Alors qu'Emmanuel Macron voit l'écart avec la candidate du RN se resserrer dans les sondages, ses soutiens mettent en garde contre une possible "catastrophe".Marine Le Pen fustige de son côté "la stratégie complètement éculée de la diabolisation".Les autres candidats reprochent quant à eux au président sortant de s'inquiéter d'une percée dont il aurait été le propre artisan.
Lors de son discours de victoire au Louvre, juste après remporté l'élection présidentielle de 2017 contre Marine Le Pen avec 66% des suffrages, Emmanuel Macron avait promis de tout faire pour que les Français "n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes". À dix jours d'un nouveau scrutin, les sondages donnent pourtant encore deuxième le Rassemblement National, qui ressert l'écart avec le président sortant. Favori dans les sondages depuis plusieurs mois, conforté par une forte progression au moment du déclenchement du conflit ukrainien, il voit ces derniers jours la perspective de sa réélection mise en doute.
Après avoir grimpé à 35% d'intentions de vote début mars, il plafonne désormais aux alentours de 28% selon notre dernière enquête d'opinion, tandis que Marine Le Pen grimpe à 21%. Dans le scénario d'un second tour face à la candidate du RN, le président-candidat l'emporterait certes, mais avec une courte avance : 54% des voix, ce qui signe un record historique pour l'extrême-droite dans un sondage. Une victoire de la députée du Pas-de-Calais n'est dorénavant plus à exclure selon la macronie, qui brandit de plus en plus cette menace pour remobiliser son électorat, dans une campagne éclipsée par la guerre en Ukraine mais aussi fragilisée par la polémique autour du cabinet de conseil McKinsey.
"Il y a un tandem d'extrême droite, que je combats", a lancé Emmanuel Macron jeudi, alors en campagne à Fouras, en Charente-Maritime, ciblant au passage le candidat de Reconquête, Eric Zemmour, crédité autour de 11,5% dans les sondages. "Il y a vingt ans, les médias que vous étiez disaient 'c'est terrible, front républicain'. Les forces politiques républicaines disaient 'jamais'. Il n'y a plus cette réaction-là", a-t-il attaqué, estimant que les idées des deux candidats ont été "banalisées".
Les ministres en campagne sur les terres électorales de Marine Le Pen
"Bien sûr, Marine Le Pen peut gagner" et "son programme est dangereux", a appuyé le même jour Edouard Philippe, soutien d'Emmanuel Macron, dans les colonnes du Parisien. L'ancien Premier ministre a notamment estimé que la candidate avait profité de la radicalité de la candidature d'Eric Zemmour, qui semblait "l'adoucir par comparaison". Des propos en écho avec l'appel à la prudence qu'il avait lancé une semaine plus tôt aux macronistes, affirmant que "rien n'est joué".
Pour riposter, l'actuel chef de l'État envoie ses émissaires sur les terres électorales de sa concurrente. Ce vendredi matin, son Premier ministre Jean Castex était en déplacement à Carpentras, dans le Vaucluse, où il a affirmé que la présidentielle "n’est pas jouée" et "tout le monde doit se mobiliser", craignant une élection "catastrophe" de la prétendante d'extrême-droite. "Elle fait croire qu’elle a changé, qu’elle est devenue plus souple, plus centriste presque, mais c’est de l’imposture. Elle n’a pas changé", a-t-il jugé.
Gérald Darmanin, ancien maire de Tourcoing, tente aussi d'engager la bataille dans le département qu'il connaît, celui du Nord, en se rendant par exemple à Chereng ce vendredi. La semaine passée, le ministre de l'Intérieur partageait aussi ses craintes sur France 5, déclarant que "Marine Le Pen est dangereuse pour le président la République" et qu'elle "peut gagner". Il appelait son propre camp à marcher sur les plates-bandes de la candidate RN, en visant un électorat populaire.
Pour les autres candidats, le camp Macron est responsable du succès de Le Pen
La principale intéressée a affirmé de son côté sur LCI ce vendredi qu'un "face-à-face" avec le président-sortant serait "naturel", portée par "un espoir qui s'est levé en cette fin de campagne" selon elle. Marine Le Pen a tancé la "fébrilité" de son adversaire à ses yeux, critiquant une "pauvreté de l’argumentation". "Il n'a pas d’argument plus performant que cette vielle ritournelle de l’extrême droite, cette vieille stratégie complètement éculée de la diabolisation, c’est très vieux monde", a attaqué la candidate.
Quant aux autres prétendants à l'Élysée, ils estiment pour leur part que le camp Macron a une responsabilité dans la percée de cette dernière. "Quand on joue avec le feu, qu'on fait en sorte que le paysage politique, totalement explosé, soit un paysage dans lequel il n'y aurait plus qu'un candidat qui serait, soi-disant, celui d'une forme de raison, et en face l'extrême droite, en effet, tout est possible", a fustigé sur LCI ce vendredi la candidate socialiste Anne Hidalgo.
Un refrain repris par ses concurrents insoumis. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon Adrien Quatennens a jugé sur Public Sénat que "ces gens-là participent à la progression de l’extrême droite dans notre pays, à force de casser l'État social, notre modèle de protection sociale". À droite également, Valérie Pécresse a accusé jeudi sur LCI Emmanuel Macron de chercher à "installer depuis le début" un face-à-face avec Marine Le Pen. "Son plan a été de dédiaboliser les extrêmes pour se retrouver face à eux, car c'est son assurance victoire", a assuré la candidate des Républicains.
Jeudi, le président-candidat s'est défendu de toute responsabilité et a affirmé, depuis Fouras, n'avoir "jamais banalisé le Front National", citant volontairement l'ancien nom du Rassemblement National, comme pour montrer qu'il n'avait pas évolué depuis l'époque de Jean-Marie Le Pen.
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