Le vice-président du conseil départemental de l'île est revenu à la télévision sur l'opération "Wuambushu" préparée par le gouvernement à Mayotte.Salime Mdéré a appelé à "peut-être tuer" des jeunes migrants irréguliers responsables de violences sur l'île, qu'il a décrits comme des "terroristes".Des propos condamnés par le ministre délégué chargé des Outre-mer.
En quelques heures, la séquence a suscité une onde de choc sur les réseaux sociaux. Invité sur le plateau de Mayotte La Première lundi 24 avril, Salime Mdéré, premier vice-président du Conseil départemental de l'île, est revenu sur l'opération des forces de l'ordre baptisée "Wuambushu", destinée à déloger des migrants en situation irrégulière des bidonvilles sur le territoire. Déplorant la présence de "terroristes", "il faut à un moment donné peut-être en tuer", a déclaré l'élu. Des propos décriés par le ministre délégué chargé des Outre-mer lui-même ce mardi.
Le premier vice-président, chargé de l'aménagement du territoire, infrastructures et foncier, est revenu sur la situation à Tsoundzou, près de la capitale Mamoudzou, théâtre depuis dimanche d'affrontements entre jeunes des bidonvilles et forces de l'ordre. Décrivant ces jeunes comme des "délinquants", des "voyous" et même des "terroristes", "il faut à un moment donné peut-être en tuer", a-t-il lâché, avant d'insister : "Je pèse mes mots, il faut peut-être en tuer".
"Je ne peux pas vous laisser dire ça, on ne peut pas dire ça sur une télévision publique", l'a rapidement interrompu la journaliste Géniale Attoumani. "S'il n'y en a pas un qui est tué, il y en aura toujours d'autres qui vont oser tenter de tuer les policiers. S'ils tuent des policiers, la légitime défense, elle est où maintenant ?", a malgré tout poursuivi l'élu.
"Ces propos ne sont pas dignes de la République"
La séquence a suscité l'indignation en ligne, notamment au sein de la classe politique. L'élu "appelle au meurtre, en direct, de jeunes Comoriens lors de l’opération Wuambushu", a accusé le patron du PCF Fabien Roussel sur Twitter. "Honteux. Voilà où conduit la politique de notre gouvernement. J’appelle à mettre un terme immédiat à cette opération", a fustigé le député. "Est-ce que les élus LREM vont condamner ces propos insupportables du vice-président LREM du Conseil départemental de Mayotte ?", a aussi lancé le coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard.
"Je ne vois pas comment il peut être maintenu dans ses fonctions. Cela abîme la République", a aussi critiqué sur Twitter la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier. "Voilà ce que déchaîne l'opération engagée par le gouvernement à Mayotte", s'est indigné de son côté le patron du PS Olivier Faure, appelant à "interrompre" les évacuations "avant le drame".
Renaissance, de son côté, "condamne avec la plus grande fermeté" ces propos. "Chacun doit mesurer la gravité de ces mots qui sont une incitation au meurtre et à la violence et peuvent donc à ce titre être sanctionnés par les lois de la République", continue le parti présidentiel qui précise que "contrairement à ce que certains médias ou personnalités ont pu indiquer, [il] n’était pas un adhérent à LAREM, ou à Renaissance".
« Il faut en tuer ! » Un élu LREM de Mayotte et vice-président du département appelle au meurtre, en direct, de jeunes comoriens lors de l’opération Wuambushu. Honteux. Voilà où conduit la politique de notre gouvernement. J’appelle à mettre un terme immédiat à cette opération. pic.twitter.com/JVB8sLeumX — Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) April 25, 2023
Le ministre délégué chargé des Outre-mer Jean-François Carenco a également rappelé à l'ordre le représentant départemental. "Je condamne absolument les propos de Salime Mdéré", a-t-il indiqué, également sur le réseau social. "Rétablir l'ordre et les principes fondamentaux doit se faire avec détermination, mais dans la sérénité : ces propos ne sont pas dignes de la République." "Je ne connais pas ces propos mais si ils sont tels que vous me les relatez, ils suscitent mon indignation", a aussi réagi le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, lors d'un point-presse à la Cour d'appel de Paris.
Le vice-président du conseil départemental a finalement rétropédalé mardi, indiquant que ses propos avaient "dépassé (s)a pensée" et en présentant "bien volontiers" ses excuses si ces derniers "ont pu heurter". Il s'est aussi dit "très attaché au respect de l'État de droit" et a rejeté toute "justice expéditive, qui conduirait Mayotte dans le chaos".
Plus tôt, au cours de l'entretien, Salime Mdéré avait dit espérer que l'opération "Wuambushu" ("reprise" en mahorais) "réussira", et qu'elle sera "maintenue sur le long terme". "Il ne faudrait pas qu'on expulse quelques centaines de personnes vivant de façon irrégulière à Mayotte et qu'ils reviennent le lendemain sur le territoire, ce n'est pas possible", avait-il notamment déclaré avant de poursuivre : "J'espère qu'on maintiendra le dispositif de façon à ce qu'ils ne reviennent pas. Ces délinquants, les ramener chez eux et les décourager à revenir. (...) Je persiste et je signe, il faut faire en sorte qu'ils aient peur".
Quelque 1800 policiers et gendarmes, dont des centaines de renforts de métropole, sont exceptionnellement mobilisés à Mayotte pour cette opération controversée.
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