ECLAIRAGE - Une pétition s'opposant au statut de Première dame pour Brigitte Macron a atteint ce lundi les 200.000 signatures. Pourquoi la question d'une officialisation de la fonction crispe-t-elle tant ? Parce qu'elle renvoie inconsciemment à des pratiques oubliées avec l'abolition des privilèges, selon Christelle Gris, docteure en sociologie.
Elle a déjà dépassé les 200.000 signatures. Lancée il y a quinze jours sur la plateforme Change.org, la pétition contre le statut de Première dame pour Brigitte Macron passionne les foules. A l'origine du mouvement de contestation, un certain Thierry Paul Valette, qui se présente comme un "artiste et citoyen engagé". Il estimait dimanche 6 août auprès de LCI : "Brigitte Macron n'a pas à occuper une place autre qu'honorifique".
Lui et ses signataires se dressent ainsi contre la volonté affichée par Emmanuel Macron de "clarifier" le statut de l'épouse du chef de l'Etat, et ce en lui confiant un rôle officiel. Le budget alloué aux services de la Première dame étant jusqu'à présent ponctionné sur celui de l'Elysée, il pourrait s'agir de lui donner bientôt accès à un budget qui lui soit propre, sans qu'elle soit pour autant rémunérée. Mais les contestataires sont formels : sur la question, ils demandent un référendum. Au fait, pourquoi cette question du rôle de la Première dame soulève-t-elle tant de passions et de résistances ?
Les femmes absentes du protocole
Pour le savoir, nous avons interrogé Christelle Gris, docteure en sociologie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, auteure d'une thèse sur "la contribution des conjointes d'élus à la carrière élective". Pour elle, cette réaction épidermique à la modification du statut de Première dame s'explique surtout par le prisme historique.
"Sous l'Ancien Régime, nous explique-t-elle, l'épouse du roi avait une fonction politique. Avec l'avènement de la République et l'abolition des privilèges, l'idée de donner un statut politique à une épouse est devenue inenvisageable. Les femmes ont donc, à ce moment-là, été exclues à double titre de la vie politique : d'abord parce qu'elle ne pouvaient pas être élues et ensuite parce qu'elles ne représentaient plus rien en tant qu'épouses. Et cela a duré sous toute la Troisième République." En témoignent, selon la docteure en sociologie, des documents du protocole de l'époque : les femmes étaient absentes jusque sur les plans de table des cérémonies.
Ni "femme politique", "ni potiche"
Puis, après la Seconde Guerre mondiale, la médiatisation de la vie politique et le droit de vote des femmes permettent aux épouses des dirigeants français de retrouver un statut officieux. "Avec cette grosse limite, reprend Christelle Gris, qu'on n'attend d'elles qu'une fonction de représentation. Elles occupent cette position intenable de devoir se montrer dans l'espace public, sans faire de politique et sans non plus passer pour une potiche."
Quoiqu'il en soit, toute tentative d'officialisation de leur statut rappelle à l'inconscient collectif un passé monarchique depuis longtemps révolu. "Pour beaucoup, cela signifierait revenir à ce qu'on a aboli auparavant." Reste que, selon la sociologue, allouer un budget propre à la Première dame - sans qu'il soit question de salaire - "n'aurait rien d'une démarche révolutionnaire" en soi. Quant au fait de savoir si la fronde contre le statut officiel de Brigitte Macron contient un soupçon de sexisme... l'affaire est pour l'heure difficile à tirer au clair. "Sur l'axe du genre, on manque de points de comparaison", reconnaît Christelle Gris. La réponse viendra en même temps qu'une Première dame... au masculin.
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