HÉRITAGE - Nommé ministre de l'Intérieur le 6 juillet dernier en remplacement de Christophe Castaner, Gérald Darmanin n'a eu de cesse d'imprimer sa marque à la place Beauvau. Le jeune ministre a pris soin d'occuper l'espace médiatique sans discontinuer durant les congés d'été. Une méthode qui rappelle bien sûr celle de son mentor, Nicolas Sarkozy.
Un peu moins de deux mois après sa nomination à l'Intérieur, on ne compte plus les déplacements et prises de parole de Gérald Darmanin. Celui qui a remplacé Christophe Castaner dans un contexte de défiance aiguë des forces de l'ordre à l'égard du gouvernement a fait table rase des débats sur les violences policières qui avaient affaibli son prédécesseur, multipliant les marques d'attention à l'égard des fonctionnaires placés sous sa tutelle. L'ex-ministre des Comptes publics a également contourné les critiques des associations féministes qui ont entouré sa nomination à Beauvau - il reste l'objet d'une enquête suite à une accusation de viol - par un surcroît d'activité. Il semble avoir voulu imprimer sa marque en imposant son propre rythme, et un positionnement à droite plus marqué.
"Quand j'entends les mots 'violences policières', je m'étouffe", avait lancé fin juillet le nouveau patron de Beauvau à l'Assemblée nationale. Deux jours plus tôt, il reprenait à son compte la notion "d'ensauvagement" de la société, une expression particulièrement portée de la droite au RN, quitte à exaspérer dans la majorité LaREM. Des prises de position annonciatrices de la nouvelle ligne qui prévaut à l'Intérieur, et de la méthode du nouveau ministre : soutien systématique aux forces de l'ordre, clivage assumé, langage d'autorité, propos chocs. De quoi rappeler bien sûr certaines méthodes de son mentor, Nicolas Sarkozy.
Saturer l'espace médiatique
A de nombreux égards, la façon de Gérald Darmanin d'occuper le terrain, notamment dans une période estivale où la vie politique est au ralenti, rappelle l'action de son prédécesseur devenu président de la République. A une différence près : quand Nicolas Sarkozy réservait ses sorties médiatiques aux caméras, Gérald Darmanin, époque oblige, donne souvent la primeur de ses déclarations à son compte Twitter.
Au cours du mois d'août, Gérald Darmanin a poursuivi ses déplacements de terrain à un rythme très soutenu, ne prenant pas de vacances. S'il avait suivi la prise d'otages au Havre, le 7 août, "avec beaucoup d'attention" depuis la place Beauvau, il était au Mans le 12 pour l'hommage au policier Eric Monroy, à Saint-Dizier le 16 après les affrontements au sein de la communauté tchétchène, à Ivry-sur-Seine le 19 août sur le thème du trafic de drogue, auprès des gendarmes de Savoie le 20, en Isère le 21 pour parler de prévention routière, dans le Gard le 24 auprès des pompiers engagés contre les incendies, sans oublier le pilotage des opérations de sécurisation des Champs-Elysées avant et pendant la finale PSG-Bayern.
Des déplacements ponctués de prises de parole. "Derrière un maire, c'est la République qui est agressée", déclarait-il le 8 août après avoir apporté son soutien au maire de Croisilles. "Sans règle et sans police, il n'y a plus de République", lançait le ministre lors de son hommage au policier Eric Monroy. "Ce sont les trafiquants de drogue qui vont arrêter de dormir”, a-t-il aussi promis en annonçant la généralisation des amendes pour consommation de stupéfiant le 20 août.
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Darmanin moins clivant que Sarkozy ?
Gérald Darmanin s'est montré particulièrement incisif sur le thème de l'immigration. "Aucune communauté, sur le sol de la République, ne fait sa loi [...] Avoir le droit d'asile ne crée pas le droit de mettre le bordel", réagissait-il sur Twitter à propos des tensions au sein de la communauté tchétchène. "Ils n'ont rien à faire sur le sol national", a-t-il également écrit dimanche en annonçant l'expulsion de la famille de l'adolescente bosnienne violentée par ses parents à Besançon, alors que leur procès ne se tiendra qu'à l'automne.
Des prises de position qui évoquent forcément certaines sorties de Nicolas Sarkozy. En 2005, alors à l'Intérieur, ce dernier avait réclamé l'expulsion systématique des étrangers impliqués dans des violences, la fameuse "double peine". Il y a dix ans exactement, l'ancien chef de l'Etat avait également durci son propos à propos des communautés, ciblant tout particulièrement la communauté rom et "les comportements de certains parmi les gens du voyage". Pour autant, jusqu'ici, les sorties médiatiques de Gérald Darmanin, si elles ont essuyé les critiques - "si on ne veut pas mettre le feu à la société lorsqu’on est ministre de l’Intérieur, on pèse ses mots ou on se tait", fustigeait fin juillet Aurélie Pradié (LR) - n'ont pas suscité jusqu'ici de clivages ou de débats aussi virulents que celles que pouvait provoquer à son époque Nicolas Sarkozy, lorsque ce dernier proposait de passer un quartier "au karcher".
Héritage assumé
Quoiqu'il en soit, aucun des deux n'a jamais renié le lien de filiation, et Nicolas Sarkozy ne rejetterait pas la méthode du nouveau ministre de l'Intérieur, son "ami". "Tu commences à fond et tu accélères", aurait d'ailleurs récemment conseillé Nicolas Sarkozy à son poulain, selon des propos relatés par Le Figaro. "Il le fait déjà très bien et depuis longtemps", aurait également assuré l'ex-président de la République. Quant à Gérald Darmanin, il lui a maintes fois témoigné de son "affection" et de son "respect".
"Il y a un souhait constant de Gérard Darmanin d'évoquer cette comparaison et d'essayer de se fondre dans le moule de la parole sarkozyste avec des expressions un peu trash et une volonté de monter au créneau", observe le politologue Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof, sollicité par LCI. "Il joue sur le crédit qui lui a été donné d'être un proche de Nicolas Sarkozy, sur le registre d'un paternalisme affectueux."
Pour autant, relève le politologue, comparaison n'est pas toujours raison. "Il y a toujours une différence entre celui qui crée une marque et celui qui essaye de se fondre dans la marque." Sur le plan de la notoriété, Gérald Darmanin "n'a pas encore accroché à son palmarès quelque chose d'aussi fort que la mise en place des radars automatiques et la réduction de la mortalité sur les routes" [lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Intérieur, NDLR]. Idem sur le plan politique : Nicolas Sarkozy occupait déjà à ce stade une position centrale au sein de la droite. En outre, la méthode Sarkozy à l'Intérieur s'inscrivait à l'époque "dans une affirmation forte par la droite que la lutte contre la délinquance était son marqueur".
Au sein du gouvernement, la mission de Gérald Darmanin semble toutefois clairement assignée : rétablir le lien avec les forces de l'ordre, et empêcher la droite et l'extrême droite de préempter les nombreux sujets sécuritaires à dix-neuf mois de la présidentielle. Quitte à faire une croix sur ses vacances.
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