Les Français sont de nouveau appelés aux urnes les 12 et 19 juin prochains pour renouveler l'Assemblée nationale.Ces jours-ci, tous les partis négocient et discutent pour s'assurer d'envoyer le maximum de parlementaires dans l'hémicycle et de bénéficier de la majorité.Mais les points de désaccords sont nombreux.
À peine l'élection présidentielle terminée, les tractations vont bon train pour les législatives. Tous les partis négocient pour envoyer le maximum de députés à l'Assemblée nationale et espérer bénéficier de la majorité au sein de l'hémicycle. Emmanuel Macron veut s'assurer de pouvoir appliquer son programme en s'appuyant sur des parlementaires LReM, quand l'opposition négocie pour s'allier et espérer imposer une cohabitation. Mais les discussions entre les forces politiques pour atteindre ces objectifs ne sont pas faciles, voici pourquoi.
Les programmes
Comment s'unir derrière un programme commun lorsque l'on a défendu des idées différentes, voire contraires au cours de l'élection présidentielle ? Voilà l'un des principaux points de blocage des négociations qui ont lieu actuellement, notamment à gauche entre La France insoumise, le Parti communiste, Europe Écologie-Les Verts et le Parti socialiste. Ce mercredi, le secrétaire général d'EELV Julien Bayou a dressé deux lignes rouges : l'Europe et le nucléaire. "Si vous me dites, il faut sortir de l’Europe et reprendre le nucléaire, ça sera sans nous", a déclaré sur franceinfo celui qui est prêt à faire des concessions sur d'autres sujets comme les retraites.
L'âge légal de départ - 62 ans pour EELV et le PS, 60 pour LFI - est un point de blocage important dans les négociations avec le PS, tout comme l'instauration d'une VIe République ou l'abrogation de la loi El Khomri. Même si à l'issue de la rencontre entre les délégations LFI et PS ce mercredi, les deux parties ont indiqué qu'il n'existait "pas de points insurmontables".
La tête d'affiche
Difficile pour certains de se faire voler la vedette. Du côté d’EELV, tout le monde ne voit pas d’un bon œil la "volonté hégémonique" de Jean-Luc Mélenchon, selon les mots du secrétaire général Julien Bayou. Ce dernier plaide pour une coalition plutôt que pour la "fédération" souhaitée par LFI. "Pour la troisième fois, La France insoumise échoue à se qualifier pour le second tour. Donc si c’est pour refaire l’union populaire, la même, ça échouera à nouveau. (...) Nous proposons une coalition, car il s’agit d’ajouter les offres politiques et donc les électorats", a-t-il estimé sur franceinfo. La veille, Yannick Jadot avait refusé de voir en Jean-Luc Mélenchon le chef de file de cette coalition, estimant que se mettre en ordre de bataille derrière lui "ça ne marchera pas".
Le nombre de circonscriptions
Outre la tête de liste et le programme, il faut s'entendre sur le nombre de circonscriptions allouées à chaque parti de la coalition. Ce mercredi sur franceinfo, Julien Bayou a par exemple expliqué que "la dernière offre que nous faisons, c’est aux alentours de 15 à 20% sur 165 circonscriptions", soit une petite trentaine de sièges pour les écologistes. Le but de chaque parti, même si accord il y a, est quand même de pouvoir constituer un groupe à part entière à l'Assemblée. Il faut pour cela avoir au moins 15 parlementaires.
L'enjeu financier
Si tous les partis bataillent pour pouvoir présenter le maximum de candidats sous leur étiquette, et en faire élire le maximum, c'est parce que cela rapporte de l'argent. Ils tirent en effet une grande partie de leurs financements publics des résultats de ces élections. Les subventions sont calculées selon deux critères. Le premier prend en compte les résultats au premier tour des élections législatives, et concerne les formations politiques ayant présenté, dans au moins 50 circonscriptions ou dans au moins un département ou une collectivité d’outre-mer, des candidats ayant obtenu au moins 1% des suffrages exprimés. L'autre moitié de l'argent qui leur est attribué est calculé en proportion du nombre de députés. Les bénéficiaires de cette aide publique reçoivent 1,42 euro par voix et par an, pour les cinq années à venir. Les partis ayant réussi à envoyer des députés au Parlement sont ensuite éligibles à une autre aide : 37.280 euros par élu et par an qui sont versés pendant toute la durée du mandat des députés.
L'indépendance
S'allier comporte le risque de se fondre au sein d'un parti plus puissant ou important et de voir son influence réduite, voire de disparaître. Mardi, Les Républicains ont d'ailleurs réaffirmé leur indépendance en adoptant une motion affirmant qu'ils n'avaient pas vocation à se fondre au sein de La République en marche, que certains pourraient être tentés de rallier.
Les questions d'influence, c'est aussi ce qui bloque les discussions entre LaREM et Horizons, le parti de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe. Alors que le chef de l'État souhaiterait créer un grand mouvement rassemblant toutes les composantes de la majorité, le maire du Havre ne veut pas, tout comme le président du MoDem François Bayrou. Les sources de crispation viennent notamment des accords qui se profilent entre la majorité et certains LR. Aussi, Édouard Philippe, qui entend faire élire 30 à 40 députés aux prochaines élections, souhaite pouvoir bénéficier d’un groupe indépendant à l’Assemblée nationale, avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2027. S'il veut se présenter dans cinq ans pour devenir président de la République, il doit pouvoir continuer à bénéficier d'une certaine indépendance.
Ne rien devoir à personne, c'est sûrement ce qui préside en partie à la décision du Rassemblement national d'ignorer les appels du pied et les demandes d'alliance du parti d'Éric Zemmour Reconquête.
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