Pourquoi l'Elysée a-t-il refusé l'accréditation de Gaspard Glanz à la conférence de presse d'Emmanuel Macron ?

Publié le 25 avril 2019 à 13h25
Pourquoi l'Elysée a-t-il refusé l'accréditation de Gaspard Glanz à la conférence de presse d'Emmanuel Macron ?
Source : CHRISTOPHE ENA / POOL / AP / AFP

FACT-CHECKING - Le site "Arrêt sur images" souhaitait accréditer son nouveau chroniqueur Gaspard Glanz à la conférence de presse du président de la République ce jeudi. Mais sa demande n'a pas été prise en compte par l'Elysée. Pour quelles raisons ? Les services de la présidence ont-ils vraiment agi de façon "fallacieuse" et arbitraire, comme le laisse entendre le site web ?

Le service de communication de l’Elysée a-t-il arbitrairement refusé l’accréditation de Gaspard Glanz pour le média Arrêt sur images ? Ce jeudi, à quelques heures de la conférence de presse du président de la République devant clôturer le Grand débat national, le média accuse la présidence de refuser la demande d’accréditation de son nouveau chroniqueur, arrêté samedi dernier lors d'une manifestation à Paris. 

Dans un tweet publié ce jeudi à 9h35, Arrêt sur images explique qu’il "vient d’accréditer (son) nouveau chroniqueur Gaspard Glanz pour couvrir la conférence de presse du chef de l’Etat. Il nous semble en effet particulièrement qualifié sur la question des libertés publiques. Nous vous tenons au courant." Trente minutes plus tard, le site explique que l’Elysée n’a pas répondu favorablement à cette demande. "Nous protestons solennellement contre le refus par l’Elysée d’accréditer notre nouveau chroniqueur Gaspard Glanz, sous un prétexte fallacieux, et appelons la présidence de la République à reconsidérer son refus. Cette conférence de presse doit être ouverte à TOUS les journalistes."

Une demande d'accréditation à faire avant le 24 avril à 10h

Sur son compte personnel, Daniel Schneidermann, directeur de la publication d'Arrêt sur images, explique que l’Elysée leur a signalé que la demande devait être faite avant mercredi 24 avril à 10 heures. C’est en effet ce qui est écrit dans le mail envoyé par le service de presse le vendredi 19 avril dernier aux journalistes inscrits dans leur liste de diffusion (capture d’écran ci-dessous). En aucun cas, comme le laisse sous-entendre Daniel Schneidermann dans ses tweets, l’Elysée envoie ces formulaires automatiquement à toutes les rédactions et tous les journalistes. C’est à eux d’en formuler la demande. Une fois celle-ci validée, ils reçoivent tous les communiqués de la présidence, et les mails d’accréditations aux conférences de presse ou déplacements du Président.

D’après le compte Twitter Taranis News, fondé par Gaspard Glanz, Daniel Schneidermann avait envoyé le mercredi 24 avril à l’Elysée un courrier lui demandant "de bien vouloir accréditer" Gaspard Glanz pour la conférence de presse d’Emmanuel Macron le 25 avril. Mais le courrier ne précise pas l’heure à laquelle il a été envoyé, et surtout il ne répond pas au dispositif d’accréditation en vigueur, qui consiste à s’accréditer en ligne, en cliquant sur un lien renvoyant vers un formulaire à remplir. Une fois la date limite dépassée, ce dernier n’est plus accessible. Et a piori il n’est pas possible de s’accréditer autrement, notamment via courrier.

Des dérogations pour les journalistes non-détenteurs de la carte de presse

Le directeur de la publication d’Arrêt sur images avance également que la demande d’accréditation "doit être accompagnée d’un scan de la carte de presse". Or Gaspard Glanz n’est pas titulaire de la carte de presse, non-obligatoire pour exercer le métier de journaliste. Mais selon le photojournaliste Julien Muguet, le scan de la carte de presse n’est pas à fournir dans le formulaire d’accréditation, et un courrier d’un rédacteur en chef ou d’une rédaction à l’Elysée suffit à faire accréditer un journaliste non-détenteur de la carte de presse.

Si mercredi dix-huit sociétés de journalistes ont apporté leur "plein soutien" au reporter Gaspard Glanz arrêté samedi pendant une manifestation de Gilets jaunes, ils ont été nombreux à dénoncer une volonté de polémiquer. "Il y a suffisamment de reproches à faire à la com’ de l’Elysée pour ne pas en inventer" a tweetée Geoffroy Clavel, responsable du service politique du Huffington Post. "Ne soyez pas de mauvaise foi, vous savez très bien comment cela fonctionne. Ou alors vous l’ignorez et c’est un tantinet alarmant pour quelqu’un de votre expérience" a répondu Julien Muguet à Daniel Schneidermann.

Conférence de presse d'Emmanuel Macron : qu'attendent les Français ?Source : JT 20h Semaine

Pour essayer de clore cette polémique, l’Elysée a expliqué sur Twitter en fin de matinée que "tout journaliste qui souhaite s’accréditer à un événement à l’Elysée doit 1/ respecter la date butoir d’accréditation ; 2/ disposer d’une carte de presse en cours de validité. Ces règles sont clairement indiquées sur le formulaire d’accréditation. Elles s’appliquent à tous."


Justine FAURE

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