Montebourg candidat pour 2017 : "Cela rend les choses plus compliquées pour François Hollande"

Publié le 18 août 2016 à 16h53
Montebourg candidat pour 2017 : "Cela rend les choses plus compliquées pour François Hollande"

INTERVIEW - Arnaud Montebourg s'est officiellement lancé dans la course pour 2017 ce dimanche lors de la Fête de la rose à Frangy-en-Bresse. Pour le politologue Stéphane Rozès, l'entrée en campagne de l'ancien ministre va poser des difficultés à François Hollande, si ce dernier choisit de se représenter.

Pour Arnaud Montebourg, l'édition 2016 de la traditionnelle "Fête de la rose", à Frangy-en-Bresse, avait une saveur toute particulière. L'ancien ministre de l'Economie y a annoncé dimanche sa candidature à la présidentielle de 2017, sans préciser toutefois s'il participerait au préalable à la primaire à gauche  prévue en janvier prochain . Le politologue Stéphane Rozès, enseignant à Science Po et HEC et président de Conseils, analyses et perspectives (Cap), décrypte la situation. 

Que représente Arnaud Montebourg aux yeux des Français ?
La marque d’Arnaud Montebourg dans l’opinion publique française est très certainement celle de son passage au ministère de l’Economie et des Finances (2012-2014, ndlr). Jusqu’alors, il avait le statut de leader du PS classé plutôt à gauche, fort de son score de 17% au premier tour de la primaire de 2011. A Bercy, il s’est illustré par sa position colbertiste et nationale de résistance à la globalisation financière et à une Europe de la libre concurrence, marquée par la rigueur budgétaire. Il s’est fait connaître, bien sûr, avec la défense du "made in France" , mais aussi, par exemple, à travers ses interventions sur le dossier ArcelorMittal (il avait notamment plaidé, en vain, pour une nationalisation ponctuelle du site de Florange, NDLR). Il semble représenter pour l’opinion une sensibilité socialiste marquée par l’intérêt national, avec une proximité affichée avec les producteurs et les petits patrons. Sa position rappelle celle qu’incarnait Jean-Pierre Chevènement.

Sa candidature est-elle menacée par celle de Benoît Hamon, représentant de l’aile gauche du PS,  ?
La candidature d’Arnaud Montebourg a une ampleur réelle, à l’inverse de celle de Benoit Hamon qui semble confinée à des intérêts d’appareil, avec l’ambition probable de peser sur l’après plutôt que sur la primaire. La logique voudrait que ces deux responsables puissent agir en tandem. Arnaud Montebourg est sans doute le plus à même de rassembler les différentes tendances de la gauche.

Lors de son discours à Frangy-en-Bresse dimanche , Arnaud Montebourg n'a pas précisé s'il participerait à la primaire lancée par le PS. Mais peut-il constituer un danger réel pour François Hollande, au cas où ce dernier déciderait de se représenter ?
La difficulté est que l’on ne connaît pas précisément les contours de cette primaire de gauche. Arnaud Montebourg est susceptible de rassembler une gauche éparse. Mais en réalité, l’élection présidentielle à venir mettra en œuvre des logiques qui ne seront pas horizontales, mais verticales, sous la forme d’un lien direct avec les Français. Cela rend les pronostics difficiles. Cela dit, à partir du moment où Arnaud Montebourg est candidat, cela rend les choses plus compliquées pour François Hollande. Ce dernier peut remporter la primaire, mais celle-ci peut le freiner en le contraignant à donner des gages sur des sujets qui n’intéressent que le PS en interne. Le président sortant se mettrait en danger en participant à une primaire identique à celle de 2011. Il doit créer une force qui mobilise au-delà des sympathisants de gauche.

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La rédaction de TF1info

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