La réforme des retraites présentée, oppositions et syndicats vent debout

Meyer Habib recadré par Clémentine Autain après avoir traité des élues de gauche de "petites connes" à l'Assemblée

Publié le 20 février 2020 à 19h52
Clémentine Autain, députée LFI, à l'Assemblée nationale (décembre 2019)

Clémentine Autain, députée LFI, à l'Assemblée nationale (décembre 2019)

Source : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

PARLEMENT - L'examen de la réforme des retraites tourne à la foire d'empoigne à l'Assemblée nationale, entre le député Meyer Habib qui a traité de "petites connes" des élues de gauche, les Insoumis qui dénoncent le maccarthysme de la majorité à son encontre, et cette dernière qui les accusent de faire de l'obstruction.

Les débats sur la réforme des retraites virent parfois aux règlements de comptes personnels. Le dernier en date a opposé le député UDI-Agir Meyer Habib aux élues de gauche Clémentine Autain (LFI), Esther Benbassa (EELV) et Elsa Faucillon (PCF). Ce mercredi, ces dernières, déguisées en célèbre "Rosie la riveteuse", ont participé aux abords de l'Assemblée nationale à une action chorégraphiée pour dénoncer la réforme des retraites sur l'air de "A cause des garçons", transformé en "A cause de Macron". Le député des Français de l'étranger a alors estimé dans un tweet accompagné du hashtag #ACauseDesPetitesConnes qu'elles piétinaient la République et ses valeurs et étaient "indignes de porter l'écharpe".

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Ce jeudi dans l'hémicycle, il a maintenu. "Parce que c’était sur l’air de ‘A cause des garçons’ et j’ai tweeté, oui, ‘A cause des petites connes’ parce que c’est bien le minimum qu’on puisse…", a-t-il confirmé au micro, sans terminer sa phrase. Clémentine Autain a répondu : "Nous savons que monsieur Habib ne pratique pas l’humour mais la caricature en permanence et l’insulte, et donc je maintiens mes propos : traiter des parlementaires de petites connes sur les réseaux sociaux est à la fois sexiste et insultant." Marie-George Buffet (PCF) a tancé des "propos vulgaires" d'un député n'acceptant "pas que des femmes se lèvent pour dire ce qu'elles pensent".

Peu après, Mathilde Panot (LFI) a demandé en conférence des présidents de l'Assemblée une sanction contre Meyer Habib. Le titulaire du perchoir Richard Ferrand (LaREM) a répondu qu'il allait se pencher sur cet incident, a appris l'AFP de source parlementaire. Dans le brouhaha, des élus LR ont plaidé pour que le fonctionnement de l'Assemblée ne soit pas bloqué "par une partie de ping-pong". "On va pas aller de tweet en tweet", a lancé Eric Woerth (LR).

"Maccarthysme" contre "obstruction"

En outre, les députés insoumis se sont élevés contre la disparition d'un millier de leurs amendements qui avaient le même objet, "fait inédit sous la Ve République" selon eux. Ces amendements devaient tomber une fois le premier rejeté. "Nous sommes le seul groupe à subir cette forme de maccarthysme", a dénoncé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, ciblant le président de l'Assemblée nationale. Les communistes, mais aussi les insoumis, tentent désormais une nouvelle stratégie, multipliant les sous-amendements sur chaque amendement déposé.

La République en Marche dénonce de son côté l'obstruction de l'opposition. "Il n'y a plus aucun doute sur la volonté d'un certain nombre de groupes d'opposition de ne pas avoir un vrai débat de fond", a affirmé Gilles Le Gendre, président du groupe LaREM lors d'une conférence de presse, évoquant "700.000 sous-amendements" annoncés par LFI. Ils veulent "paralyser notre institution". 

150 jours à l'Assemblée à ce rythme, prévient Ferrand

En début d'après-midi en conférence des présidents, Richard Ferrand a décidé de ne plus appliquer la règle contestée sur les amendements ayant le même objet. "Il convient qu'aucun prétexte d'obstruction ne subsiste ni ne porte atteinte à la dignité des débats", a-t-il prévenu, selon des propos rapportés cités par l'AFP. Il a estimé qu'au rythme actuel des débats, 150 jours de séances seraient nécessaires pour terminer l'examen de la réforme. Dans la matinée, quelque 36.500 amendements déposés étaient encore en discussion, "avec un rythme d'examen de 22,2 par heure" depuis le coup d'envoi lundi, a calculé le président de l'Assemblée nationale.


La rédaction de TF1info

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