crime imprescriptible, c'est le crime contre l'humanité", a-t-elle rappelé. "C'est l'échelle des peines décidée par le législateur. Je n'ai pas de religion sur ce sujet. Mais c'est un débat porté par le législateur." Cette question était toutefois à l'agenda de la commission sur l'inceste installée par le secrétaire d'État Adrien Taquet.
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