Emmanuel Macron a dénoncé lundi les propos "inacceptables" de l'actuel patron d'EDF Jean-Bernard Lévy, qui s'est montré très critique sur la stratégie de l'État pour le parc nucléaire français."Ce que j'ai entendu dans le débat public ces dernières semaines est inacceptable parce que c'est faux et irresponsable", a déclaré le chef de l'État.Cet échange intervient après plusieurs mois de tensions entre le gouvernement et EDF, sur fond de renationalisation.
Emmanuel Macron et Jean-Bernard Lévy ont quelques comptes à régler. Ce lundi, lors d'une conférence de presse organisée à l'Élysée autour de l'énergie, le président de la République a sèchement répondu au patron d'EDF qui avait émis la semaine dernière des critiques sur la stratégie de l'État pour le parc nucléaire français. "C'est absolument inacceptable que les gens qui ont eu la responsabilité des travaux de maintenance du parc (expliquent) aujourd'hui que nous n'avons pas pris nos responsabilités, parce que dès les premiers mois de mon premier mandat, nous avons redonné de la visibilité à la filière", a répondu Emmanuel Macron.
À l'heure actuelle, 32 des 56 réacteurs nucléaires français sont à l'arrêt, pour corrosion sous contrainte ou maintenance. L'État a demandé à EDF de les rouvrir dans leur intégralité d'ici à cet hiver. "Je compte vraiment sur EDF pour assurer son programme de redémarrage dans les prochaines semaines, dans les prochains mois", avait déclaré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher vendredi dernier.
"Je vais vous dire simplement que les travaux de maintenance, s'ils avaient simplement été faits correctement sur le reste du parc, nous n'aurions même pas cette discussion aujourd'hui", a estimé Emmanuel Macron. "Chacun doit prendre ses responsabilités ; pour ma part, je les ai prises (...). Les travaux de maintenance du parc existant ne sont en rien conditionnés à la création, la décision de nouveaux réacteurs nucléaires que j'ai prise en fin de (premier) mandat (...) Ce que j'ai entendu dans le débat public ces dernières semaines est inacceptable parce que c'est faux et irresponsable", a-t-il ajouté.
Des mois de tensions entre l'Etat et l'entreprise
La semaine dernière à l'université d'été du Medef, Jean-Bernard Lévy, qui sera bientôt remplacé à la tête de l'entreprise, avait déclaré : "On n'a pas de problèmes d'expertise, les compétences, les experts, on les a (...) On a beaucoup de chantiers en parallèle et d'une certaine manière, on manque de bras, parce qu'on n'a pas assez d'équipes formées (...) Un soudeur, un tuyauteur, il faut deux-trois ans pour le former". "Et pourquoi on n’a pas assez d’équipes formées ? Parce que l’on nous a dit que le parc nucléaire va décliner, 'préparez-vous à fermer des centrales'", avait-il assuré.
Cela fait des mois que les deux parties connaissent des tensions, alors que l'Etat a annoncé à la fin du mois de juillet son intention de renationaliser l'entreprise. Début août, remontée contre les modalités du bouclier tarifaire, EDF a même réclamé une indemnité de 8,34 milliards d'euros auprès de l'Etat, son principal et bientôt unique actionnaire. Pour contenir la hausse des tarifs réglementés de l'électricité à 4% en 2022, le gouvernement avait contraint EDF à augmenter de 20% le quota annuel d'électricité vendu à prix réduit à ses concurrents, à 120 TWh (contre 100 TWh auparavant).
Cette vente se fait dans le cadre du mécanisme baptisé "Accès régulé à l'électricité nucléaire historique" (Arenh), régulièrement dénoncé par EDF. Le groupe est ainsi contraint de vendre sa production à prix cassé, au moment où l'électricité atteint des sommets sur les marchés de gros. "L'Etat continuera à défendre le dispositif de rehaussement de l'Arenh devant le Conseil d’Etat, qui a encore rappelé en juillet dernier l’intérêt général associé à cette décision", avait commenté Bercy, qui estimait que les démarches d'EDF "ne constitu[aient pas une surprise".
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