POLITIQUE - Toujours en berne dans les sondages, les candidats de gauche peinent à enclencher une dynamique en vue de l'élection présidentielle. Pour ne rien arranger, l'hypothèse d'une primaire populaire divise de plus en plus. On fait le point.
Une famille finalement encore plus fracturée ? Supposée faire l'unité entre les candidats de gauche en vue de la présidentielle 2022, la primaire populaire peine à faire l'unanimité. C'est même un euphémisme. Les deux principaux organisateurs de cette initiative citoyenne, Samuel Grzybowski et Mathilde Imer, ont pourtant déjà réuni 730.000 euros de dons. Mieux, la primaire populaire a franchi la barre des 250.000 inscrits au vote d'investiture qui aura lieu du 27 au 30 janvier.
Quatre des sept personnalités sélectionnées pour ce scrutin ont d'ailleurs déjà donné leur feu vert, affirmant qu'ils se plieraient à son résultat. Parmi elles, Pierre Larrouturou - eurodéputé fondateur de Nouvelle Donne -, Charlotte Marchandise - une ex-adjointe à la mairie de Rennes -, Anna Agueb Porterie - une militante écologiste - et surtout Christiane Taubira. L'ancienne garde des Sceaux dit "accepter les risques d'une investiture citoyenne". "La primaire crée les conditions pour désigner un ou une candidate légitime à représenter, à rassembler [...]. Ce n'est pas une logique d'élimination, c'est une logique de rassemblement".
Volte-face d'Anne Hidalgo
Pour autant, avant même le vote des militants, cette primaire semble avoir pris du plomb dans l'aile, plusieurs têtes d'affiche ayant décidé de se mettre en retrait, à commencer par Anne Hidalgo. Pendant un moment, la maire de Paris a souhaité y participer. Mais s'alignant sur le refus des insoumis et des écologistes, la candidate socialiste a finalement rejeté l’idée. Créditée de moins de 5% d'intentions de vote dans les derniers sondages, elle zappe donc la case primaire dans la course à l'Élysée. Une position qui ne fait pas l'unanimité au sein de son propre parti. "La candidate propose une primaire puis finalement renonce alors que la primaire populaire va avoir lieu. On a commencé à faire campagne pour cette primaire et maintenant on nous dit qu'elle n'y participe plus. On n'y comprend plus rien", se désole, auprès de BFMTV, un participant du bureau national du PS, organisé mardi dernier.
Une "tromperie", selon Yannick Jadot
Chez les écologistes, Yannick Jadot a également annoncé qu'il ne s'engagerait pas dans cette primaire citoyenne. "Je n'ai pas demandé à faire partie de cette primaire", débute-t-il de but-en-blanc sur le plateau du Grand Jury dimanche dernier, soulignant qu'il avait déjà demandé plusieurs fois que son nom soit retiré de la liste des candidats de gauche à l'investiture. "Il y a une forme de tromperie vis-à-vis des gens qui payent parfois pour participer à ce scrutin, en faisant croire que finalement, les personnes qui sont sur la liste pourraient accepter le résultat de ce vote", estime encore le député européen. "Il n'y a pas de débat. Au fond, c'est un sondage sur un corps électoral très particulier", conclut-il.
Même son de cloche du côté de la France Insoumise. "Battez-vous entre vous et laissez-moi tranquille", s'est agacé Jean-Luc Mélenchon. Le parlementaire a ajouté qu'il entendait faire "la guerre pour le climat" et non "la guéguerre avec la vieille gauche ou au sein de la vieille gauche" qui, selon lui, "n'a toujours pas fait l'inventaire du quinquennat Hollande".
Pas invité par les organisateurs de la primaire populaire, Fabien Roussel (PCF) n'en a pas moins égratigné l'initiative. Lors de la présentation de son programme lundi, l'élu considère ses idées "plus enthousiasmantes que la primaire à laquelle nous assistons". "Une partie de la gauche et des écologistes est vraiment coupée du peuple et d’une majorité des Français", fustige-t-il, soulignant notamment ses différences marquées avec la plupart des candidats de gauche sur la question du nucléaire.
Grzybowski veut "bloquer les parrainages"
Face à ce scepticisme, les organisateurs de la primaire n'ont toutefois pas dit leur dernier mot, en attestent les noms toujours présents de Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot parmi la liste finale des candidats. "On espère voir EELV, LFI et le PS" aux auditions des candidats ou de leurs représentants par les inscrits organisées les 19 et 20 janvier prochains, ont d'ailleurs confirmé Samuel Grzybowski et Mathilde Imer. "85 % des électeurs de gauche veulent le rassemblement pour gagner. Aujourd’hui, les gens sont dégoûtés par les comportements de pouvoir", explique le premier. "Nous avons proposé [aux candidats] de s’organiser pour se rassembler. Ils n’ont pas voulu le faire. Donc, c’est nous qui allons décider autour de qui est ce que l’on va construire ce rassemblement", martèle-t-il. Dans une vidéo, l'entrepreneur a même été plus loin, affirmant qu'il voulait "empêcher" les trois candidats dissidents "d'avoir les 500 signatures" nécessaires pour se présenter à la présidentielle. L'objectif est de "bloquer les parrainages", ajoute-t-il.
Un fonctionnement inédit... qui s'impose aux candidats
La primaire populaire, organisée en ligne, revendique un fonctionnement inédit. Le scrutin se déroulera en un seul tour et au jugement majoritaire. Concrètement, il n'imposera pas de choisir parmi les différents prétendants mais d'évaluer chacun d'entre eux en leur attribuant une mention, de type "excellent", "bien", "passable", "insuffisant" et "à rejeter". Le candidat qui obtiendra la meilleure mention majoritaire, c'est-à-dire la mention correspondant au choix d'au moins 50% des votants, sera désigné vainqueur.
Ce mécanisme de départage "est une manière de leur [aux candidats sceptiques, ndlr] tordre le bras : ils n’en veulent pas et on les présente quand même", analyse dans les colonnes de Ouest France Rémi Lefebvre, professeur à l’Université de Lille. "C’est une manière de s’imposer, de dire que de toute façon, il y a un bras de fer entre la société civile de gauche portée par la Primaire populaire et les partis politiques traditionnels", explique-t-il encore.
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