Une enquête a été ouverte suite à la plainte de la militante écologiste Claire Monod, qui accuse Sandrine Rousseau d'"inscription indue sur les listes électorales" et de "parachutage".Cette dernière avait été investie pour candidater aux législatives dans la 9e circonscription de Paris, où elle a ensuite été élue, alors même qu'elle "vit, travaille et milite à Lille depuis les années 2000", selon la militante.
Plus d'un an après les élections législatives, l'affaire continue de secouer les Verts. Une enquête a été ouverte sur l'inscription sur les listes électorales à Paris de l'écologiste Sandrine Rousseau, ensuite investie pour les législatives de 2022 puis élue députée dans la 9e circonscription de la capitale, a indiqué lundi 10 juillet le parquet. Suite à la plainte de la militante Europe Écologie-Les Verts (EELV) Claire Monod, l'enquête a été ouverte début juin pour inscription indue sur une liste électorale par déclaration frauduleuse ou faux certificat et confiée à la Brigade de répression de la délinquance faite aux personnes, a-t-il précisé, confirmant une information de Paris Match.
Cette plainte avait été déposée mi-juin, accusant Sandrine Rousseau d'"inscription indue sur les listes électorales". La candidature de Claire Monod à l'investiture pour les législatives d'EELV en 2022 avait été rejetée au profit de celle de la finaliste à la primaire des Verts pour la présidentielle, alors que cette dernière "vit, travaille et milite à Lille depuis les années 2000", selon la plainte consultée par l'AFP. Claire Monod, battue aux législatives en 2017, bénéficiait pourtant, selon elle, du soutien des militants du XIIIe arrondissement de la capitale, où elle vit elle-même.
À ses yeux, Sandrine Rousseau a bénéficié d'un "parachutage jusqu'à la fraude", avait-elle affirmé à la presse. La plainte n'entraînera pas l'annulation de l'élection, mais a pour objectif notamment "de poser la question de la morale et de l'éthique personnelle", avait souligné mi-juin Me Jérôme Karsenti, avocat de Claire Monod.
"Ce n'était pas sa circo"
"Que la justice fasse son travail. C'est très bien", a réagi auprès de l'AFP Sandrine Rousseau, après l'annonce de l'ouverture d'une enquête. "Je répondrai à toutes les questions sans phare et sans langue de bois. Que cela suive son cours, aucun problème", a-t-elle répété au cours d'une interview diffusée sur Twitch, et intitulée Hugo au Perchoir. Claire Monod "n'était pas désignée" pour candidater dans cet arrondissement, "ce n'était pas sa circo (circonscription)", s'est-elle aussi défendue. Elle a par ailleurs estimé que "c'est une vision de la politique très particulière que de considérer que c'était son territoire", assurant toutefois ne pas être en "conflit" avec la militante écologiste.
"En tant qu'élue de la République, respectueuse de l'indépendance de la magistrature, notre cliente entend que le parquet puisse procéder à cette enquête dans les meilleures conditions", a précisé l'une de ses avocates, Elodie Tuaillon-Hibon. Elle a ajouté que la députée "(démentait) fermement les allégations malveillantes portées à son encontre" et "se met à la disposition de la justice et répondra dans ce cadre à toutes les questions qui lui seront posées". "Nous espérons que l'enquête sera rapide, afin que toute la lumière soit faite sur les conditions de l'élection de Sandrine Rousseau", a souligné de son côté Me Jérôme Karsenti.
"Feindre un ancrage dans le XIIIe arrondissement"
Selon le magazine d'investigation "Complément d'enquête" de France 2, Sandrine Rousseau a fourni à la mairie du XIIIe arrondissement une attestation d'assurance d'un logement dans lequel elle ne vivait pas le 1er mars 2022, trois jours avant la clôture des inscriptions sur les listes électorales et la validation des investitures par EELV. Ce document a été établi par une connaissance à sa demande, est-il précisé dans la plainte.
"Il y avait un projet de sous-location parce que c'était un appartement meublé" mais "finalement je me suis installée dans un appartement non meublé parce que la sous-location n'a pas été possible", s'est défendue Sandrine Rousseau dans l'émission. "Comme il y avait une clôture des listes électorales, j'ai misé sur cette sous-location, oui", a-t-elle reconnu.
Cette inscription lui a permis de "feindre un ancrage dans le XIIIe arrondissement" et d'être investie par les instances d'EELV, selon la plainte. Sandrine Rousseau avait fini par signer mi-avril un bail pour un studio situé dans cet arrondissement. Elle avait été élue avec 42% des voix dans sa circonscription.