QUAND C'EST FLOU... - À un an de la présidentielle, Édouard Philippe entretient le flou sur ses ambitions politiques. De quoi faire peur à la majorité et aux Républicains, conscients que l'ancien Premier ministre, toujours très populaire, pourrait leur voler la vedette.
Mais à quoi joue Édouard Philippe ? Lui seul le sait. Alors qu’il sort ce mercredi 7 avril Impressions et lignes claires, un récit sur son expérience à Matignon co-écrit avec son ex-conseiller politique Gilles Boyer, l’ancien chef du gouvernement multiplie les déclarations ambiguës dans les médias sur ses ambitions politiques. De quoi jouer avec les nerfs de la majorité, mais également de son ancienne famille politique, à un an de l’élection présidentielle.
"J’ai été d’une loyauté que je crois absolue à l’égard du président de la République. Je l’ai dit, je le redis, je le réitère", a déclaré Edouard Philippe dimanche 4 avril sur France 2, en parlant du passé, au passé. Car aujourd’hui, le maire du Havre revendique également sa "liberté" vis-à-vis d’Emmanuel Macron. "Je veux me servir de cette liberté pour essayer de faire vivre un débat que je crois indispensable à mon pays", disait-il à Laurent Delahousse. Comprenne qui voudra. En attendant, les marcheurs s'inquiètent.
Ils savent trop bien que l'ancien chef du gouvernement pourrait faire en 2022 à Emmanuel Macron ce que ce dernier a lui-même fait à François Hollande en 2017 en se présentant à la présidentielle. Alors si certains sont convaincus qu'ils pourront compter sur le soutien de l'ancien Premier ministre en 2022, d'autres se méfient. Notamment parce qu'Édouard Philippe répète que son destin n'est pas lié à celui de la majorité, et que lorsqu'on lui demande s'il a bien prononcé la phrase suivante : "Je ne serai pas candidat sauf peut-être si Emmanuel Macron ne l’était pas", il répond : "je ne crois pas l’avoir dit, je ne suis pas sûr de l’avoir dit publiquement, peut-être…."
Le mieux placé dans les sondages
Ne pas dire qu'il sera candidat, mais ne pas dire qu'il ne le sera pas. Suffisant pour semer le trouble. Selon Édouard Philippe, le moment n'est pas venu de répondre à cette question. Pour son ex-conseiller et ami, le député européen Gilles Boyer, "si quelqu’un dit : ‘Je ne veux pas être président’, on ne l’écoute plus jamais, s’il dit qu’il veut l’être, on va le foutre à poil et regarder ses bulletins scolaires". Alors, il entretient le flou, pour se laisser du temps, tester sa popularité dans les sondages, prendre le temps de rencontrer élus de gauche et de droite, se positionner comme l'élément incontournable d'alliances ou coalitions.
"C’est sûr que s’il continue comme ça et s’avère mieux placé que Macron dans les sondages, ça peut vraiment nous embêter", avoue un conseiller ministériel cité dans Libération ce mercredi 7 avril. Car Édouard Philippe est populaire. Ce qui serait la cause de son limogeage par Emmanuel Macron en juillet dernier reste aujourd'hui encore son meilleur atout. Selon un baromètre Odoxa-Dentsu Consulting pour La Dépêche publié au début du mois, il est la personnalité politique préférée des Français, avec 45% d'adhésion. Dans un récent sondage Ifop, il recueille 56% d'opinions favorables, ce qui fait de lui la seule personnalité politique à franchir la barre des 50%.
En mars, BVA demandait aux Français qui ils souhaitaient voir avoir davantage d'influence dans la vie politique française : 41% se prononçaient pour Édouard Philippe (première place devant Nicolas Hulot). Un chiffre qui atteint 80% chez les marcheurs, et 64% chez les Républicains (là encore il est premier, devant Nicolas Sarkozy, François Baroin, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand).
Il divise chez les Républicains
Voilà pourquoi le maire du Havre fait également peur à droite. Celui qui n'est plus membre du parti pourrait faire voler en éclat les ambitions présidentielles des grands présidents de région comme Xavier Bertrand, qui s'est déjà déclaré candidat. Au sein du parti, la majorité estime qu'il s'est discrédité en devenant Premier ministre d'Emmanuel Macron, et qu'il n'est plus de droite. "Si j'ai du respect pour l'homme et la fonction qu'il a occupée, je n'ai aucune considération pour son bilan comme pour ses choix politiques", a déclaré le vice-président des Républicains Guillaume Peltier mardi 6 avril. "Son arrivée à Matignon fut enveloppée du sceau de la trahison à sa famille politique et à ses idées."
En revanche, d'autres le soutiennent. Dans Libération, Jean-François Copé confie : "Si vous regardez le tableau, c’est lui qui rassemble le plus à droite et à gauche. Des profils de ce genre, susceptibles de challenger Macron, il n’y en a pas trente-six…". Alors Édouard Philippe fera-t-il un coup à la Macron ? Réponse dans les prochains mois.
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