Pourquoi la création d'un nouveau parti allié de la majorité par Edouard Philippe ne fait pas l'unanimité ?

J.F
Publié le 8 octobre 2021 à 13h46
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Source : Sept à huit

AMBITIONS - Edouard Philippe lancera ce samedi, au Havre, un parti politique allié de la majorité. Certains craignent que l'ancien Premier ministre utilise cette formation politique pour servir ses intérêts personnels en vue de 2027.

Il a beau avoir servi le président de la République et la majorité pendant trois ans, son initiative inspire la méfiance. Ce samedi 9 octobre, l'ancien Premier ministre lance au Havre un parti politique qui promet d'élargir vers la droite le socle de soutiens à Emmanuel Macron. "Si comme je l’espère, le président de la République est élu, il aura besoin demain d’une nouvelle majorité. Et moi je veux participer à la constitution de cette nouvelle majorité, de cette nouvelle offre politique. Ça me paraît indispensable", avait expliqué le maire du Havre le 13 septembre dans Sept à Huit

Mais pour certains alliés de la majorité qui œuvrent depuis le début du quinquennat, l'initiative a du mal à passer. Notamment chez le chef du groupe Agir, Olivier Becht, qui unit déjà des élus de droite et du centre droit. "Créer un mouvement est évidemment son droit. C’est même une bonne chose s’il parvient à accueillir des personnalités, notamment de l’UDI ou de LR, qui n’ont pas encore rejoint la majorité", reconnaissait-il dans un entretien à Libération daté du 6 octobre. "Mais s’il n’y arrive pas, il sera sur le même positionnement qu’Agir (...).  Avoir deux structures de même sensibilité qui font la même chose, ça n’a pas d’intérêt", estimait-il.

Alors que la majorité LaREM/MoDem/Agir travaille à la construction d'une "maison commune" en vue de la présidentielle de 2022, Olivier Becht indique qu'"Agir a vocation à travailler avec cette nouvelle offre politique", mais pas encore à se fondre dans ce nouveau parti. "Vous me posez une question à laquelle je ne peux pas répondre, car je ne sais pas encore ce que propose Edouard Philippe."

La peur d'une guerre pour la tête de la future majorité

Au sein des marcheurs également, ce nouveau venu parmi la majorité inquiète et agace. Certes, Edouard Philippe avait rassuré en garantissant "son soutien complet" à Emmanuel Macron et en mettant en avant sa "loyauté" et sa "cohérence" envers le chef de l'État. Mais certains le soupçonnent toujours de vouloir siphonner la majorité et capitaliser sur son dos, alors qu'il bénéficie d'une forte cote de popularité. Il pourrait aussi lorgner sur le leadership de la majorité. "Il va y avoir une guerre en 2022 pour voir qui prend la tête de la majorité", explique une députée LaREM citée par l’AFP. Et "tout le monde souffle un peu sur les braises, car 2022 sera la guerre de succession" à Emmanuel Macron.

Certains redoutent déjà le moment où, en vue des élections législatives, Edouard Philippe négociera des circonscriptions, même si un cadre de LaREM a assuré à l'AFP qu'"à aucun moment il n'est rentré dans cette épicerie-là". Aussi, comment s'allier sereinement avec l'ancien membre des Républicains, qui prône la retraite à 67 ans - une proposition qui n'est pas du tout partagée au sein de la majorité - et alerte sur la dette à l'heure du "quoi qu'il en coûte" ?

Edouard Philippe surveillé de près

En signe d'apaisement, LaREM compte envoyer une délégation de parlementaires au Havre samedi, "comme on peut le faire avec un parti frère", a indiqué le patron des députés de la majorité, Christophe Castaner. À elle, se sont greffés au moins une douzaine de députés. Parmi eux : la présidente déléguée, Aurore Bergé, et Marie Lebec, qui estime qu’il ne s’agit en aucun cas d'"une quelconque remise en cause de l’appartenance à LaREM mais la volonté de soutenir quelqu’un avec qui on a travaillé pendant trois ans".

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Toutefois, à l'avenir, les marcheurs garderont bien un œil sur Edouard Philippe et surveilleront de près ses intentions pour 2027. "En politique, il ne faut pas commettre d’erreurs de tempo", avait prévenu Christophe Castaner la semaine dernière. "Avant les élections législatives, il y a l’élection présidentielle" et "avant 2027, il y a 2022", avait-il déclaré, assurant ne pas dire "cela pour Edouard Philippe".  


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