FERMETÉ - Invité ce jeudi sur LCI, le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune, a indiqué ne pas exclure d'éventuelles sanctions à l'encontre de la Pologne qui s'oppose à la suprématie absolue du droit communautaire européen.
"Ce n’est pas fromage et dessert", avertit ce jeudi sur LCI le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune, au sujet de la Pologne. "Quand vous ne respectez pas les règles, vous ne pouvez pas bénéficier des avantages de l’Europe. Les Britanniques ont essayé et on ne s’est pas laissés faire."
La Pologne est en conflit ouvert avec Bruxelles depuis plusieurs années pour les réformes judiciaires controversées mises en œuvre par le parti populiste de droite, Droit et Justice (PiS). Mais ce conflit a atteint son point culminant le 7 octobre, lorsque la plus haute juridiction polonaise a déclaré que certains articles du traité de l'Union européenne étaient "incompatibles" avec la Constitution polonaise. Depuis, l'exécutif européen, en tant que gardien des traités, prépare sa riposte. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, dénonce de son côté un "chantage" de l'UE envers son pays sur la primauté du droit européen.
Personne ne vous force à entrer dans l'Union Européenne. Vous pouvez même en sortir.
Clément Beaune, secrétaire d'État aux Affaires européennes
Le Premier ministre polonais "a tort" de dénoncer "un chantage", estime le secrétaire d'État aux Affaires européennes. "L'Europe est un choix souverain et collectif", rappelle-t-il. "Les traités européens sont des valeurs politiques qui protègent tous les européens. On les a choisis souverainement. En Pologne, cela s'est passé par référendum", ajoute Clément Beaune. "Personne ne vous force à entrer dans l'Union Européenne. Vous pouvez même en sortir, on l'a vu démocratiquement avec le Brexit."
Si Clément Beaune dit ne pas penser que la Pologne souhaite sortir de l'UE, il considère qu'elle "prend le risque, en n’appliquant pas les règles communes, de se mettre en dehors".
🔴🗣️ #UE / #Pologne : le Premier ministre polonais "a tort" de dénoncer "un chantage", "personne ne vous force à rentrer dans l'Europe, vous pouvez même en sortir, on l'a vu démocratiquement avec le #Brexit ", explique @CBeaune dans #LesMatinsLCI | @EliMartichoux . pic.twitter.com/LXKWzE5y6b — LCI (@LCI) October 21, 2021
Face à l'entêtement de la Pologne, Clément Beaune évoque de possibles sanctions. "Il faut d'abord poursuivre un dialogue politique, mais s'il n'aboutit pas in fine, il pourra y avoir des sanctions de différentes natures, y compris financières", dit-il en évoquant notamment la possibilité de ne pas verser la somme du plan de relance qui leur est due. "Il faut rappeler très fermement que ces règles ont été choisies et que si elles ne s'appliquent plus, alors il n'y a plus de projet européen."
À droite et à l'extrême droite, soutien affiché à la Pologne
Alors que le gouvernement fait bloc contre la Pologne, certains candidats à l'élection présidentielle ont rapidement voulu s'illustrer en faisant connaître leur soutien à la Pologne, à l'image de Marine Le Pen. Elle-même veut inscrire, dans la Constitution française, la primauté du droit national sur le droit européen et international, selon son projet de loi sur l'immigration qu'elle a présenté récemment.
À droite aussi, l'ancien négociateur du Brexit et candidat à l'investiture de LR Michel Barnier défend, à la stupéfaction de nombreux de ses anciens collègues à Bruxelles, la nécessité d'une "souveraineté juridique". Mais seulement en matière d'immigration, faisant valoir que "si on ne change rien, il y aura d'autres Brexit". Xavier Bertrand propose pour sa part d'introduire dans la Constitution "un mécanisme de sauvegarde des intérêts supérieurs de la France. Lorsque ceux-ci sont en jeu, la souveraineté populaire doit primer". Même son de cloche chez Eric Ciotti (LR), qui "appelle la France à modifier l’article 55 de la Constitution pour affirmer la primauté de la Constitution sur les décisions européennes". Le candidat et ex-ministre socialiste Arnaud Montebourg demande lui aussi "la supériorité de la loi française sur les décisions européennes".
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