Municipales : quels sont les arguments invoqués par les opposants au scrutin du 28 juin ?

Publié le 22 mai 2020 à 15h28

Source : TF1 Info

OPPOSITION - Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé ce vendredi que le second tour des élections municipales se tiendrait le 28 juin prochain. Une décision qui est loin de faire l'unanimité au sein de la classe politique.

Le gouvernement a tranché. Edouard Philippe a annoncé vendredi que le second tour des élections municipales, suspendu le 22 mars dernier, se tiendrait le 28 juin. Le Premier ministre assume pleinement sa position et parle du "choix de la cohérence" et de "l'exigence". Il s'agit d'ailleurs d’une "décision réversible […]." pour laquelle "il y aura une clause de revoyure", a-t-il prévenu, se donnant la possibilité d'un nouveau report. 

Pour autant, de nombreuses voix se sont élevées pour s'opposer à ce choix, comme l'a reconnu le Premier ministre lui-même. Le premier argument vise le déroulement de la campagne électorale dans des conditions très particulières.  Alexis Corbière (député LFI) a notamment fustigé une "démocratie de basse intensité qui n’est pas satisfaisante".

"Dans le contexte sanitaire que connaît le pays, cette décision revient à tenir une élection sans permettre aux candidats de mener de véritable campagne", a réagi LFI dans un communiqué. "Après le fiasco du 15 mars dernier, c’est une nouvelle atteinte à notre vie démocratique. Pour La France insoumise, sans campagne, pas d’élection possible."

Un mauvais timing ?

Pour d'autres, l'annonce de la nouvelle date du vote n'intervient pas au bon moment. Sur LCI, Francois Pupponi, député du Val-d’Oise, a reconnu qu'il n'y avait "pas de bonne ou mauvaise solution", tout en déplorant "une espèce de discours contradictoire du gouvernement". "Vous pouvez faire campagne mais vous devez faire attention au virus. Il faut des signatures pour fusionner des listes qui doivent ensuite être déposées à la préfecture. J’aurais préféré que le gouvernement attende les 15 derniers jours : il fallait décider que la date serait annoncée le 15 juin."

Jean-Pierre Blazy, maire PS de Gonesse a, de son côté, évoqué une "décision prématurée et qui pourrait être malencontreuse. Si on doit à nouveau interrompre le processus électoral ce ne sera pas très démocratique. Ce qui est vraiment important c’est la sécurité de nos concitoyens. On pouvait attendre. On pourrait se retrouver dans la situation du 15 mars dernier sur le plan sanitaire." 

La maire évoque également un "risque d'abstention" lors du vote. Parmi les arguments des opposants au scrutin du 28 juin figure en effet la crainte d'une nouvelle abstention record, à l'image de celle qui avait accompagné le premier tour, le 15 mars dernier. De nombreux électeurs, notamment parmi les personnes vulnérables, pourraient en effet être dissuadés de se rendre aux urnes en dépit des mesures sanitaires et de la simplification du recours à la procuration. 

"Je pense que cela n'est pas raisonnable sanitairement et aberrant démocratiquement", a résumé l'UDI Jean-Christophe Lagarde sur RTL. "Le problème n'est pas le jour du vote, mais c'est la campagne électorale. Elle doit se faire sans réunion publique, sans rencontre des candidats et des électeurs. Les résultats vont être serrés, car beaucoup d'électeurs ne viendront pas donc cela faussera les résultats. C'est une élection qui de fait aura lieu dans le flou."

Des nombreux élus locaux favorables

La classe politique se montre toutefois particulièrement divisée à propos du scrutin du 28 juin. De nombreux maires avaient ainsi réclamé la tenue du scrutin auprès d'Emmanuel Macron il y a une semaine. Plusieurs élus locaux ont salué vendredi la décision d'Edouard Philippe vendredi. Le maire de Dijon, François Rebsamen, a estimé sur Europe 1 qu'elle allait permettre de "sortir de cette séquence électorale" et ainsi d'accompagner la relance économique. Celui de Nice, Christian Estrosi, a également vu dans cette décision une opportunité pour relancer "les investissements nécessaires qui permettront de sauver et créer les emplois". 

A Paris, le Premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, a également jugé que les institutions locales devaient "pouvoir mettre en place la relance économique et l'investissement public avec une légitimité démocratique donnée par les citoyennes et les citoyens". 


Maxence GEVIN

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