Les Français face à la pénurie de carburants

Pénurie de carburants : le bras de fer entre le gouvernement et la CGT se poursuit

Publié le 13 octobre 2022 à 17h02
JT Perso

Source : TF1 Info

Depuis une semaine, gouvernement et CGT se renvoient la responsabilité des grèves qui paralysent raffineries et dépôts de carburants.
L'exécutif ne manque jamais une occasion de dénoncer l'irresponsabilité du syndicat, estimant qu'il mène des "grèves préventives" sans accepter de négocier.
La CGT, elle, considère que le gouvernement se range du côté des grands groupes pétroliers et bafoue les droits des salariés via les réquisitions.

"Que la CGT permette au pays de fonctionner", a enjoint le président de la République mercredi soir sur France 2. Il "joue les gros bras", lui a répondu ce jeudi matin le leader de la CGT Philippe Martinez. Depuis quelques jours, alors que les pénuries de carburant s'accentuent et que le mouvement de grève ne faiblit pas, l'exécutif ne manque jamais une occasion de pointer du doigt le rôle de la CGT. Qui le lui rend bien, notamment en menaçant de généraliser son action.

Depuis fin septembre, des grèves à l'initiative de la CGT paralysent le fonctionnement de raffineries et dépôts de carburant Esso-ExxonMobil et TotalEnergies. Des blocages qui provoquent des pénuries dans de nombreuses stations-services sur tout le territoire. Le syndicat a lancé son mouvement pour réclamer 10% d'augmentation sur les salaires de 2022. Mais chez TotalEnergies, aucunes négociations de salaires n'avaient alors été entamées, donnant au gouvernement son argument principal pour décrédibiliser le syndicat, l'accusant de "grèves préventives"

Poussée à négocier, la CGT avait fini par proposer des discussions sur les salaires dès ce lundi 10 octobre, alors que les responsables gouvernementaux avaient durant le week-end mis la pression sur les deux groupes pétroliers et les grévistes. Mais après des prises de contact peu concluantes entre directions et grévistes, la CGT avait décidé en début de semaine de reconduire le mouvement.

La CGT avait pourtant tenté d'appeler à l'aide l'exécutif, mais sans succès selon son secrétaire national. Philippe Martinez avait téléphoné à Elisabeth Borne vendredi "pour lui proposer une sortie de crise en négociant dans la branche", "mais je n'ai pas de nouvelles depuis vendredi soir". Lundi, le syndicat avait sollicité Matignon "pour que s'ouvrent immédiatement, dans les raffineries comme dans toutes les branches", des négociations sur les salaires. Mais à l'issue de la journée, la Première ministre avait indiqué que, faute de dialogue entre les deux parties, le gouvernement "prendr[ait] ses responsabilités".

Véran dénonce un comportement "excessif et anormal"

Le lendemain matin, faisant référence aux méthodes de la CGT chez TotalEnergies, le porte-parole du gouvernement taclait un comportement "excessif et anormal" de la CGT. De quoi alimenter les critiques de l'opposition et des syndicats qui estiment que l'exécutif se place plus du côté des grands groupes pétroliers que des salariés, dont il bafoue les droits.

Ce même jour, les déclarations de la Première ministre dans l'hémicycle leur donneront raison, cette dernière annonçant des réquisitions. La CGT a dénoncé une mesure "pas nécessaire et est illégale". En cas de réquisition, "on ira devant les tribunaux pour les faire annuler", a prévenu Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies, tandis que la CGT d'Esso-ExxonMobil a dénoncé "une remise en cause du droit de grève". Mercredi, à l'issue du Conseil des ministres, Olivier Véran en a remis une couche sur la CGT. "On agit avec tact et mesure en la matière, c'est-à-dire qu'on agit lorsque le dialogue social n'est pas respecté ou lorsqu'il était impossible", a-t-il déclaré, justifiant les réquisitions. Or, selon lui, la CGT "refuse toujours de s'inscrire dans le respect de ces règles élémentaires du dialogue social"

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Mais alors que le gouvernement est passé à l'offensive et que TotalEnergies a accepté pour la première fois de recevoir la CGT, le syndicat n'entend pas faiblir. Il a commencé à étendre son mouvement à d'autres secteurs et organisera mardi 18 octobre une journée de grève nationale. "Le fait de réquisitionner, ça a mis le feu aux poudres", a confirmé Philippe Martinez sur BFMTV ce jeudi matin. Selon lui, le gouvernement a "fait en sorte que la négociation ne puisse pas aboutir" car "ce n'est pas par la force qu'on apaise la situation"


Justine FAURE

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