Près de 500 ONG appellent à défiler pour le climat, ce samedi 12 mars. A Paris, Anne Hidalgo et Yannick Jadot prendront part au cortège.A un mois du premier tour, tous souhaitent imposer le sujet, grand absent de la campagne présidentielle, dans le débat.
Se revendiquer candidat de l'écologie ne paye pas. Depuis le début de la campagne présidentielle, Anne Hidalgo et Yannick Jadot se disputent cette étiquette et l'électorat qui va avec. Mais force est de constater que l'efficacité est limitée, la socialiste et l'écologiste étant crédités respectivement de 2% et 6% d'intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle dans le dernier sondage Ifop-Fiducial pour TF1info. À gauche, ils sont largement distancés par Jean-Luc Mélenchon (10,5%), qui se revendique également écologiste mais a beaucoup moins misé sur cet argument.
Mais comment être audible quand la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, la prépondérance des thématiques liées à la sécurité ou à l'immigration dans les débats, ont relayé au second plan vos sujets de prédilection, ce qui est censé être votre atout principal par rapport à vos adversaires ? En participant à la marche pour le climat, ce samedi 12 mars à Paris, Yannick Jadot et Anne Hidalgo espèrent, avec les 500 ONG qui appellent à manifester, remettre sur le devant de la scène l'urgence à lutter contre le réchauffement climatique et à sortir de notre dépendance aux énergies fossiles.
Selon un baromètre réalisé chaque semaine par l’institut de sondage Onclusive, la place accordée par les médias à l'environnement dans la campagne a été de 1,5% la semaine du 28 février au 6 mars succédant au début de la guerre en Ukraine. La semaine précédente, ce pourcentage était de 2,8%, et de 2,7% la semaine du 8 au 13 février. "Avant même le déclenchement du conflit en Ukraine, on faisait déjà ce constat que l’environnement était complètement délaissé dans cette campagne présidentielle", regrette auprès de 20Minutes Marie Cohuet, porte-parole d’Alternatiba. "L’idée n’est pas de faire des hiérarchies entre ces actualités terribles. Mais elle est de souligner que notre avenir dépend autant des tensions géopolitiques mondiales qui ont lieu en ce moment que des politiques climatiques qui sont mises en place dès à présent", ajoute-t-elle.
L'environnement dans le trio de tête des préoccupations des Français
Le 17 février, "L’affaire du siècle", initiative soutenue par une centaine de personnalités et d’organisations, avait publié une tribune dans Le Monde enjoignant de mettre le changement climatique au coeur de la campagne présidentielle. "Trop de candidats à la magistrature suprême esquivent le sujet. Trop de fois ce thème est absent des discours et des interviews. Où sont leurs réponses ? Comment peut-on prétendre défendre l’Etat de droit sans dire comment l’on compte sortir la France de l’illégalité climatique ?", écrivaient les signataires.
Une absence paradoxale quand on sait que le réchauffement climatique arrive très haut dans les préoccupations des Français. Dans une étude Ipsos publiée le 5 mars, l'environnement se situe dans le trio de tête des sujets qui compteront dans leur choix en vue du premier tour de l'élection présidentielle, à 28%, derrière la guerre en Ukraine (33%) et le pouvoir d'achat (52%).
Aussi, Yannick Jadot n'a pas totalement baissé les bras. La semaine dernière en marge d'un rassemblement pour l'Ukraine, l'écologiste refusait de croire que toute la campagne était "écrasée" par l'actualité internationale. "On va tout faire pour que nos idées soient exposées et comprises", avait-il déclaré. "Notre projet écologiste apporte des réponses structurelles et conjoncturelles, surtout dans le moment historique que l'on vit, avec le chaos climatique, la guerre de l'énergie, toutes ces crises brutales", avait défendu le député européen, estimant qu'en se représentant Emmanuel Macron ne proposait rien de mieux qu'un "statu quo en pire. Il veut refaire du nucléaire, une agriculture encore plus productiviste, plus d'OGM et moins de paysans".