Invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro dimanche, le président du Rassemblement National Jordan Bardella a réagi au départ du sénateur RN Stéphane Ravier pour rallier Eric Zemmour.Un choix qu'il a condamné, sans paraître pour autant inquiet face à la défection d'une "dizaine d'élus sur les mille" toujours fidèles au RN.
Peu à peu, la liste s'allonge : après la nièce de Marine Le Pen Marion Maréchal-Le Pen, l'eurodéputé Gilbert Collard, ou encore l'attaché parlementaire Damien Rieu, l'unique sénateur RN Stéphane Ravier a décidé de rejoindre les rangs d'Eric Zemmour. Une annonce faite ce dimanche 13 février sur le plateau du Grand Rendez-Vous d'Europe1/CNews/Les Échos.
"Ce n'est pas un coup dur", a assuré le président du Rassemblement National et eurodéputé Jordan Bardella, invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro dimanche.
"Je déplore que cette élection présidentielle ressemble de plus en plus à la Fédération Française de Football (...) c'est un grand mercato", a-t-il critiqué, tout en tentant de relativiser ces départs en cascade pour rallier le camp du rival de la candidate du RN, des défections qui ne représentent qu'une "dizaine d'élus sur les mille que nous avons aujourd'hui", a-t-il répété. "Je trouve assez pathétique et pitoyable pour la France que de passer une élection à commenter un mercato de dix personnes", a-t-il poursuivi, assurant que "les Français sont à 10.000 km de ces petits débats", tandis que les deux camps d'extrême-droite ne cessent de s'étriller au fil des semaines de campagne.
Le président du Rassemblement National voit plutôt dans ces retournements politiques "une clarification sur le fond" : "Stéphane Ravier retrouve probablement chez Eric Zemmour le Front national d'il y a 20 ou 30 ans. (...) C'est une ligne plus brutale que celle du RN, dont on est sorti, car elle ne permet pas de gagner l'élection présidentielle", a-t-il lancé, tout en reconnaissant au FN d'avoir mis en évidence dans le débat public "le sujet fondamental" à ses yeux de l'immigration.
"Ils rejoignent un candidat qui n'a aucune chance de gagner au second tour"
L'eurodéputé RN a par ailleurs affirmé que Nicolas Bay, le porte-parole de campagne de Marine Le Pen, lui avait assuré par téléphone rester dans le parti et apporter son parrainage à la candidate RN, après avoir laissé planer le doute sur un éventuel soutien à Eric Zemmour. Ceux qui ont définitivement claqué la porte du parti "n'ont pas pris la peine de téléphoner", a-t-il déploré.
"C'est dommage pour eux (ceux qui ont quitté le RN, NDLR), car ils rejoignent un candidat qui n'a aucune chance de gagner au second tour, il est crédité à 35%", a-t-il ajouté. Le polémiste obtiendrait plutôt 39% des suffrages, contre 61% pour Emmanuel Macron, selon un sondage de l'Ifop-Fiducial pour LCI, Paris Match et Sud Radio le 11 février. Le président du RN a estimé parallèlement que Marine Le Pen était "la seule" en mesure de battre l'actuel président, donnée "à quasi-égalité". D'après ce même sondage LCI, Marine Le Pen est créditée de 45% des intentions de vote en cas de second tour face à Emmanuel Macron, talonnée par Valérie Pécresse qui remporterait 44% des suffrages.
Par ailleurs, Jordan Bardella a identifié parmi ceux qui ont rallié Eric Zemmour, "toujours le même profil" : "des amoureux du constat et de la confrontation", qui "préfèrent le confort de la contestation plutôt que d'assumer leurs responsabilités", a-t-il critiqué. Il a à ce propos attaqué le rival du RN, incapable de "rassembler largement" selon lui, ne faisant que redire "ce que dit Marine Le Pen depuis 20 ans" sur les sujets migratoires.
Interrogé sur son choix en cas de second tour opposant le polémiste d'extrême-droite et Emmanuel Macron, sur la possibilité d'une éventuelle alliance, Jordan Bardella a éludé la question et refusé d'imaginer un tel scénario. "Je n'ai pas d'adversaire du côté de ceux qui ont choisi la défense de la nation, mon adversaire, c'est Emmanuel Macron", a-t-il seulement glissé. Avant de s'en prendre à nouveau au chef du parti Reconquête : "Je déplore qu'Eric Zemmour soit plus virulent envers Marine Le Pen qu'Emmanuel Macron, cela commence franchement à devenir suspect. Il y a une entreprise de sabotage qui vise à tout faire pour empêcher Marine Le Pen d'accéder au second tour".