Ouverture d'un centre de lutte contre les violences faites aux élus : que réclament-ils pour être mieux protégés ?

par J.F
Publié le 12 mai 2023 à 16h27

Source : JT 20h Semaine

Après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, les élus exigent un accompagnement de l'État à la hauteur des violences subies.
Ils réclament notamment une étude sur la réalité des agressions et l'aggravation des peines pour violences envers un élu.
Le gouvernement a annoncé ce vendredi l'ouverture prochaine d'un centre "d'analyse et de lutte contre les violences faites aux élus" la semaine prochaine.

L'État doit mieux protéger ses élus. C'est ce que pensent ces derniers et les associations qui les représentent, alors que les maires sont de plus en plus victimes d'agressions et que les démissions n'ont jamais été aussi nombreuses ces derniers mois. Jeudi, c'est l'édile de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), Yannick Morez, qui a suscité un flot de réactions de solidarité après l'annonce de son départ. Outre l'incendie de sa maison par des opposants à sa décision de transférer un centre d'accueil de demandeurs d'asile près d'une école, pour justifier son choix il a notamment mis en avant "le manque de soutien de l'État"

L'occasion de s'interroger : que réclament les élus aux autorités pour mieux les protéger des agressions dont ils sont victimes ?

Jeudi 11 mai, dénonçant "une énième manifestation de la violence à laquelle doivent de plus en plus faire face les élus", l'Association des maires de France (AMF) a réclamé en urgence des réponses "à la hauteur des enjeux". Son président, David Lisnard (LR), a dit souhaiter "une étude précise du phénomène des violences sur les élus, avec typologie des agressions, catégorie des élus, répartition géographique des agressions, réponse pénale, car il faut vraiment objectiver les choses". "Il faut regarder pourquoi les auteurs de pressions, d'intimidations et de violences qui vont jusqu'à incendier un domicile, mettant en péril la vie d'un élu et sa famille, ne font pas l'objet d'un traitement pénal plus sévère", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

Aggraver les peines pour violences envers un élu ?

Il réclame aussi la tenue "de vraies instructions judiciaires" et que les agressions contre les maires soient "considérées comme des agressions sur personnes dépositaires de l’autorité publique, comme les policiers et gendarmes". "Il faut également un travail global sur l’exercice du mandat. Nous voulons pouvoir décider. Nous ne voulons plus être entravés par l’État en permanence dans nos actions", a-t-il déclaré à Ouest-France.

Dans un communiqué, l'Association des petites villes de France "demande à la Première Ministre et au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, de mobiliser les Parquets et de s’assurer qu’une enquête systématique effective et approfondie est menée dans tous les cas où une plainte est déposée par un élu pour des faits subis dans l’exercice de ses fonctions".

Cartographier les violences et mieux prévenir

Ce vendredi, la ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, a annoncé le lancement, le mercredi 17 mai, d'un centre "d'analyse et de lutte contre les violences faites aux élus" qui sera installé dans les locaux du ministère de l'Intérieur. "L'idée, c'est de cartographier les violences (...) d'en comprendre l'origine pour pouvoir évidemment agir dans le domaine de la prévention", a-t-elle déclaré sur BFMTV, semblant donner satisfaction à une demande de l'AMF.

"On va donner des éléments régulièrement sur les analyses que nous portons et les actions de prévention que nous allons conduire dans les prochaines semaines, compte tenu de la montée de ces violences", a-t-elle ajouté. Selon son cabinet, le centre vise ainsi à "mieux prévenir les atteintes, mieux coordonner les actions (...) et à agir plus vite et mieux en renforçant la présence des forces de sécurité aux côtés des élus".

Aussi, parmi les pistes à l'étude pour enrayer le phénomène, Dominique Faure a cité la possibilité d'aggraver les peines à l'encontre de ceux qui agressent des élus, pour qu'elles deviennent "de même nature que quand on s'attaque à un gendarme ou un policier". Là encore, cela fait partie des revendications des élus.

Les faits de violence physique ou verbale contre les élus ont augmenté de 32% en 2022, selon le ministère de l'Intérieur.


J.F

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