Michel Barnier veut peser chez LR en vue de 2022, mais laisse sceptiques les parlementaires du parti

Publié le 1 février 2021 à 17h39, mis à jour le 1 février 2021 à 18h10
Michel Barnier à la Commission européenne
Michel Barnier à la Commission européenne - Source : AFP

BAROMÈTRE - Le négociateur de l'Union européenne pour le Brexit souhaite s'investir de nouveau dans la vie politique française et peser chez Les Républicains en vue de 2022. Une démarche qui sème la perplexité chez les siens.

Et si, à côté des Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Bruno Retailleau, Les Républicains devaient compter sur Michel Barnier pour 2022 ? Fort de son succès en tant que négociateur de l’Union européenne pour le Brexit, l’ancien ministre (Environnement, Agriculture, Affaires européennes et Affaires étrangères) souhaite s’investir au sein de son parti en vue de la future élection présidentielle.

"J’ai envie de retrouver les Français", "je vais utiliser l’énergie qui reste la mienne pour travailler pour mon pays", déclarait-il fin décembre 2020 sur franceinfo. "Je vais essayer d’apporter ma pierre dans ma famille politique qui a aussi besoin d’être reconstruite, au débat politique français", ajoutait-il. Il réaffirme ses ambitions, lundi 1er février dans Le Parisien. "Tant que j’ai de l’énergie, que je garde la même capacité d’enthousiasme et d’indignation, je voudrai être utile à mon pays", indique celui qui s’apprête à déposer les statuts d’un nouveau micro-parti et cherche des bureaux dans la capitale. 

Michel Barnier a tout d’un présidentiable
Julien Aubert, député du Vaucluse

Mais les parlementaires LR sont divisés sur ce retour. La plus enthousiaste est sans doute la députée de Paris Brigitte Kuster, ancienne collaboratrice de l’ex-élu de Savoie à l'Assemblée nationale. "C’est une chance pour la France de pouvoir compter sur lui, un homme d’État capable de parler d’égal à égal avec des dirigeants comme Angela Merkel et Boris Johnson. Et puis il a beaucoup de facettes, notamment celle d'élu de terrain", a-t-elle déclaré à LCI ce lundi. "Son autre force est qu'il n’a jamais quitté ou renié sa famille politique", ajoute-t-elle, taclant au passage Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, qui ont tous deux quitté le parti.

"Je suis très heureux de voir de grandes figures de notre famille politique se mettre au service de nos valeurs et de nos idées", partage pour LCI le député du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger. "Le temps n’est pas encore celui de la présidentielle, mais nous avons besoin de toutes les forces pour préparer progressivement cette bataille". "Michel Barnier a tout d’un présidentiable : caractère, expérience, image", abonde le député du Vaucluse Julien Aubert. Le député de l'Essonne Robin Reda est d'accord : "Michel est une personnalité de grande qualité, fin technicien, qui a forgé sa connaissance du pays sur le terrain."

En revanche, une autre députée se montre plus sceptique. "Il n’est pas très soutenu chez les parlementaires", assure-t-elle à LCI, estimant qu'il est desservi par son image de technocrate. "Il peut venir jouer un rôle dans le débat d’idée, mais je ne le vois pas être notre candidat. Je pense qu’il cherche plus à se positionner au cas où la droite reviendrait au pouvoir, pour prétendre à un poste de ministre." "La question est : correspond-il au besoin d’une époque ?", s'interroge d'ailleurs Julien Aubert.

Certains pointent également du doigt le manque de notoriété de l'ex-commissaire européen. Testé par l'institut Elabe début janvier, Michel Barnier recueillait 27% d’opinion positives, aussi bien que Xavier Bertrand. Mais il laissait indifférent 46% des sondés, qui restaient sans avis. "Un déficit de notoriété autant de temps avant une échéance n’est pas un problème", assure pourtant Brigitte Kuster à LCI. "Il a peut-être un déficit de notoriété chez les plus jeunes, mais les autres connaissent son passé de ministre et son engagement pour les JO d'Albertville." Et c'est bien le problème, selon notre députée, qui se rappelle que l'ancien ministre, qui vient de fêter ses 70 ans, était président du Conseil général de Savoie à l'époque : "L'image que j'ai de lui, c'est Albertville 92. Les Français veulent de nouveaux visages."

Trop "Macron-compatible" ?

Peut-il se rattraper sur le plan des idées ? "Je ne sais pas vraiment ce qu’il incarne, mais s’il met en avant son côté social, alors il ne se démarque pas d’un Xavier Bertrand", estime l'élue interrogée par LCI. Toujours sous couvert d'anonymat, un autre nous glisse : "Il est très seul et n'incarne rien de nouveau ou de radicalement différent de Macron. Or en 2022 nous n'aurons pas besoin d'un habile négociateur ou technicien - ce que Macron est aussi - mais d'une personnalité capable de changer les choses concrètement et d'apporter des solutions." 

Outre cette ressemblance avec le Président, la proximité de Michel Barnier avec le gouvernement actuel revient souvent dans les critiques. "Sa position avec le gouvernement est ambiguë", estime une députée, pourtant rassurée par le désir de Michel Barnier de s'engager auprès de LR. "Il est très proche d’un Edouard Philippe, voire d’un Emmanuel Macron qui aura beau jeu de rappeler qu’il voulait que son fils soit investi LaREM aux européennes", ajoute Julien Aubert. En 2019, Nicolas Barnier avait en effet un temps été pressenti pour figurer sur une liste LaREM, avant d'être candidat aux européennes sur une liste belge, le Mouvement réformateur (MR), présidé par le Premier ministre local, le libéral Charles Michel. Mais en décembre dernier, le négociateur pour le Brexit s'amusait de tout cela. "Ceux qui ont imaginé que je pourrais changer de ligne ou de parti ne me connaissent pas vraiment", avait-il lancé.


Justine FAURE

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