Philippe Poutou affirme que "la police tue", Gérald Darmanin porte plainte

Publié le 14 octobre 2021 à 16h06, mis à jour le 14 octobre 2021 à 16h41

Source : TF1 Info

RÉPERCUTIONS - Pour Gérald Darmanin, les propos de Philippe Poutou, qui a affirmé mercredi que "la police tue", sont "insultants" et "indignes". Il a annoncé ce jeudi porter plainte contre le candidat NPA à la présidentielle.

La plainte sera déposée pour "injure publique". Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé ce jeudi qu'il allait déposer plainte contre le candidat à la présidentielle Philippe Poutou (NPA), qui avait affirmé la veille qu'une "quinzaine de jeunes (étaient) tués par la police annuellement".

"Les propos de M. Poutou envers la police sont insultants et indignes d'un élu de la République. Au nom du ministère, et pour défendre l'honneur de tous les policiers, je dépose plainte", a indiqué Gérald Darmanin sur son compte Twitter.

Interviewé ce jeudi sur LCI, Denis Jacob, secrétaire général du syndicat alternative police CFDT, s'est dit "particulièrement en colère" contre la sortie de Philippe Poutou. "Je ne comprends pas qu’une telle personne, qui a la prétention de devenir président de la République, peut débiter autant de conneries en si peu de temps", lance-t-il, faisant part de son soutien à Gérald Darmanin dans la plainte déposée.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste, lui, dénonce dans un communiqué "une grossière opération d’intimidation qui vise à faire taire toutes celles et tous ceux qui dénoncent les violences policières et les crimes policiers". "Une fois de plus, le ministre de l’Intérieur cède aux pressions des syndicats de policiers, qui étaient montés au créneau quelques heures plus tôt pour dénoncer les propos de Philippe Poutou", estime le parti qui se défend comme tel : "affirmer que 'la police tue' n’est rien d’autre que relater des faits et dénoncer les crimes d’une institution — et non s’en prendre à chaque policier".

La police a tué et elle tue. Après, on peut discuter : assassinat, meurtre, accident ou bavure, ou légitime défense bien sûr.
Philippe Poutou, candidat NPA à la présidentielle

"La police tue, évidemment la police tue", a affirmé mercredi soir Philippe Poutou sur franceinfo. Et d'énumérer : "Steve (Maia Caniço) à Nantes, à Marseille pendant une 'manif' des Gilets jaunes une dame qui fermait ses volets, Rémi Fraisse il y a quelques années...".

Steve Maia Caniço, un animateur de 24 ans, a disparu après une opération policière destinée à faire cesser une soirée électro en bord de Loire dans la nuit du 21 au 22 juin 2019. Son corps a été retrouvé le 29 juillet. Un sous-préfet et un commissaire de police ont été mis en examen pour homicide involontaire dans ce dossier. À Marseille, début décembre 2018, Zineb Redouane, une Algérienne de 80 ans, est décédée après avoir été atteinte au visage par des éclats de grenade lacrymogène dans son appartement du 4e étage, lors d'une manifestation des "gilets jaunes". L'enquête, dépaysée à Lyon, est en cours. Rémi Fraisse, un jeune militant écologiste, a été tué par une grenade offensive en 2014 lors de violents affrontements sur le chantier du barrage controversé de Sivens (Tarn). La Cour de cassation a définitivement validé le 23 mars le non-lieu rendu en janvier 2018 en faveur du gendarme ayant lancé la grenade.

"Il faudrait voir les chiffres précisément, mais dans les quartiers populaires, c'est une quinzaine de jeunes qui sont tués par la police annuellement", a poursuivi Philippe Poutoux. "La police a tué et elle tue. Après, on peut discuter : assassinat, meurtre, accident ou bavure, ou légitime défense bien sûr", a ajouté Philippe Poutou.

La maire LFI de Cachan également sommée de s'expliquer sur les propos d'un adjoint par Gérald Darmanin

Le candidat à l'élection présidentielle, conseiller municipal de Bordeaux, était interrogé sur les violences policières à la suite de propos controversés d'un adjoint (LFI) à la mairie de Cachan (Val-de-Marne). "Je croyais que le but de la police, c'était de protéger la population, pas nécessairement de posséder des armes pour la tuer, parce que c'est ça la signification en bon français courant", a déclaré l'adjoint, Dominique Lanoë, lors du conseil municipal du 30 septembre.

Dans un communiqué diffusé mercredi, la ville de Cachan a dénoncé un "montage vidéo (...) altérant volontairement la réalité des propos et des faits de cette séance publique". "Des propos non maîtrisés ont été tenus" à la faveur d'un débat lancé par les "élus d'opposition sur l'armement de la police municipale", a-t-elle ajouté.

Gérald Darmanin a demandé mercredi soir à la maire PS de Cachan des explications sur ces propos "inacceptables". "Nous devons collectivement faire preuve d'intransigeance face à toutes les attaques portées contre les femmes et les hommes qui nous protègent", a écrit le ministre de l'Intérieur dans une lettre dont l'AFP a eu connaissance. 


La rédaction de TF1info

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