Dans une interview au Journal du dimanche, le ministre des Comptes publics affirme que l'Élysée va mener à bien la réforme des retraites.Si la méthode pour l'adopter n'est pas encore arrêtée, il estime qu'une majorité à l'Assemblée sur le sujet est possible.Mais le recours au 49.3 reste "probable".
Promesse de campagne pendant l'élection présidentielle, la réforme des retraites sera bien menée par le gouvernement. Malgré des divisions au sein même de la majorité sur la méthode à adopter pour faire passer la mesure, l'Élysée veut tenir son cap. "Oui, nous ferons la réforme des retraites", a insisté dimanche dans les colonnes du Journal du dimanche le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal.
"Notre régime est déficitaire", a-t-il justifié dans cet entretien, indiquant que cette réforme, qui comprend le recul de l'âge de départ à la retraite, permettrait de "financer" des engagements annoncés par le gouvernement, comme "monter la retraite minimale à 1100 euros". "Or, nous ne voulons pas augmenter les impôts, ni faire exploser la dette que les générations futures devront payer tôt ou tard. Les nouveaux droits, l’amélioration de nos services publics, cela passe par l’activité. 'Travailler plus pour vivre mieux', en somme", a poursuivi le ministre. "Aucun pays n’investit autant que la France pour protéger", tant face à la crise sanitaire que désormais face à l'inflation, a-t-il défendu. Et d'ajouter que cet "effort inédit (...) a un coût".
"Les partenaires sociaux et le Parlement seront au cœur des débats"
Les économies visées par le recul de l'âge de départ à la retraite n'ont pas évolué : "8 milliards d’euros à l’horizon 2027", a précisé Gabriel Attal, un "gain brut" qui ne comprend pas les "dépenses supplémentaires" comme "le relèvement du minimum vieillesse, la prise en compte de la pénibilité au travail". La suppression des régimes spéciaux, elle, reste "d'actualité".
Quant à la manière dont cette réforme sera adoptée, la question divise jusqu'au sein même de la majorité : l'hypothèse de le faire via un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, avancé par Emmanuel Macron, ne convainc pas tous ses soutiens. Le chef des députés MoDem François Bayrou a notamment mis en garde contre un "passage en force" de la réforme. Mais selon Gabriel Attal, le choix de la méthode n'est pas encore arrêté. "Ce point sera tranché par le Président et la Première ministre. Mais quelle que soit la solution retenue, une chose est sûre : les partenaires sociaux et le Parlement seront au cœur des débats", a-t-il assuré au JDD.
S'il dit regretter que "beaucoup, à gauche et parmi les syndicats, rejettent les constats et le principe même d’un allongement de la durée de travail", il affirme que "si chacun restait cohérent avec ses convictions et ses engagements, une majorité existerait sur le sujet au Parlement", évoquant spécifiquement des prises de position en faveur d'une telle réforme par "plusieurs candidats à l’élection présidentielle, notamment celle des Républicains".
Sans accord avec les oppositions, le recours au 49.3 reste "probable"
Malgré cela, l'ancien porte-parole du gouvernement s'est dit "lucide" et a reconnu que faute d'accord avec les oppositions, le recours au 49.3, permettant d'adopter un texte sans vote, pouvait être envisagé pour le vote du budget 2023. Un budget comprenant le projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui pourrait donc contenir un amendement portant sur la réforme des retraites. "Les oppositions elles-mêmes nous ont dit que le 49.3 était probable", a-t-il lancé.
Emmanuel Macron réunira la semaine prochaine avec Elisabeth Borne les chefs de la majorité et les ministres concernés pour faire le point sur la manière d'engager cette réforme, a annoncé samedi l'entourage du chef de l’État à l'AFP. "Cette réforme doit voir le jour à l'été 2023", a-t-il souligné.