Présidentielle 2022 : le Covid-19 a-t-il influencé les programmes des candidats sur la santé ?

Publié le 7 février 2022 à 18h34, mis à jour le 8 février 2022 à 9h20
Le Palais de l'Elysée, le 26 février 2021.

Le Palais de l'Elysée, le 26 février 2021.

Source : Thomas COEX / POOL / AFP

Après deux ans de crise sanitaire, le Covid-19 a-t-il influencé les programmes des candidats à la présidentielle ?
Le terme apparaît dans la quasi totalité des propositions des candidats, à des degrés divers.
Fin des déserts médicaux, revalorisation salariale des personnels soignants ou "impôt Covid" y figurent notamment.

Depuis deux ans, le monde entier vit au rythme de la pandémie de Covid-19. La crise sanitaire a fortement perturbé le quinquennat d'Emmanuel Macron, poussant le chef de l'État à prendre des mesures inédites de restrictions de libertés et d'urgence dans les hôpitaux. Si, dans les premiers mois, la classe politique a fait preuve d'union nationale, elle s'écharpe depuis plusieurs semaines sur la vaccination, la mise en place des passes sanitaire et vaccinal ou les moyens d'améliorer les conditions de travail des personnels soignants et la prise en charge des malades à l'hôpital. Ont-ils intégré leurs réflexions à leurs programmes pour l'élection présidentielle ? Oui, en grande majorité, mais à des degrés divers.

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) est le seul, dans son très étayé et complet programme présidentiel, à avoir un chapitre entier consacré à "la vie en état de pandémie permanent". "Pour faire face à l’insécurité écologique due aux pandémies et aux conséquences du changement climatique", à l’inverse des états d’urgence restreignant les libertés individuelles et collectives, il faut "un état d’urgence sociale pour garantir la sécurité sociale des personnes et renforcer les liens d’entraide", écrit-il en introduction. 

Pour cela, le député des Bouches-du-Rhône propose d'augmenter le Smic et les minima sociaux, de réquisitionner les dividendes distribués pendant une crise sanitaire ou de repousser de deux ans le remboursement des prêts garantis par l’État. Il souhaite aussi abroger les lois sur l’état d’urgence sanitaire et le pass sanitaire, reconnaître les épidémies et pandémies au titre des catastrophes naturelles, interdire le dépôt de brevets sur les médicaments et les équipements nécessaires à une réponse sanitaire urgente, ou encore réquisitionner les entreprises indispensables à la production de matériel sanitaire. Celui qui veut retirer la dette Covid des comptes de la Sécurité sociale souhaite aussi rembourser à 100% les soins prescrits et intégrer les mutuelles dans la Sécurité sociale. Il se prononce pour rouvrir les services d’urgence, des maternités et des Ehpad pour assurer un service public à moins de 30 minutes de chaque Français.

Roussel pour un impôt Covid sur les sociétés

En plus d’un nouvel impôt sur les sociétés, le candidat communiste Fabien Roussel souhaite instaurer une contribution exceptionnelle sur les profits des grands groupes et des compagnies d’assurances, pour le financement des dépenses liées au Covid-19. En outre, il propose un grand plan de développement de l’hôpital public prévoyant la création de 100.000 emplois, la fin de la privatisation des hôpitaux et l’augmentation des hôpitaux de proximité, chaque bassin de vie devra disposer d’un établissement de santé à moins de 30 minutes de transport.

L'écologiste Yannick Jadot estime que "l’épidémie de Covid a confirmé la fragilité extrême de notre hôpital public et les fortes inégalités de santé dans notre pays",  et que "partout celles et ceux qui devraient avoir les moyens de prendre soin et de protéger subissent la pression de la technocratie, la rigueur budgétaire et le déclassement".  Pour y remédier, il souhaite faire de la santé environnementale une priorité, en finir avec les déserts médicaux, et lancer un plan d’urgence pour l’hôpital public en reprenant la dette, embauchant 100.000 infirmiers et infirmières et augmentant de 10% les salaires des soignants. Aussi, l'eurodéputé soutiendra l’annulation de la dette Covid des pays pauvres les plus endettés.

La socialiste Anne Hidalgo estime que la seule solution pour endiguer durablement le Covid-19 est la vaccination à l’échelle mondiale. Aussi, elle veut faire pression sur les laboratoires pour obtenir la levée temporaire des brevets sur les vaccins et encourager leur diffusion dans les pays en développement. À l’hôpital, elle veut mettre fin à "l’hôpital-entreprise" et à la "maîtrise comptable des dépenses de santé" qui l’ont affaibli. Christiane Taubira se prononce pour la création de 100.000 postes en 5 ans à l'hôpital public et une refonte des conditions d’installation et d’exercice des médecins.

Pécresse et Le Pen pour revaloriser les salaires des infirmières

À droite, Valérie Pécresse écrit dans son programme que "la crise du Covid a épuisé nos personnels soignants, et révélé au grand jour les failles de notre système de santé". La candidate des Républicains propose de recruter 25.000 soignants supplémentaires sur 5 ans à l’hôpital public. Elle veut, elle aussi, lutter contre les déserts médicaux, aider à l’installation de jeunes médecins et revaloriser les salaires des infirmiers et infirmières.

Enfin, la candidate du Rassemblement national constate, elle aussi, dans un livret de son programme dédié à la santé que "la crise sanitaire a révélé les insuffisances de notre système de soins et la vulnérabilité des patients souffrant de malades chroniques et de comorbidités". Marine Le Pen propose de recruter au moins 10.000 places dans les Instituts de formation en soins infirmiers et les centres de formation d’aides-soignants. Elle prévoit 2 milliards d’euros sur 5 ans pour revaloriser les salaires du personnel soignant exerçant à l’hôpital et d’augmenter de 10% le salaire des infirmiers. 

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Pour ne pas avoir un déséquilibre entre postes de santé et postes administratifs, elle souhaite limiter ces derniers à 10% dans les hôpitaux. Elle veut lutter contre les déserts médicaux en incitant financièrement les praticiens à s’y installer, en développant la télémédecine et en augmentant le nombre de maisons et de centres de santé.

Quant à Eric Zemmour, il ne fait pas mention du Covid-19 ou de la santé - si ce n'est pour évoquer la fraude sociale - dans son programme disponible sur son site internet. 


Justine FAURE

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