Présidentielle 2022 : à six mois du scrutin, faut-il croire les sondages ?

J.F
Publié le 6 octobre 2021 à 15h31, mis à jour le 6 octobre 2021 à 15h59

Source : TF1 Info

HISTOIRE - Alors que les sondages font d'Eric Zemmour un potentiel trouble-fête au duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, quels enseignements peut-on tirer des enquêtes réalisées à la même période, soit six mois avant l'élection, lors des précédentes présidentielles ?

L'histoire se répète. À six mois du premier tour de l'élection présidentielle, les sondages font la part belle à des candidats surprise, voire pas encore déclarés. Ce mercredi, un sondage Harris Interactive pour Challenges qualifie pour la première fois Éric Zemmour pour un duel hypothétique de second tour avec Emmanuel Macron. Le polémiste serait susceptible d'obtenir 17% des voix au premier tour, devançant Marine Le Pen (15%) dans l'hypothèse d'une candidature de Xavier Bertrand à droite (13%). 

Lundi, un sondage Ifop pour LCI et Le Figaro créditait Eric Zemmour de 12 à 15% des voix, même s'il le maintenait en troisième position derrière Marine Le Pen (18 à 21%) et Emmanuel Macron (24 à 27%). 

Mais à six mois de l'élection présidentielle, l'expérience montre qu'il faut regarder avec prudence ces enquêtes. Tout d'abord parce que l'offre politique est loin d'être arrêtée et tous les candidats connus. Aussi, les ratés ont déjà eu lieu dans le passé. En octobre 2001, le candidat souverainiste Jean-Pierre Chevènement, crédité jusqu'à 12% d'intentions de vote dans les sondages, avait été un temps présenté comme celui qui pouvait bousculer les pronostics, avant de terminer à 5,3%. 

En octobre 1994, les deux vedettes des sondages étaient Jacques Delors et Edouard Balladur (29 et 28%), très loin du troisième homme Jacques Chirac (14%), qui avait finalement été élu devant Lionel Jospin. 

Alain Juppé grand favori des sondages à six mois de la présidentielle 2017

A six mois de la présidentielle de 2017, une enquête Kantar Sofres réalisée du 21 au 23 octobre 2016 place Marine Le Pen et Alain Juppé en tête des intentions de vote au premier tour, avec 28%, alors que ce dernier n'est que candidat à la primaire de la droite et du centre (de laquelle il sortira perdant). Dans cette configuration, Emmanuel Macron n'est qu'à 14%. Dans un scénario où Nicolas Sarkozy serait le candidat de la droite et du centre, il recueille 20% des suffrages, Marine Le Pen 26% et Emmanuel Macron 15%. François Fillon, qui sera finalement le candidat LR, n'est même pas testé. 

Un sondage BVA publié le 21 octobre 2016 plaçait lui aussi Alain Juppé largement en tête des intentions de vote au premier tour (33%) devant Marine Le Pen (26%). Emmanuel Macron n'était que quatrième (11%), derrière Jean-Luc Mélenchon (12%). Idem, cet institut de sondage n'avait testé que l'ex-maire de Bordeaux et l'ancien président de la République, mais pas l'ancien député de la Sarthe. 

Dans ces deux enquêtes, le leader de La France insoumise ne recueillait qu'entre 12 et 13,5% des voix, alors que son score a été de 19,58% le 23 avril 2017 au soir du premier tour. Pour rappel, celui de François Fillon était de 20,01%, Marine Le Pen 21,3% et Emmanuel Macron 24,01%. 

"On mesure des choses fragiles"

"Attention, à six mois de la présidentielle, l'offre n'est pas encore stabilisée, notamment à droite, les électeurs sont encore peu intéressés, donc on mesure des choses fragiles", a indiqué à l'AFP Anne Jadot, spécialiste des études électorales à l'université de Lorraine. La politiste pointe aussi les possibles "effets pervers" des précautions désormais prises par les sondeurs qui, à l'instar de l'Ipsos, ne prennent en compte que les intentions de vote des personnes certaines d'aller voter, car cela crée un "filtre" pour des électeurs éloignés de la politique mais qui finiront peut-être par se déplacer en avril prochain.

"L’emballement des commentateurs sur les sondages actuels est déraisonnable. Les données à un instant T sont une chose, leur juste interprétation en est une autre. Celle-ci nécessite réflexion et culture politique", a également averti sur Twitter l'ancienne patronne de l'Ifop et du Medef Laurence Parisot.

Pour Anne Jadot, quelles que soient les interrogations sur le niveau de Zemmour, le principal enseignement des derniers sondages est en tout cas que "l'élection de 2022 est bien plus incertaine qu'on ne le disait il y a encore quelques mois, avec un seuil d'accès au second tour plus bas qu'en 2017, où ça s'était déjà joué à peu entre Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon"


J.F

Tout
TF1 Info