DÉCRYPTAGE – Si le titre ("Je ne suis pas arrogant") a déjà beaucoup fait parler, l’entretien fleuve accordé par Emmanuel Macron à Der Spiegel, qui s’étale sur huit pages, vaut aussi le coup que l’on s’y attarde. Qui plus est à la veille de l’interview que le chef de l’État donnera dimanche soir sur TF1.
On le sait, l’heure est à la petite phrase, à la polémique qu’on agite pour déclencher d’autres petites phrases qui, à leur tour, en provoqueront d'autres. Le titre de l’entretien avec Emmanuel Macron, en double page dans Der Spiegel ce samedi, s’inscrit dans cette tendance. "Je ne suis pas arrogant, je dis et je fais ce que je veux", peut-on lire.
Sauf que la parole présidentielle, voulue rare dans les médias, s’étale sur 8 pages dans l’hebdomadaire allemand. Elle nous permet, à la veille de son interview dimanche soir sur TF1 et LCI, la première à la télévision depuis son élection, de déjà mieux comprendre la posture et la démarche actuelles du président de la République.
Der neue SPIEGEL ist da! Emmanuel Macron spricht über sein Projekt für Europa. Ab jetzt hier zum Download: https://t.co/IHtP9VNc7O pic.twitter.com/DuaAyM9ic2 — DER SPIEGEL (@DerSPIEGEL) October 13, 2017
Le choix de s’adresser d’abord aux Allemands, en soi, n’est pas anodin. Alors que la Chancelière, Angela Merkel, a dernièrement entamé une sorte de virage à gauche en envisageant une coalition gouvernementale avec les Verts et les centristes du FDP, Emmanuel Macron sent venir les critiques d’outre-Rhin et même d’éventuels obstacles pour les projets qu’il voudrait communs à la France et à l’Allemagne.
Il répond en assumant, pour sa part, une posture très à droite. Et en taclant… François Hollande : "Mon prédécesseur avait taxé les gens les plus riches et ceux qui réussissaient le plus comme jamais. Que s'est-il passé ? Ils sont partis. Et est-ce que le chômage a baissé ? Non."
Pour moi, la fonction présidentielle est d'abord symbolique. Pour cela nous avons besoin d'une forme d'héroïsme politique"
Emmanuel Macron
Une idée qu’il développe ensuite ainsi, non sans une pointe d'ironie : "Je ne cèderai pas au triste réflexe de la jalousie française. Parce que cette jalousie paralyse le pays. On ne peut pas créer d'emplois sans entrepreneurs. L'Etat ne peut pas créer des postes par ordonnance." C’est en président réformateur qu’Emmanuel Macron se présente. Il assure que cela implique une impopularité, au moins ponctuelle. "Certains voudraient me piquer comme un entomologiste le ferait avec un papillon et dire : regardez, c'est le banquier que l'on n'aime pas. Si c'était le cas, je ne serais pas ici", lâche-t-il.
Il insiste sur ce dernier point : "Je ne me prends pas pour un roi. Mais la fonction de Président n'est pas une fonction normale, on doit l'intégrer quand on l'occupe. Pour moi, la fonction n'est d'abord ni politique ni technique, elle est symbolique. (…) Pour cela nous avons besoin d'une forme d'héroïsme politique. Ce qui ne veut pas dire que je veux jouer les héros. Mais nous devons être prêts à nouveau à écrire l'Histoire." Un message qui s’adresse autant aux manifestants en France qu’à Angela Merkel elle-même, en désaccord avec Emmanuel Macron sur le fonctionnement que devrait avoir la zone euro. "A aucun moment, elle n'a cherché à ralentir mon zèle ou mon élan", se réjouit-il... Pour anticiper des divergences à venir ?
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